La situation sécuritaire reste critique : l’état d’urgence est maintenu dans plusieurs départements, les violences de gangs s’intensifient et la population vit dans une insécurité permanente.
SÉCURITÉ – HAÏTI
Rédaction Outremers 360 – 25 octobre 2025 – Lecture : 5 min
Un contexte d’urgence nationale
Un état d’urgence est maintenu dans les départements de l’Ouest, de l’Artibonite et du Centre, en raison de la persistance d’une grave crise sécuritaire liée aux violences des gangs. L’aéroport Toussaint-Louverture à Port-au-Prince a rouvert, mais ses opérations restent limitées : la plupart des compagnies aériennes internationales ont suspendu leurs vols à destination ou en provenance de Port-au-Prince jusqu’à nouvel ordre. Il est recommandé de vérifier le statut de votre vol auprès de votre compagnie avant tout déplacement.
Depuis le 5 mars 2024, la République dominicaine a fermé sa frontière aérienne, terrestre et maritime avec Haïti pour les voyageurs, accentuant l’isolement du pays.
Données récentes : des chiffres alarmants
Les violences atteignent un niveau sans précédent. En 2024, plus de 5 601 personnes ont été tuées en Haïti dans des affrontements liés aux gangs, soit une hausse de plus de 1 000 victimes par rapport à 2023. Entre octobre 2024 et juin 2025, près de 4 864 personnes ont été tuées selon un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (OHCHR). La capitale et sa périphérie seraient désormais contrôlées à plus de 85 % par des gangs armés. Pour le premier trimestre 2025 seulement, au moins 1 617 personnes ont été tuées et 333 survivantes de violences sexuelles identifiées, selon la mission onusienne BINUH.
Causes et effets : désordre et vulnérabilité
Cette violence généralisée découle de l’effondrement de l’autorité de l’État, d’une collusion présumée entre certains responsables politiques et les groupes armés, et d’un accès quasi inexistant à la justice. Les conséquences sont dramatiques : plus d’un million de personnes déplacées, des hôpitaux et écoles fermés, et une recrudescence des violences sexuelles visant femmes et enfants. « Haïti pourrait franchir un point de non-retour », a averti la représentante de l’ONU, face à une situation assimilable à un conflit armé interne.
Vers une réponse internationale ?
La communauté internationale, à travers la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, tente d’appuyer les forces locales, mais les moyens restent limités. Le financement de cette mission, placée sous mandat des Nations unies, demeure inférieur à 10 % des besoins estimés. L’absence de coordination entre les partenaires internationaux freine l’efficacité des actions sur le terrain.
En conclusion
La prolongation de l’état d’urgence ne suffit plus : la situation sécuritaire en Haïti s’apparente désormais à celle d’un conflit armé de basse intensité. Sans un engagement international renforcé, un soutien structurel aux institutions haïtiennes et une restauration de l’État de droit, le pays risque de basculer durablement dans le chaos. La population, prise entre gangs, misère et désespoir, vit au quotidien dans un climat d’incertitude et de peur.
 
		

 
									 
					
