Il est difficile d’identifier les causes de notre malaise collectif. En réalité, la situation semble bien plus complexe que ce qui est apparent. D’une île aux fleurs, nous sommes devenus une île aux feux, caractérisée par des barrages et une dissuasion exercée par la force et le nombre, un constat qui suscite une inquiétude légitime.
- Avez-vous pris en considération la possibilité de perdre notre saison touristique, essentielle à la dynamique économique et aux revenus de notre région ?
- Nos artistes auront-ils encore l’opportunité d’exercer leur art ? Les employés des secteurs de la restauration, des bars, des lieux de spectacles et de la vie nocturne seront-ils à même de percevoir leurs salaires ?
- Les incertitudes qui pèsent sur notre pays minent nos atouts. Et après ?
Il est impératif d’atteindre un armistice si nous souhaitons préserver notre territoire et envisager un avenir commun. Bien que les résultats du Rprac puissent être jugés remarquables, ils ne sauraient en aucun cas justifier la violence qui s’est imposée dans notre pays.
- La mobilisation populaire, forte de son soutien, semble persister, mais jusqu’à quand ?
- Combien de petites entreprises devront-elles fermer leurs portes avant que cette dynamique ne s’inverse ?
- Ne pouvons-nous pas envisager des solutions novatrices étant donné que les problèmes sont clairement identifiés et devront être résolus sur le long terme ?
Pourquoi ces exigences et cette radicalité ?
Et si nous explorions la possibilité de créer un nouveau modèle de société ? Une société plus fraternelle, moins passionnée, plus inventive et solidaire, où l’individualisme est tempéré par une écoute active des autres, plutôt que de stigmatiser ceux qui n’adhèrent pas à une opinion commune dans un monde où le virtuel tend à supplanter le réel ? Il se pourrait que nous soyons affectés par une forme d’inconscience devant les souffrances et les conflits qui frappent de nombreux pays.
La négociation a toujours été le fruit d’efforts partagés.
Rêver d’un pays en paix constitue un gage pour notre avenir. Dans le cas contraire, quelles sont nos options ? Je suggèrerai à l’État d’éviter l’installation de nouveaux radars, car cela engendre une défiance que la population ne peut accepter. Il serait plus judicieux de mettre en place des panneaux clignotants, de signaler les zones dangereuses et d’assurer des contrôles réguliers par la police. L’utilisation de radars peut être perçue comme une mesure violente et révoltante.
Quant à nos élus, cette situation représente-t-elle pour eux l’opportunité de s’unir en vue de partager des solutions constructives, ou conduira-t-elle à exacerber leurs oppositions ? Cette situation est douloureuse, il est vrai. Le président de la CTM a annoncé que 27,5 points ont été acquis. L’objectif est de se donner un mois de délai, mais il est essentiel de débloquer la situation, s’il vous plaît.
La Martinique doit capitaliser sur le travail acharné de ses habitants.
Trouvons des solutions, imaginons une utopie fondatrice. Établissons un nouveau rapport social, moins intolérant dans nos interactions quotidiennes. Valorisons la politesse. Identifions la pauvreté et mettons en œuvre des mécanismes adaptés pour la combattre. Consommons moins d’importations et privilégions les produits locaux.
Nous avons besoin d’un monde politique plus convergent, au service de programmes concrets plutôt que de la réélection. Favorisons un dialogue renouvelé entre les jeunes et les générations précédentes, et veillons à ce qu’un plus grand nombre d’Antillais accède à des postes au sein des forces de gendarmerie et de police.
Construisons une société écologique, pacifique, inventive, dotée d’une nouvelle éducation qui exclut toute forme de violence.
Christian Boutant