Mardi 10 décembre 1963. La 16ème chambre du tribunal correctionnel de la Seine rend son jugement dans le procès des militants de l’Organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique (OJAM) poursuivis pour atteinte à l’intégrité du territoire national. Les juges déclarent coupables cinq des dix-huit prévenus : Hervé Florent, avocat ; Manfred Lamotte, étudiant et Henri Armougon, contrôleur des Douanes sont condamnés à trois ans de prison. Rodolphe Désiré, médecin, écope de deux ans. Victor Lessort, bijoutier, co-fondateur avec Désiré de la première versin du drapeau martiniquais, est condamné à dix-huit mois. Tous ces cinq prévenu sont frappés de cinq années de privation de droits civiques.
Les treize autres inculpés sont relaxés, faute de preuves de l’existence d’un complot visant à soustraire la Martinique à l’autorité de l’Etat. Il s’agit de : Georges Aliker, étudiant ; Guy Anglionin, apprenti ; Charles Davidas, peintre en bâtiment ; Renaud de Grandmaison, étudiant ; Guy Dufond, professeur ; Eusèbe Lordinot, instituteur ; Gesner Mencé, instituteur ; Henri Pied, médecin ; Marc Pulvar, étudiant ; Joseph (Khôkhô) René-Corail, artiste-peintre ; Roger Riam, instituteur ; Josiane Saint-Louis-Augustin, étudiante ; Léon Sainte-Rose, instituteur.
Dans son réquisitoire, le substitut Charbonnier déclare notamment : « Si la pensée est libre, l’action, elle, ne l’est pas (…)
La doctrine de l’OJAM qui se résume dans le slogan “la Martinique aux Martiniquais “ constitue une revendication de souveraineté totale » dans la mesure où elle dépasse les limites des articles 72 et 73 de la Constitution.



