Les tensions entre Washington et Caracas franchissent un nouveau seuil. Le Pentagone a dénoncé, jeudi, le survol « hautement provocateur » d’un navire américain par deux avions militaires vénézuéliens dans les eaux internationales. Les États-Unis mettent en garde Nicolas Maduro contre toute escalade et déploient des navires supplémentaires dans les Caraïbes.
Un survol qualifié de “geste hautement provocateur”
Le ministère américain de la Défense a accusé deux appareils de l’armée vénézuélienne d’avoir survolé un bâtiment de la marine américaine dans les eaux internationales de la mer des Caraïbes. Dans un communiqué publié sur X, le Pentagone a dénoncé un « geste hautement provocateur », avertissant que « le cartel dirigeant le Venezuela » serait tenu pour responsable de toute tentative d’entrave aux opérations de lutte contre le narcotrafic et le terrorisme menées par les États-Unis. Ce ton martial s’inscrit dans un contexte d’escalade verbale entre Washington et Caracas, au moment où la région connaît une recrudescence d’affrontements armés liés au trafic de drogue.
Trump hausse le ton contre Nicolas Maduro
Le président Donald Trump a confirmé sur son réseau Truth Social que l’armée américaine avait frappé un navire transportant de la drogue, faisant onze morts présentés comme des « narcoterroristes » appartenant au Tren de Aragua, un cartel vénézuélien implanté dans plusieurs pays d’Amérique latine et classé comme organisation terroriste par Washington. Le Pentagone affirme que le bateau se trouvait « dans les eaux internationales, transportant des stupéfiants à destination des États-Unis ». La prime pour la capture de Nicolas Maduro, accusé par la justice américaine de diriger le Cartel des Soleils, a été portée à 50 millions de dollars.
Caracas dénonce des “exécutions extrajudiciaires”
La réaction du pouvoir vénézuélien a été immédiate. Le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello a accusé les États-Unis d’avoir commis des « exécutions extrajudiciaires », tandis que Nicolas Maduro dénonçait la présence « de navires et d’un sous-marin américains visant le Venezuela ». Le chef de l’État a évoqué la menace d’un « changement de régime » orchestré par Washington et promis une « lutte armée pour la défense du territoire national », tout en assurant que le Venezuela ne céderait pas face à ce qu’il qualifie d’« agression impérialiste ».
Washington étend sa présence militaire dans les Caraïbes
Face à ces tensions, les États-Unis ont déployé de nouveaux bâtiments de guerre dans les Caraïbes et annoncé une coopération militaire renforcée avec les gouvernements de la région jugés “alliés”. Le secrétaire d’État Marco Rubio, en tournée en Amérique latine, a déclaré à Quito que Washington souhaitait « aider les pays coopératifs à mener leurs propres frappes contre les groupes criminels ». « Ce n’est pas nous qui allons les identifier, mais eux », a-t-il expliqué. « Ils vont nous aider à trouver ces personnes et à les faire exploser si nécessaire. » Rubio a également annoncé une aide de 20 millions de dollars à l’Équateur, dont 6 millions en drones, afin d’intensifier la lutte régionale contre le narcotrafic.
Vers une “guerre régionale contre les cartels” ?
Interrogé sur les accusations visant Nicolas Maduro, Marco Rubio l’a qualifié de « fugitif recherché par la justice américaine ». Il a affirmé que l’administration Trump « ne se contentera pas de traquer les trafiquants de drogue avec de petits bateaux rapides », promettant une véritable « guerre contre ces groupes criminels ». « Ces animaux vicieux », a-t-il ajouté, « seront traqués sans relâche. Le président Trump s’y attaque comme jamais auparavant. » Cette rhétorique guerrière marque une radicalisation du discours américain dans les Caraïbes, alors que les tensions militaires et politiques autour du Venezuela font planer la menace d’un affrontement direct.
Avec FRANCE 24 et AFP