Audrey Pulvar le 7 septembre 2019 à Deauville.

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Audrey Pulvar était l’invitée de France Inter ce lundi matin. Elle prend la parole quelques jours après la publication d’une tribune dans laquelle ses cousines accusent son père Marc Pulvar, figure du syndicalisme martiniquais, de les avoir violées.

Voilà plus d’une semaine qu’elle se tait. Audrey Pulvar, adjointe à la mairie de Paris et candidate aux élections régionales en Ile-de-France, a réagi lundi 15 février au micro de France Inter aux accusations de viols formulées par ses cousines à l’encontre de son père Marc Pulvar. “Je suis là en tant que fille d’un pédocriminel, donc fille d’un monstre au sens actuel qu’on donne à ce mot. Et quand vous êtes la fille d’un monstre, vous vous demandez forcément si vous n’êtes pas un monstre aussi vous-même. C’est un processus presque automatique. Je ne suis pas là non plus pour répondre à mes détracteurs, dont je n’ai pas grand chose à faire sur ce sujet. Je suis là pour parler des victimes. Si je me suis tue depuis huit jours, c’était justement pour que les victimes puissent s’exprimer”, a-t-elle expliqué, visiblement très émue.

Marc Pulvar, grande figure du syndicalisme martiniquais décédé en 2008, est accusé de pédocriminaité par trois femmes de sa famille, Karine Mousseau et ses cousines Barbara Glissant et Valérie Fallourd. Elles expliquent, dans une tribune, vouloir mettre un terme à l'”héroïsation du personnage”. “C’était l’oncle de la famille, le favori, adulé déjà, par tous. Une confiance totale, qui dure encore aujourd’hui de manière posthume, et que nous avons décidé de briser, une fois pour toutes”, écrivent-elles. “En finir avec cette héroïsation du personnage, ne plus jamais lui rendre un quelconque hommage à l’avenir et désormais penser à lui comme il le mérite: Marc Pulvar, alias Loulou pour les intimes, était un prédateur sexuel”, écrivent-elles encore.

“Je les ai crues”

Dans une déclaration à l’AFP, Audrey Pulvar a déjà indiqué avoir “été mise au courant des crimes commis” par son père “il y a une vingtaine d’années quand mes cousines nous en ont parlé”. “Cela a été un choc très profond pour mes proches et moi. Tant qu’elles ne souhaitaient pas s’exprimer publiquement, ce n’était pas à nous, à moi, de nous substituer à leur parole de victimes”, avait-elle poursuivi. “Elles sont en mesure et ont décidé de le faire aujourd’hui: je les soutiens pleinement et admire leur courage. Je souhaite qu’elles soient entendues et que leur parole soit respectée”, poursuit l’ancienne journaliste.

Au micro de France Inter, Audrey Pulvar raconte ne pas avoir remis en question la parole de ses cousines. “Je les ai crues, parce que les victimes, quand elles parlent c’est pour être crues et je suis toujours du côté des victimes (…) Et par ailleurs, je les ai crues parce que les faits se sont produits il y a 45 ans. Mes cousines ont parlé il y a 20 ans. (…) Et depuis 45 ans, je sais qu’il s’est passé des choses mais confusément. C’est à dire que quand j’avais 5, 6, 7 ans, j’étais très petite, il s’est passé des choses dont je sentais qu’elle n’étais pas normales. (…) Je sentais qu’il y avait un climat que je ne comprenais pas mais je ne comprenais pas ce que c’était”, se souvient-elle. Elle évoque “des souvenirs cadenassés dans son cerveau, en revenant par flash, sans que je sache ce que j’étais”.

“Les victimes parlent quand elles peuvent parler”

Certains de ses détracteurs auxquelles l’ancienne journaliste fait référence en début d’entretien lui reprochent de ne pas avoir dénoncé son père quand la vérité a éclaté. “Non, il ne m’est pas venu à l’idée de dénoncer mon père, répond-elle. Ce n’était pas à moi de le faire, et je ne savais pas que je savais”, argumente Audrey Pulvar.  “Ces choses-là ne se font pas en 24 heures (…) c’est un peu plus complexe que ça, y compris pour les victimes. (…) Je suis là pour dire à tous ceux qui pensent que l’action de mes cousines (…) serait une manœuvre politique, soit pour m’atteindre moi qui suis candidate, soit pour abîmer la mémoire de mon père, qu’ils ont tort. Encore une fois, les victimes parlent quand elles peuvent parler, quand les conditions sont réunies pour elles de pouvoir s’exprimer. (…) Ca prend du temps, et quand elles le disent, il faut respecter cette parole”

“Les violences sexuelles en général, et les violences à l’égard des enfants, l’inceste en particulier, sont extrêmement répandues dans l’ensemble de la société. Il ne faut pas seulement réparer ou écouter la parole des victimes, il faut faire en sorte que ça n’arrive plus. Ce que veulent les victimes, c’est pas seulement d’être protégées, ce n’est pas seulement d’être écoutées, c’est qu’on ne viole plus”, plaide Audrey Pulvar.

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