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    Home » Le coût de l’hésitation de l’UE à faire face au COVID-19 : la perspective italienne
    Ecologie / Environnement

    Le coût de l’hésitation de l’UE à faire face au COVID-19 : la perspective italienne

    mai 14, 2020Aucun commentaire
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    Le coût de l’hésitation de l’UE à faire face au COVID-19 : la perspective italienne

    Par Roberto Angrisani, doctorant et chercheur auprès de la faculté de droit de l’Université Laval

    En plein milieu des négociations concernant la réponse européenne à la crise sanitaire, des quotidiens allemands ont voulu « mettre en garde » Angela Merkel quant à l’opportunité de soutenir les mesures économiques de l’UE visant à venir en aide à l’Italie, craignant que la mafia ne devienne le réel bénéficiaire de ces transferts1. Les lignes qui suivent visent d’abord à démontrer la perspective inverse, en expliquant à quel point l’hésitation de l’UE à intervenir pourrait renforcer les organisations criminelles – d’Italie et d’ailleurs – et avoir aussi un effet néfaste sur la gestion sanitaire de la pandémie (A). Ensuite, nous analyserons de plus près certaines distorsions de l’Union économique et monétaire pour comprendre les impacts de l’émergence sanitaire sur la courbe de la défiance entre États de l’UE (B).

    « Pummarola »2 connection3

    En 1979, plusieurs valises contenant de l’héroïne sont retrouvées à l’aéroport J.F.K. de New York, c’est ainsi que le FBI ouvre la première grande enquête de Mafia sur le sol américain. Grâce à l’aide d’excellents magistrats italiens, dont Giovanni Falcone, les enquêteurs arrivent à démasquer l’un des plus complexes trafics internationaux de drogue entre la Sicile et l’Amérique du Nord. Le mécanisme de distribution capillaire de stupéfiants se servait du réseau de restaurants italiens, d’où le nom : « pizza connection ».

    Cette enquête a marqué un tournant dans l’histoire de la lutte au crime organisé, montrant les connexions internationales tentaculaires de la Mafia et sa capacité à infiltrer l’économie légale de tout pays. À partir de ce moment, nombreuses ont été les preuves (judiciaires) que les organisations criminelles ont été parmi les premières bénéficiaires de la mobilité globale – notamment intra-européenne – de capitaux, services, marchandises et personnes, au point qu’aujourd’hui il est impossible de géolocaliser avec certitude l’étendue des trafics mafieux.

    Donc, en partant du corollaire selon lequel les organisations criminelles sont aujourd’hui de véritables holdings financières, qui nécessitent des marchés internationaux intégrés pour blanchir leur énorme liquidité, regardons de plus près le contexte italien.

    Certains pays membres de l’UE ont un tissu social plus complexe que d’autres. En Italie, par exemple, l’affirmation de la souveraineté du pouvoir central est un exercice quotidien. Les latins disaient « ubi societas ibi ius », à savoir que là où il existe une communauté s’instaurent aussi des règles (lois) qui permettent aux individus de fonctionner ensemble. Depuis son unification, l’histoire de l’Italie a été caractérisée par la coexistence de plusieurs « societas », dans une dynamique d’antagonisme entre l’État central, avec ses lois, et d’autres formes d’administration qui, de facto, et avec des règles propres, contrôlent certaines portions du territoire. L’État central est l’autorité la plus forte, mais requiert des moyens et des efforts constants pour affirmer sa primauté, notamment dans certains secteurs de l’économie.

    L’agriculture est probablement l’exemple le plus évident. Selon un rapport de 2017 : dans l’UE-28, les légumes les plus importants en termes de niveau de production étaient les tomates (…). La production totale de tomates dans l’Union a atteint 17,6 millions de tonnes en 2015. L’Italie et l’Espagne étaient les plus grands producteurs de l’UE et représentaient ensemble 64,0 % de la production de l’UE-284.

    Néanmoins, si l’on regarde le PIB des deux pays pour l’année 2019 le secteur agroalimentaire ne représente que 2,2% du total de l’Italie et 2,4% de l’Espagne. Cela s’explique, en bonne partie, par le fait que certains passages de la filière agricole échappent au radar de l’économie légale. Les organisations criminelles, notamment en Italie du Sud, gèrent l’exploitation de centaines de milliers de travailleurs saisonniers, la plupart irréguliers, qui dans l’absence d’une opportunité de régularisation restent victimes des réseaux de traite d’êtres humains.

    Le bénéficiaire de cette situation est le réseau de la grande distribution alimentaire, qui impose aux fournisseurs des prix d’achat très bas des produits agroalimentaires. De cette manière, seules les entreprises qui profitent du coût presque négligeable de la main-d’œuvre exploitée dans l’illégalité, seront capables de sortir gagnantes de ces contrats.

    L’histoire nous a aussi enseigné que dans tout moment de crise, c’est l’organisation qui dispose du plus grand nombre de richesses qui se renforce. Les organisations criminelles détiennent une énorme quantité d’argent comptant, caché dans des souterrains ou des hangars, et disponible à tout moment. Elles n’attendent que l’occasion de pouvoir l’injecter dans le circuit de l’économie légal. Un niveau croissant de chômage et l’impossibilité pour les classes moins aisées de subvenir à leurs besoins constituent des conditions idéales pour faire gagner du terrain aux groupes criminels. Les services offerts sont multiples et vont de la livraison de produits alimentaires aux familles en difficulté jusqu’aux prêts aux intrapreneurs qui, ne sachant pas vers qui se tourner, décident de recourir à l’argent sale de la mafia plutôt que de faire faillite.

    Le perdant est l’État central, mais aussi l’Union européenne et son idée de communauté, dont l’hésitation la fait paraître démunie face à la présence capillaire de ces organisations sur le terrain. L’argent de l’UE ne financerait donc pas la Mafia, mais pourrait au contraire assurer la présence de l’État en tant qu’ordre juridique souverain, en le dotant de moyens nécessaires au contrôle effectif de son territoire.

    Soutenir financièrement l’Italie grâce au plan d’assurance chômage européenne ou via l’assouplissement des règles de co-financement national pour l’utilisation des fonds structurels signifie doter l’État d’armes concrètes pour contraster les organisations criminelles sur le terrain.

    Sur le plan sanitaire, cette dynamique peut aussi avoir des retombées catastrophiques. L’armée des « invisibles » qui travaillent chaque jour dans les champs et qui vivent dans des conditions d’extrême précarité, n’ayant accès à aucun service ni assistance sanitaire, représente une bombe à retardement. Selon les statistiques, l’Italie, à l’été 2020, aura besoin d’environ 150 000-200 000 travailleurs saisonniers pour répondre aux besoins de la production agricole nationale. La contagion de ces « invisibles » pourrait être la cause d’une puissante deuxième vague de propagation du virus dont personne ne connaît la portée. Le coût de l’hésitation de l’UE pourrait être donc très élevé pour l’ensemble des pays membres. Considérer qu’il s’agit d’un problème propre à l’Italie serait alors une grave erreur, car il existe d’infinis liens de « connexion » qui traversent l’UE de Reggio Calabria à Rotterdam, ici, par pragmatisme, nous en avons choisi un parmi tant d’autres : les tomates.

    La courbe de la défiance européenne

    Le président Emmanuel Macron, dans une entrevue au Financial Times le 16 avril 2020, a affirmé que la création d’un fonds de relance s’imposait, car l’UE fait face au choix fondamental de décider si elle est plus qu’un simple marché économique. Ces mots trahissent le sentiment clair que le manque de solidarité pendant la pandémie a fait grimper la courbe de la défiance entre pays européens, risquant d’alimenter la colère populiste en Europe du Sud.

    « Si nous ne pouvons pas le faire aujourd’hui, je vous dis que les populistes vont gagner – aujourd’hui, demain, après-demain, en Italie, en Espagne, peut-être en France et ailleurs » (..)

    « Je crois que [l’UE] est un projet politique. Si c’est un projet politique, le facteur humain est la priorité et il y a des notions de solidarité qui entrent en jeu… l’économie en découle, et n’oublions pas que l’économie est une science morale »5.

    Les appels à la solidarité se heurtent au blocage de l’Allemagne, des Pays-Bas et d’autres pays de l’Europe du Nord, qui bénéficient massivement, malgré tout, des distorsions du marché européen. Ces déséquilibres sont perpétrés, entre autres, par l’Allemagne, ayant accès au meilleur taux d’intérêt de la Zone euro malgré ses opacités bancaires jamais résolues depuis la crise de 20086, et par les Pays-Bas proposant des régimes fiscaux trop généreux, se traduisant en des aides d’état déguisées offertes à certaines grandes multinationales comme Nike7 et Ikea8.

    L’expérience COVID 19 pourrait représenter une occasion de reconfigurer le multilatéralisme. Pour reprendre les mots du président Macron lors de la même entrevue, « faire payer l’Allemagne à la suite de la Première Guerre Mondiale a été une grave erreur, car cela a ouvert la porte aux totalitarismes ». Le moment est donc venu de changer de paradigme, de cesser la chasse aux sorcières (ou celle au mauvais payeur) pour se placer dans la perspective de relancer l’attractivité du projet européen, à la fois pour les États et pour les citoyens. Dans cette optique, le choc symétrique causé par l’urgence sanitaire est l’occasion idéale.

    Une réponse au niveau étatique s’impose, mais elle n’est pas suffisante. Toute institution nationale a été prise au dépourvu par cette crise, et les collectivités locales ont dû faire face aux déficits du système sanitaire et à la pénurie de matériel essentiel à la protection individuelle (masques, blouses, gants, etc.). Une fois l’urgence passée, il est possible d’envisager que les collectivités locales les plus négligées pourraient utiliser cette réponse défaillante de l’État central pour renforcer les division internes, voire même les envies sécessionnistes.

    Il est indéniable qu’à l’heure actuelle, les grandes différences d’approche entre pays membres de l’UE sont plus que jamais visibles, néanmoins les États n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers l’UE et de s’investir pour la relance du projet politique européen et invertir, enfin, la tendance de la courbe de la défiance mutuelle. S’il y a une leçon que chaque gouvernement a apprise de cette crise, c’est qu’à l’ère de l’économie globale, aucun pays ne peut se dire autosuffisant face à une urgence de cette taille.

     

    [1] https://www.welt.de/debatte/kommentare/article207146171/Debatte-um-Corona-Bonds-Frau-Merkel-bleiben-Sie-standhaft.html et www.welt.de/politik/ausland/article207029077/Corona-Nostra-Die-Pandemie-ist-der-ideale-Naehrboden-fuer-die-Mafia.html
    [2] https://sites.google.com/site/reuniondesgouts/pates-aux-legumes/con-la-pummarola
    [3] Le titre de ce chapitre fait référence à la célèbre enquête du FBI « pizza connection » menée entre 1979 et 1984 https://fr.qwe.wiki/wiki/Pizza_Connection_Trial
    [4] ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Archive:Agricultural_products/fr&oldid=353345
    [5] https://www.ft.com/content/d19dc7a6-c33b-4931-9a7e-4a74674da29a
    [6] http://www.marketwatch.com/story/deutsche-bank-pegs-its-derivatives-exposure-at-about-22-billion-and-faces-challenges-in-shedding-those-assets-2019-07-26
    [7] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/IP_19_322
    [8] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/IP_17_5343

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