Comment faire rester ou faire revenir la jeunesse en Martinique ? Action logement a dégotté un nouvel outil. Un prêt à hauteur de 50 000 euros à 0% ou presque. Déjà mise en branle, l’opération compte 100 dossiers validés sur les 500 prêts immobilier qui seront accordés. Afin de célébrer ce chiffre rond et de signer une convention, le Crédit agricole et Action logement se sont réunis vendredi dans les locaux de l’établissement bancaire à Fort-de- France.
Action logement et le Crédit agricole ont fêté le centième prêt jeune actif vendredi au siège foyalais de la banque. « Face au vieillissement de la population accéléré sur notre territoire, le Crédit agricole en tant qu’acteur majeur du développement économique du territoire a pour objectif de contribuer à trouver et apporter des solutions pour renforcer l’attractivité de la Martinique pour sa jeunesse », explique Thibault Reversé, directeur général du Crédit agricole. Ce prêt immobilier vise à réduire les barrières de l’accès à a propriété des jeunes actifs résidant en Martinique à travers Action logement, l’Etat et la banque.
« On a besoin des ressources d’Action logement et de la banque pour coordonner et monter les dossiers »
Ce partenariat doit constituer un levier de croissance et créer de la valeur pour les acteurs du logement.
En effet, l’Insee indique qu’au 1er janvier 2025, la population de la Martinique est estimée à 355 500 habitants. Or, le recul démographique se poursuit et la région perd 0,7 % de sa population en moyenne par an sur la dernière décennie. En dix ans, l’île a perdu 25 400 habitants soit l’équivalent des communes de Schœlcher et du Diamant réunies.
Ainsi, depuis la fin du mois de juin 2024, une convention a été mise en place avec l’Etat et la CTM. Le groupe Action logement apporte un prêt de 50 000 euros à taux presque zéro (0,5%) sur une durée de 25 ans aux jeunes de moins de 40 ans qu’ils travaillent dans le domaine public ou privé. Cela, sans conditions de ressources. Le prêt est garanti par l’Etat.
« Aujourd’hui, nous avons complété cette offre avec un partenariat non exclusif avec le Crédit agricole afin qu’ils apportent d’autres solutions en complément de ces 50 000 euros. Le tout dans l’objectif de faciliter l’accès à des primo accédants de moins de 40 ans »
, indique Olivier Ricot, directeur général d’Action logement services. L’offre est limitée à 500 dossiers sur 3 ans. Action logement a mis en place un budget de 25 millions d’euros pour lesquels 5 millions d’euros ont été entamé depuis le début de l’opération. Il s’agit d’un dispositif unique en France.
« A nous de prouver qu’il fonctionne afin de voir s’il peut être dupliqué dans d’autres territoires. »
L’objectif avoué de cette opération est de lutter contre le vieillissement de la population et de renforcer un ancrage durable des jeunes en Martinique ou d’encourager le retour au pays. « Cette convention avec le Crédit agricole est le fruit d’une synergie exceptionnelle entre les différentes parties. »

La signature de cette convention et l’octroi du 100e prêt représentent « un moment de concrétisation des efforts des équipes d’Action logement d’une part mais aussi celles du Crédit agricole », ajoute Olivier Ricot. Ce dernier précise que les Drom sont un enjeu d’une importance vitale pour le groupe paritaire qu’est Action logement.
« Fêter ce 100e prêt montre la réussite de ce dispositif. C’est tous ensemble qu’on arrive à faire cohésion»
, explique Nadia Bouyer, directrice général Action logement groupe qui se dit très fier du travail effectuée. Et ce 100e dossier s’avère être celui de Jérémy Thomin. Le jeune foyalais bénéficie du coup de pouce d’action logement avec ce prêt à 0,5%. Une économie qu’il estime à plusieurs dizaines d’euros par mois. « Au détour d’une pub, j’ai vu ce mécanisme que je trouvais intéressant. » Il souligne aussi les délais courts qui permettent d’être réactif sur des offres d’achat.
Pour le préfet, Etienne Desplanques, il faut apporter des solutions à ces jeunes qui quittent le territoire. « Selon l’Insee, 2500 personnes par an reviennent en Martinique. Des jeunes reviennent réellement. Seulement, il faut savoir les écouter. Cette politique d’incitation au retour mise en place est innovante », conclut-il.
Laurianne Nomel