Avec CNN
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump fait face à un vent de scepticisme inattendu : celui de la « manosphère », cet écosystème en ligne composé de jeunes hommes, d’influenceurs, de podcasteurs et de figures de la culture internet qui avaient largement contribué à sa victoire. Alors que ce groupe lui avait apporté un soutien massif en 2024, de nombreux signaux indiquent aujourd’hui une désaffection croissante.
Un électorat clé en questionnement
Des jeunes hommes comme Justin Centers, ouvrier automobile du Michigan, incarnent ce malaise. « J’ai voté Trump pour éviter de nouvelles guerres, et j’ai été déçu », confie-t-il, résumant un sentiment partagé par beaucoup. Un récent sondage CNN révèle que 60 % des hommes de moins de 35 ans désapprouvent la gestion de Trump, un chiffre en hausse depuis le début de l’année.
Les influenceurs virent de bord
La « manosphère » s’est construite autour de personnalités comme Joe Rogan, Theo Von ou encore Andrew Schulz, qui avaient ouvertement soutenu Trump lors de la dernière campagne. Désormais, ces mêmes voix n’hésitent plus à critiquer la politique du président, qu’il s’agisse de l’intensification de la répression migratoire, du bombardement de l’Iran ou de la nouvelle législation fiscale jugée défavorable.
Même Elon Musk, autrefois allié de Trump, s’est publiquement opposé à ses choix économiques et promet de financer une troisième voie politique. Des communautés inattendues, comme les joueurs de poker professionnels, s’insurgent contre les nouvelles règles fiscales qui les pénalisent.
Le dossier Epstein, goutte d’eau de trop
La gestion de l’affaire Jeffrey Epstein par l’administration Trump a également provoqué la colère d’une partie de la base masculine jeune, qui attendait plus de transparence. Beaucoup se sentent trahis, certains allant jusqu’à envisager de s’abstenir lors des prochaines élections.
Les démocrates à l’assaut de la « manosphère »
Signe de l’importance stratégique de ce public, plusieurs figures démocrates, comme Pete Buttigieg ou Ro Khanna, multiplient les apparitions dans les podcasts populaires de la « manosphère ». Leur objectif : capter ce public en quête de nouvelles alternatives et déçu par Trump.
Un électorat volatil
Malgré ce désenchantement, la plupart des jeunes hommes interrogés restent attachés à des valeurs conservatrices et ne se disent pas prêts à voter démocrate. Pour l’instant, l’abstention semble être l’option privilégiée. Mais cette ouverture à d’autres discours, notamment économiques, pourrait rebattre les cartes lors des prochaines échéances électorales.
La « manosphère », longtemps bastion du trumpisme, est désormais traversée par le doute. Si ce malaise se confirme, il pourrait fragiliser la coalition qui a permis à Donald Trump de revenir au pouvoir, et offrir aux démocrates une opportunité inédite de reconquête.