Une tribune intitulée « Dans les Outre-mer, les réponses de l’État demeurent timides, bureaucratiques ou méprisantes » met sévèrement en cause la politique conduite à l’égard des territoires ultramarins. Portée par Patrick Karam, vice‑président du conseil régional d’Île‑de‑France et ancien délégué interministériel pour l’égalité des chances -des Français d’Outre‑mer, elle est signée par quelque 70 personnalités issues des mondes sportif, associatif et politique, parmi lesquelles les championnes d’athlétisme Marie‑José Pérec, Christine Arron et Muriel Hurtis.
Les auteurs estiment que la situation économique et sociale des Outre-mer est « plus critique que jamais » et voient dans la nomination de Naïma Moutchou au ministère des Outre‑mer un « signal désastreux » envoyé à des territoires déjà fragilisés. Ils appellent à « repenser la relation entre la République et ses Outre‑mer » et réclament un plan d’investissement massif pour répondre aux urgences en matière d’emploi, de logement, de lutte contre la pauvreté et l’illettrisme, ainsi que de désenclavement numérique.
Un « terrain d’expérimentation » pour des politiques improvisées
À l’origine de la démarche, Patrick Karam dénonce une absence d’ambition gouvernementale pour les Outre‑mer et affirme qu’« il n’y a finalement aucun intérêt » pour ces territoires. Selon lui, la nomination de la ministre des Outre‑mer répond d’abord à des équilibres politiques parisiens, au détriment de la connaissance fine des réalités ultramarines et de la capacité à défendre leurs dossiers.
L’ancien délégué interministériel juge également contradictoire la ligne actuelle du Premier ministre, pourtant passé par la rue Oudinot. Il l’accuse de « sabrer » les moyens consacrés aux politiques d’aide aux entreprises, à l’accès au logement et à la continuité territoriale, contribuant au sentiment de marginalisation ressenti par les populations d’Outre‑mer.
La crainte d’un décrochage durable
Dans la tribune comme dans ses prises de parole, Patrick Karam décrit les Outre‑mer comme un « terrain d’expérimentation pour des politiques improvisées », alors même que ces territoires pourraient bénéficier d’investissements structurants. Il met en avant plusieurs leviers possibles : modernisation des infrastructures, développement de l’économie verte et bleue, renforcement de la connectivité numérique et politiques ciblées contre la pauvreté et le chômage.
Selon lui, « dans tous les domaines, on s’aperçoit que les Outre‑mer ne sont plus la priorité du gouvernement », ce qui fait peser le risque d’un décrochage durable vis‑à‑vis de l’Hexagone. La tribune met en garde contre les effets cumulés des arbitrages budgétaires à venir, susceptibles d’affaiblir encore la capacité de rattrapage économique et social de ces territoires.
Un appel direct à l’exécutif
Le texte se conclut par une interpellation sans détour de l’exécutif, invitant le gouvernement à cesser d’utiliser les Outre‑mer comme une simple variable d’ajustement de la politique budgétaire. Les signataires dénoncent l’idée de puiser « en priorité dans la poche des Outre‑mer » pour réaliser des économies, alors que ces territoires cumulent déjà fragilités sociales, contraintes structurelles et éloignement géographique.
Par cette tribune, ses initiateurs entendent peser sur le débat national et replacer les Outre‑mer au cœur de l’agenda politique. Ils plaident pour une stratégie de long terme, cohérente et ambitieuse, qui fasse des territoires ultramarins non plus un coût à contenir, mais un atout majeur de la « France des océans ».



