Congrès des élu·e·s : trois voix pour l’avenir institutionnel de la Martinique
À quelques semaines du Congrès des élu·e·s, trois figures martiniquaises – Sandra Casanova, José Mirande et Emmanuel de Reynal – ont récemment pris la plume ou la parole pour défendre leur vision de l’avenir institutionnel du territoire. Trois lignes de force se dessinent : l’audace normative, la voie de la maturité et le consensus sociétal.
L’audace pragmatique de Sandra Casanova

Dans une tribune publiée le 4 septembre, Sandra Casanova, conseillère exécutive de la CTM en charge du développement économique, plaide pour dépasser l’opposition classique entre statu quo (article 73) et autonomie (article 74). Elle propose une alternative : « l’impuissance institutionnelle » face aux blocages du cadre actuel, ou « l’audace pragmatique », c’est-à-dire un pouvoir normatif renforcé pour adapter les lois aux réalités martiniquaises.
Sa perspective est résolument économique : fiscalité incitative, autonomie alimentaire, logistique régionale, transition écologique. Elle refuse le discours de rupture avec la République et appelle à un leadership transformationnel capable de dépasser les clivages partisans. Une ligne qui reflète la stratégie de Serge Letchimy, visant un « article 73-1 » pragmatique, sans franchir le pas de l’autonomie institutionnelle.
La voie de la maturité selon José Mirande

Dans une intervention relayée par Antilla-Martinique le 12 août, José Mirande, maire du Marin et conseiller territorial, appelle à une « voie de la maturité et de la responsabilité ». Ni statu quo ni rupture, mais une ligne médiane fondée sur trois principes : respect mutuel, autonomie de décision, alliance intelligente avec la France et ouverture vers la Caraïbe.
Il insiste sur l’incapacité des « outils standards de la République » à répondre aux défis locaux : déclin démographique, exode des jeunes, dépendance alimentaire. Mais il refuse toute précipitation et exige un processus démocratique transparent : « Nous avons hérité d’un statut. Mais nous pouvons écrire un destin. »
Emmanuel de Reynal : le consensus sociétal avant tout

Moins focalisé sur la mécanique institutionnelle, Emmanuel de Reynal, entrepreneur et communicant, insiste sur l’urgence d’un consensus sociétal. Ses interventions publiques rappellent que sans confiance collective et leadership partagé, aucune réforme statutaire ne sera crédible.
Il appelle à dépasser les clivages politiques et syndicaux, à restaurer la confiance entre élus et population, et à bâtir une vision commune de développement. Pour lui, l’avenir de la Martinique se jouera autant dans la capacité à inspirer et fédérer que dans les articles constitutionnels.
Ces prises de parole révèlent trois angles complémentaires :
Sandra Casanova met en avant l’outil juridique et normatif.
José Mirande défend une autonomie de responsabilité fondée sur la maturité politique.
Emmanuel De Reynal réclame une cohésion sociétale préalable. Et surtout que les élus rétablissent une relation “honnête ” avec l’État.
En réalité, ces visions ne s’excluent pas. Leur articulation pourrait offrir une feuille de route au Congrès : un cadre juridique adapté, une gouvernance clarifiée dans le cadre de ses compétences et une confiance citoyenne restaurée.
Gérard Dorwling-Carter




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