Au cours des cent dernières années, la Martinique a connu une série de projets majeurs qui ont profondément marqué son développement économique, social, culturel et environnemental. De la départementalisation de 1946 à l’inscription des volcans et forêts du Nord au Patrimoine mondial de l’UNESCO, en passant par la modernisation de ses infrastructures, la valorisation de son patrimoine et la protection de ses écosystèmes, chaque initiative raconte un chapitre de notre histoire. À travers 30 réalisations emblématiques, classées par secteur et par ordre chronologique, se dessine le portrait d’une Martinique cherchant à concilier modernité, identité et durabilité.
Commerce & Industrie
- 1969 – Création de la raffinerie SARA (Lamentin) : Mise en service de la Société Anonyme de Raffinerie des Antilles pour transformer et stocker des hydrocarbures. Ce projet d’industrialisation visait à sécuriser l’approvisionnement en carburants de la Martinique et de la région antillaise, réduisant la dépendance aux importations directes. Son impact a été majeur sur l’autonomie énergétique et l’économie locale, en créant des emplois industriels et en fournissant du carburant à prix stabilisé.
- 1984 – Centrale thermique de Bellefontaine : Ouverture de la grande centrale électrique du nord Caraïbe, qui a fourni pendant plus de 30 ans la majorité de l’électricité de l’île . Née pour répondre à la croissance de la demande d’énergie, cette centrale au fioul a permis l’industrialisation et l’électrification massive du territoire. Son exploitation a accompagné le développement économique martiniquais d’après-guerre, malgré les enjeux environnementaux liés aux énergies fossiles.
- 1996 – Appellation d’origine contrôlée du rhum de Martinique : La Martinique obtient en 1996 une AOC pour son rhum agricole, seule eau-de-vie de canne au monde dotée de ce label. Ce projet, initié par les producteurs et soutenu par les autorités, visait à protéger l’authenticité du rhum traditionnel martiniquais et à valoriser un savoir-faire local. L’AOC a renforcé la réputation internationale du rhum de Martinique, stimulant les exportations et l’œnotourisme, tout en sauvegardant la qualité et les méthodes de production locales.
- 2006 – Technopole Martinique et pépinière d’entreprises : Lancement d’une technopole soutenue par la CACEM pour encourager l’innovation et la diversification économique. En octobre 2006, la pépinière d’entreprises Chrysalia est inaugurée comme première pierre de l’écosystème technopolitain, offrant accompagnement et locaux aux porteurs de projets innovants. L’initiative avait pour objectif de réduire la dépendance aux secteurs traditionnels (agriculture, tourisme) en développant un tissu d’entreprises technologiques. Son impact se mesure à l’émergence de startups locales et à la structuration d’un réseau d’innovation en Martinique.
- 2014 – Nouvelle centrale EDF de Bellefontaine : Inaugurée en 2014 à côté de l’ancienne, la centrale thermique B de Bellefontaine est l’un des plus gros chantiers jamais réalisés sur l’île . Ce projet de 450 M€ sur 5 ans visait à remplacer l’ancienne centrale par une installation plus puissante (220 MW) et plus efficace, pour sécuriser l’alimentation électrique jusqu’aux années 2040. Dotée de technologies modernes réduisant de 15 % la consommation de combustible et les émissions, cette centrale illustre la volonté d’assurer la transition énergétique locale tout en répondant à la croissance des besoins en électricité . Elle a un impact stratégique en garantissant l’autonomie électrique de la Martinique et en améliorant la performance environnementale de la production d’énergie.
Tourisme
- 1969 – Ouverture du Club Med « Les Boucaniers » (Sainte-Anne) : Inauguration du premier village vacances Club Méditerranée en Martinique, installé face à la mer des Caraïbes. Ce projet, ancré en 1969 sur la plage des Boucaniers, a été pionnier du tourisme de séjour tout-compris sur l’île. Son objectif était d’attirer une clientèle internationale en quête d’évasion tropicale, avec hébergement, loisirs nautiques et découverte culturelle inclus. L’impact local a été significatif : le Club Med a dynamisé l’économie du sud de l’île, généré des emplois dans l’hôtellerie, et positionné la Martinique comme destination phare du tourisme balnéaire dans la Caraïbe.
- 1986 – Jardin de Balata (Fort-de-France) : Ouverture au public d’un jardin botanique tropical créé par l’horticulteur Jean-Philippe Thoze, sur les hauteurs de Fort-de-France. Commencé en 1982 sur une ancienne propriété familiale, le jardin est inauguré le 19 avril 1986 comme un écrin de 3 000 espèces végétales des tropiques. Son objectif était de valoriser la biodiversité martiniquaise et d’offrir aux visiteurs une expérience écotouristique immersive, au cœur de la forêt tropicale des Pitons du Carbet. Devenu l’un des sites les plus visités de l’île, le Jardin de Balata a eu un impact double : sensibilisation du public à la richesse botanique locale et création d’une nouvelle attraction touristique axée sur la nature, contribuant ainsi à diversifier l’offre touristique martiniquaise.
- 1992 – Terminal de croisière de la Pointe Simon (Fort-de-France) : Construction d’un appontement de 300 m en plein centre-ville pour accueillir les navires de croisière de grande capacité . Mis en service en 1992 afin de répondre à la demande croissante des paquebots de croisière dans les Caraïbes, ce quai dédié a pour objectif de faciliter l’escale des touristes internationaux en Martinique. L’impact a été notable : Fort-de-France est devenue une halte majeure des circuits de croisière, stimulant le commerce local (taxis, boutiques duty-free ) et irriguant les sites touristiques de l’île (excursions vers Saint-Pierre, plages du Sud, etc.). Ce projet a ainsi renforcé le secteur du tourisme de croisière, qui constitue un pilier important de l’économie martiniquaise depuis les années 1990.
- 2017 – Record de fréquentation touristique : La Martinique bat son record historique en accueillant 1,041 million de touristes en 2017. Ce niveau inédit, en hausse de 16,4 % par rapport à l’année précédente, est le fruit d’une stratégie de relance comprenant l’essor du secteur croisière (développement des escales de navires supplémentaires après les cyclones sur d’autres îles ) et la diversification des marchés émetteurs. L’objectif était de dynamiser l’économie insulaire par une augmentation des recettes touristiques (424 millions d’€ en 2017 ) et de pérenniser les emplois du secteur. Ce record, avant le ralentissement conjoncturel de 2020, a eu un impact local fort : il a conforté l’importance du tourisme comme moteur de croissance, encouragé les investissements dans l’hébergement et les transports, et incité à développer de nouvelles offres (tourisme d’affaires, spiritourisme autour du rhum AOC, etc. ).
Environnement
- 1976 – Création du Parc Naturel Régional de Martinique : Le 9 septembre 1976 est créé le PNR de Martinique, couvrant les 2/3 de l’île. Né de la volonté de concilier développement économique et protection des richesses naturelles, ce parc régional vise à préserver la biodiversité exceptionnelle de l’île tout en valorisant le patrimoine culturel martiniquais. Son origine s’inscrit dans le mouvement national de création des Parcs Naturels Régionaux, avec l’appui des collectivités locales. L’objectif principal était de mettre en place un outil de planification et d’éducation à l’environnement, impliquant 32 communes dans une démarche de développement durable. L’impact du PNRM a été déterminant : prise de conscience écologique accrue de la population, protection des écosystèmes sensibles (forêts, mangroves, littoraux) et création d’activités écotouristiques (sentiers, musées de la nature) contribuant à l’économie verte de la Martinique.
- 1976 – Réserve Naturelle de la Presqu’île de la Caravelle : Parallèlement au PNR, l’État classe en 1976 la presqu’île de la Caravelle en Réserve Naturelle Nationale. Cette réserve de 422 hectares protège une mosaïque de milieux (savane aride, mangrove, forêt sèche) abritant de nombreuses espèces endémiques ou rares. L’origine du projet vient des scientifiques locaux qui tiraient la sonnette d’alarme sur la dégradation de ce site unique. L’objectif était de sauvegarder un patrimoine naturel emblématique tout en permettant des activités pédagogiques et de recherche. Le statut de réserve a eu un impact important : il garantit la conservation à long terme de la Caravelle, en limitant l’urbanisation anarchique et en encadrant la fréquentation du public, et il sert de laboratoire à ciel ouvert pour l’étude de la biodiversité antillaise.
- 1995 – Réserve des îlets de Sainte-Anne : Création d’une réserve naturelle nationale englobant les îlets et récifs au large de Sainte-Anne, dans le sud de la Martinique. Cette réserve marine, cogérée par le Parc Naturel et l’ONF, vise à protéger les écosystèmes littoraux fragiles (barrière de corail, herbiers sous-marins, oiseaux marins) menacés par la surfréquentation et la pollution. Son origine provient de la pression touristique croissante sur des sites comme les îlets Hardy, Percé ou le célèbre îlet Chevalier. En instituant cette réserve, l’objectif était de concilier la préservation du milieu marin avec un éco-tourisme responsable (plongée, excursion réglementée). L’impact se traduit par le maintien de la biodiversité côtière (comme la nidification des sternes) et la sensibilisation du public aux bonnes pratiques environnementales, tout en assurant aux pêcheurs locaux une ressource halieutique pérenne grâce à la régénération des zones protégées.
- 2008 – Plan Chlordécone : Face à la pollution massive des sols par le pesticide chlordécone hérité des années 1970-90, le gouvernement lance en 2008 un plan d’action spécifique pour la Martinique et la Guadeloupe. Annoncé par le Premier ministre lors de sa visite aux Antilles en janvier 2008, ce plan Chlordécone 2008-2010 (suivi de plans II, III et IV jusqu’en 2027) a pour objectifs de protéger les populations (suivi sanitaire des personnes exposées, filtration de l’eau potable), de dépolluer progressivement les terres contaminées et de soutenir les agriculteurs en conversion. Son origine réside dans la prise de conscience tardive de l’ampleur du scandale sanitaire et environnemental du chlordécone, un insecticide pourtant interdit dès 1993. L’impact de ce plan est majeur localement : il a permis de structurer la recherche scientifique sur la dépollution, de mettre en place des filières agricoles sécurisées (label “Zéro Chlordécone” en 2019 ) et d’initier un débat public sur les responsabilités et la réparation pour les populations touchées. Malgré tout, la pollution reste présente pour des dizaines d’années, posant un défi de développement durable pour la Martinique.
- 2023 – Volcans et forêts de Martinique au Patrimoine mondial : Le 16 septembre 2023, l’UNESCO inscrit les « volcans et forêts de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord » sur la liste du Patrimoine mondial naturel . Ce projet de candidature, porté de longue date par le Parc Naturel et la Collectivité territoriale, visait à faire reconnaître la valeur universelle exceptionnelle des écosystèmes martiniquais (volcan actif de la Pelée, pitons du Carbet, biodiversité endémique riche). L’objectif était double : renforcer la protection de ces sites naturels contre d’éventuelles dégradations et booster un tourisme durable haut de gamme fondé sur la nature. L’impact de l’inscription est considérable : fierté et visibilité internationale accrues pour la Martinique, obligations de conservation renforcées, et opportunités de financements et de retombées touristiques pour les communes du Nord. Ce classement consacre la Martinique comme “île-nature” d’exception sur la scène mondiale.
Social & Société
- 1946 – Départementalisation de la Martinique : Le 19 mars 1946, la loi n°46-451 transforme la Martinique (ainsi que la Guadeloupe, la Guyane et La Réunion) de colonie en département français d’outre-mer. Issue d’une proposition des députés martiniquais (Aimé Césaire et Léopold Bissol) votée à l’unanimité par le Parlement, cette réforme historique avait pour objectif de conférer aux Martiniquais la citoyenneté française pleine et entière, avec égalité des droits sociaux et politiques. L’impact local a été immense : mise en place progressive de la protection sociale métropolitaine (sécurité sociale, allocations), développement des infrastructures publiques (écoles, routes, hôpitaux) financées par l’État, mais aussi intégration politique renforcée à la République. La départementalisation a ainsi amorcé de profonds changements socio-économiques (éducation de masse, exode rural, amélioration du niveau de vie), tout en posant plus tard la question de l’adaptation du modèle français aux réalités antillaises.
- 1961 – Service Militaire Adapté (SMA) : Mise en place du SMA en Martinique, dispositif militaire d’insertion socioprofessionnelle créé à l’initiative du général Némo et du Premier ministre Michel Debré en 1961. Expérimenté d’abord aux Antilles-Guyane pour répondre à une grave crise du chômage des jeunes, le SMA propose une formation de 6 à 12 mois alliant instruction militaire, apprentissage d’un métier et remise à niveau scolaire. L’objectif était de resocialiser les jeunes en échec et de faciliter leur accès à l’emploi grâce à une discipline et un encadrement structurants. En Martinique, le 1er bataillon SMA s’est implanté au Lamentin (quartier Chalon) et a formé des dizaines de milliers de volontaires depuis sa création. L’impact social est reconnu : le SMA a permis l’insertion professionnelle de nombreux jeunes éloignés du marché du travail (avec un taux d’emploi durable notable à la sortie) et constitue aujourd’hui encore un acteur majeur de la lutte contre le chômage des 18-25 ans et de la prévention de l’exclusion sociale.
- 1977 – Ouverture du campus universitaire de Schoelcher : À la rentrée 1977, la Martinique se dote de son premier campus universitaire, implanté à Schoelcher et financé par l’État. Ce projet s’inscrit dans la création de l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG, décret de 1982), mais le centre universitaire de Schoelcher fonctionnait déjà en tant que campus de Lettres et Sciences Humaines dès 1977-1978.. L’objectif était d’offrir aux étudiants martiniquais la possibilité de poursuivre des études supérieures sur place, sans avoir à émigrer systématiquement vers la métropole, et de former localement une élite intellectuelle et professionnelle. L’impact a été structurant : augmentation spectaculaire du nombre de diplômés du supérieur dans l’île, émergence d’une recherche universitaire martiniquaise (laboratoires de droit, économie, histoire, agronomie…), et ancrage de la Martinique dans un réseau d’échanges académiques caribéens et internationaux. L’Université, avec son extension dans les décennies suivantes (UFR de sciences exactes en Guadeloupe, puis autonomie de l’Université des Antilles), est devenue un pilier du développement et de la promotion sociale locale.
- 1984 – Hôpital Pierre Zobda-Quitman (Fort-de-France) : Le 12 mars 1984, le nouvel hôpital de La Meynard ouvre ses portes et récupère l’ensemble des lits de l’ancien Hôpital Civil du centre-ville (qui ferme alors définitivement). Ce centre hospitalier moderne, par la suite rebaptisé du nom du médecin martiniquais Pierre Zobda-Quitman, a été conçu pour devenir l’établissement de référence du nord de l’île, avec plus de 800 lits et des services de pointe. Son objectif était d’améliorer considérablement l’offre de soins pour la population : plateaux techniques spécialisés (chirurgie, réanimation, radiothérapie), capacités d’hospitalisation accrues et regroupement des compétences médicales. L’impact a été crucial sur la santé publique martiniquaise : meilleure prise en charge des patients localement (réduction des évacuations sanitaires vers la France), développement de la formation médicale locale (internat, aujourd’hui CHU) et amélioration des indicateurs de santé au fil du temps. Ce projet a marqué une étape clé de la modernisation sanitaire de la Martinique, malgré les défis budgétaires et de gestion qu’a connu l’hôpital par la suite.
- 2015 – Création de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) : À l’issue des élections de décembre 2015, la Martinique remplace son Conseil régional et son Conseil général par une collectivité territoriale unique entrée en fonction le 1ᵉʳ janvier 2016 . Ce projet institutionnel avait été approuvé par référendum local en janvier 2010, puis entériné par les lois du 27 juillet 2011 . L’objectif de la CTM était de simplifier le millefeuille administratif et de renforcer l’efficacité de l’action publique en fusionnant deux niveaux de décision en un seul, compétent pour l’ensemble des matières départementales et régionales (transports, action sociale, développement économique, éducation, etc.). Son impact se fait sentir dans la gouvernance de l’île : meilleure coordination des politiques publiques, économies d’échelle potentielles et affirmation d’une identité politique martiniquaise unifiée sur la scène nationale. Les débuts de la CTM ont cependant été marqués par des défis de transition (fusion des personnels, harmonisation des procédures ) et des attentes fortes de la population quant aux améliorations concrètes en matière de développement et de services.
Infrastructures & Transport (BTP)
- 1950 – Aéroport de Fort-de-France (Le Lamentin) : Inauguré en 1950, l’aéroport du Lamentin est le premier aéroport civil de Martinique, construit après-guerre pour ouvrir l’île au trafic aérien international . Géré initialement par l’État, il passe sous concession de la Chambre de Commerce en 1965 pour financer son expansion . L’objectif originel était de désenclaver la Martinique en réduisant drastiquement le temps de trajet vers la métropole (les premiers vols transatlantiques duraient ~12 heures au lieu des 15 jours de bateau). L’impact a été déterminant : accélération des échanges humains et économiques (développement du tourisme de masse, facilitation de l’émigration martiniquaise vers la France), et ancrage de la Martinique comme hub régional (liaisons inter-îles dans les Caraïbes). L’aéroport, modernisé à plusieurs reprises (nouvelles aérogares fret en 1993 et passagers en 1995, allongement de piste pour accueillir les jets), est aujourd’hui l’aéroport international Aimé-Césaire, accueillant près de 1,9 million de passagers en 2024.
- 1979 – Port de Fort-de-France : ère de la conteneurisation : En 1979, le port de commerce de Fort-de-France accueille son premier navire porte-conteneurs, marquant le passage à la conteneurisation du fret maritime. Sous l’impulsion de la Chambre de Commerce (CCIM) qui obtient la concession portuaire en 1953 et investit dans de nouveaux quais, le port se dote à la fin des années 70 d’infrastructures adaptées aux conteneurs. L’objectif était de moderniser la logistique d’import-export de l’île – jusqu’alors fondée sur des cargos conventionnels – pour gagner en efficacité et réduire les coûts de transport. L’impact a été très positif sur l’économie martiniquaise : forte hausse du trafic de marchandises dans les années 1980 (le port traite aujourd’hui plus de 150 000 EVP par an) fiabilisation de l’approvisionnement de l’île (90 % des biens entrant en Martinique transitent par le port et capacité à exporter davantage de produits locaux. La conteneurisation a ainsi inséré la Martinique dans le commerce maritime mondial et a nécessité l’agrandissement continu des installations portuaires jusqu’à nos jours.
- 1989 – Achèvement de la Rocade de Fort-de-France : Après près de 15 ans de travaux échelonnés, la route D 41 dite « Rocade » contournant Fort-de-France est achevée à la fin des années 1980. Lancé dans les années 1970 mais retardé par des hésitations budgétaires , ce chantier d’envergure a nécessité de percer les mornes et de traverser des zones urbaines denses, notamment le quartier de Trénelle, dans un contexte géotechnique difficile (pentes instables, risque sismique) . L’objectif était de désengorger le centre-ville de Fort-de-France en créant une voie express reliant directement le sud (Lamentin) et le nord de l’île sans passer par les rues étroites de la capitale. L’impact a été profondément ressenti par les usagers : réduction des embouteillages chroniques, gain de temps considérable pour des milliers de travailleurs pendulaires et meilleure distribution du trafic vers les communes périphériques. La Rocade a structuré l’urbanisation du centre de la Martinique, favorisant l’essor de zones d’activité en banlieue et améliorant l’accessibilité des pôles économiques (aéroport, port, zones industrielles). Elle reste aujourd’hui un axe vital, bien que souvent saturé aux heures de pointe.
- 2004 – Terminal à conteneurs de la Pointe-des-Grives : Ouvert en juin 2004, ce nouveau terminal portuaire en baie de Fort-de-France est entièrement dédié au trafic des conteneurs. Il comprend un quai de 450 m avec de grands portiques de manutention, et a été conçu pour augmenter la capacité du port et accueillir des navires plus imposants. Son origine tient à la saturation progressive des quais historiques proches du centre-ville et à la nécessité d’éloigner les activités de fret des zones urbaines. L’objectif était également d’améliorer la compétitivité logistique de la Martinique en réduisant les temps de chargement et déchargement, et en préparant l’arrivée de porte-conteneurs de nouvelle génération. En 2017, une extension du terminal a d’ailleurs été inaugurée pour faire face à l’augmentation du trafic. L’impact de ce projet se traduit par une meilleure efficacité du commerce extérieur martiniquais (la Pointe-des-Grives traite l’essentiel des 70 % de marchandises importées consommées localement) et par la libération d’espaces à vocation touristique dans le port intra-muros (qui se concentre désormais sur les croisières et le yachting).
- 2018 – Transport en Commun en Site Propre (TCSP) : Le 13 août 2018, la Martinique met en service sa première ligne de BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) entre Fort-de-France et Le Lamentin. Ce réseau de bus articulés circulant sur des voies réservées (typiquement appelé TCSP) avait pour objectif de proposer une alternative fiable et rapide à la voiture individuelle dans l’agglomération centre. Né dans les années 2000 mais longtemps retardé, le projet a abouti à la construction d’infrastructures dédiées (voies propres, stations modernes, pôle d’échange multimodal à Carrère). L’impact attendu est une amélioration de la mobilité urbaine : le TCSP offre une fréquence élevée et un temps de trajet maîtrisé entre les principaux pôles (centre de Fort-de-France, aéroport, zones d’emploi du Lamentin). Bien qu’encore en déploiement, il a commencé à changer les habitudes de déplacement de certains usagers et pose les bases d’un réseau de transport en commun structurant pour l’île. Ce projet, inscrit dans une logique de développement durable, vise à réduire les congestions routières et la pollution automobile, tout en étant vitrine d’une Martinique modernisant ses équipements au niveau des standards européens.
Culture & Patrimoine
- 1972 – Lancement du Festival culturel de Fort-de-France : Sous l’impulsion du maire Aimé Césaire, la ville de Fort-de-France organise en août 1972 la première édition de son festival culturel annuel. Cet événement pluridisciplinaire (théâtre, danse, musique, arts visuels) visait à célébrer l’identité martiniquaise et caribéenne, tout en invitant des artistes du monde entier. L’origine du projet vient de la volonté de Césaire de « mettre la culture à la portée de tous » et de faire de sa capitale un phare culturel régional. L’objectif était de créer un espace d’échanges et de rencontres artistiques pour la population, tout en stimulant la création locale (troupes de théâtre, ballets folkloriques, groupes de musique traditionnelle). 50 ans plus tard, le Festival de Fort-de-France est l’un des plus anciens des Caraïbes, et son impact a été considérable : il a révélé de nombreux talents martiniquais, ancré la pratique des arts dans la vie locale, et contribué au rayonnement de Fort-de-France en tant que « capitale culturelle » de la Caraïbe, attirant un public y compris international lors des éditions successives.
- 1975 – Fondation du Centre Martiniquais d’Action Culturelle (CMAC) : Créé en 1975 sous l’égide du Conseil Général et avec l’appui de l’État , le CMAC est une structure associative chargée de la diffusion et de la création artistiques en Martinique. Son origine répondait à un besoin d’organisation professionnelle du spectacle vivant et du cinéma, afin de compléter l’action municipale de Fort-de-France. Le CMAC a très tôt misé sur l’ouverture sur la Caraïbe et la formation dans les arts (stages, partenariats) . L’objectif était de doter la Martinique d’une institution capable de programmer régulièrement des pièces de théâtre, des concerts, des ballets, d’organiser des festivals (comme Francofolies ou Biennales de danse), et de soutenir la création locale via des résidences. L’impact du CMAC a marqué l’histoire culturelle de l’île : il a professionnalisé le secteur artistique, permis aux Martiniquais de voir chez eux des œuvres du monde entier, et obtenu en 1998 le label national de Scène nationale grâce à l’excellence de son projet . En 2015, le CMAC a fusionné avec l’Atrium pour former Tropiques-Atrium, poursuivant ainsi son œuvre de démocratisation culturelle.
- 1976 – Création du SERMAC (Fort-de-France) : Aimé Césaire inaugure en 1976 le Service Municipal d’Action Culturelle de Fort-de-France, dispositif novateur pour l’époque visant à offrir aux habitants des quartiers populaires un accès direct à la pratique artistique. Sous la direction d’Yvan Labéjof puis de Jean-Paul Césaire, le SERMAC a mis en place des ateliers gratuits de théâtre, de danse, de musique, d’arts plastiques dans divers centres culturels de quartier. L’objectif était autant l’animation socio-culturelle (occuper la jeunesse, valoriser les traditions comme le bèlè, le tambour, la langue créole) que l’émergence de créateurs martiniquais. Le SERMAC a également piloté des événements majeurs comme le Carnaval de Fort-de-France ou la Journée de la Folklore. Son impact a été profond dans la société : il a révélé toute une génération d’artistes locaux, intégré les pratiques culturelles dans le quotidien des Foyalais, et servi de modèle à d’autres collectivités d’outre-mer. Encore actif aujourd’hui, le SERMAC reste un pilier de la politique culturelle municipale, incarnant la démocratisation de la culture chère à Césaire.
- 1990 – Saint-Pierre, Ville d’Art et d’Histoire : Un siècle après son éruption tragique de 1902, l’ancienne capitale martiniquaise Saint-Pierre reçoit en 1990 le label « Ville d’Art et d’Histoire » du Ministère de la Culture. Ce classement reconnaît la richesse du patrimoine architectural et mémoriel de la « Petite Paris des Antilles » en ruines (théâtre, cachot de Cyparis, église du Fort, etc.) et engage la ville dans une démarche active de préservation et de valorisation. L’origine du projet provient de la mobilisation d’historiens et d’élus locaux pour sauver les vestiges de Saint-Pierre, menacés par l’oubli et l’urbanisation. L’objectif du label était de doter Saint-Pierre de moyens pour restaurer ses sites (création du musée volcanologique en 1933, puis rénové) et d’attirer un tourisme culturel autour de son histoire unique. L’impact s’est traduit par des chantiers de consolidation des ruines, la mise en place de circuits de visite et d’outils pédagogiques, ainsi qu’une revitalisation de la fierté patrimoniale des Pierrotins. Malgré des difficultés économiques, Saint-Pierre, labellisée « Plus Beaux Détours de France », reste un lieu de mémoire national de la catastrophe de 1902, et le label a contribué à maintenir vivante cette identité et à poser la candidature du site pour l’UNESCO à l’avenir.
- 1995 – Inauguration de l’Atrium (Fort-de-France) : Au cœur de Fort-de-France, la salle de spectacle l’Atrium ouvre dans les années 1994-1995 en tant qu’infrastructure culturelle majeure de la Martinique . Ce théâtre moderne de près de 900 places, équipé également d’une salle de cinéma et d’espaces d’exposition, est le fruit d’un partenariat entre la ville et le département pour doter l’île d’un équipement à la hauteur des productions nationales et internationales. L’objectif était de disposer d’un lieu adapté aux grandes tournées et aux créations locales ambitieuses, favorisant la diffusion de la culture au plus grand nombre. Dès 1995, le CMAC déménage dans ses murs et cohabite avec la régie de l’Atrium , non sans tensions initiales, mais posant les bases d’une mutualisation. L’impact a été très positif : l’Atrium a accueilli en deux décennies des centaines de spectacles de haut niveau (du théâtre classique aux concerts de zouk, en passant par la danse contemporaine), fidélisant un large public martiniquais. Devenu Tropiques-Atrium, Scène nationale en 2015, ce lieu emblématique a permis une professionnalisation accrue du spectacle vivant local et a inscrit Fort-de-France sur la carte des grandes scènes culturelles ultramarines.
- 2020 – La yole martiniquaise, patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO : Le 17 décembre 2020, l’UNESCO inscrit la yole ronde de Martinique sur sa liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ce projet, initié par le Yole Club et les autorités culturelles, visait à faire reconnaître la valeur patrimoniale de cette embarcation traditionnelle à voile, de sa construction en bois sans quille jusqu’aux techniques de navigation avec équilibreurs (bwa dressé). L’objectif était aussi de protéger et transmettre ce savoir-faire unique aux jeunes générations, alors que les yoles sont au cœur d’une pratique sportive identitaire (le Tour de Martinique des yoles rondes chaque été depuis 1985). L’impact de l’inscription a été un véritable engouement populaire et une fierté pour toute la Martinique : des formations ont été mises en place pour les charpentiers de marine, le sponsoring autour des yoles s’est renforcé, et cette reconnaissance internationale a offert une vitrine au patrimoine martiniquais au-delà de ses frontières. La yole, désormais labellisée par l’UNESCO, symbolise la résilience et la convivialité du peuple martiniquais, et ce projet a contribué à pérenniser une tradition séculaire tout en la faisant rayonner mondialement.