Le Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes (RPPRAC) a repris ses actions début septembre. Entre revendications sociales et appel à un référendum statutaire, le mouvement s’est accompagné d’affrontements violents qui divisent la classe politique et la population.
Une rentrée sociale sous tension
Le 1er septembre 2025, le RPPRAC a lancé une nouvelle séquence de mobilisation en Martinique. Devant la raffinerie de la SARA, une cinquantaine de militants ont bloqué l’accès avec carcasses de voitures et barrages, avant de publier leur « manifeste des territoires oubliés ». Le texte décline onze revendications : baisse du coût de la vie, hausse des salaires et minima sociaux, réforme du système de santé, restitution des terres, reconnaissance du chlordécone, refus de la loi EVRAS, et surtout l’organisation d’un référendum statutaire sur l’avenir institutionnel de l’île.
Blocages et violences
Le lendemain, l’accès à l’aéroport Aimé-Césaire a été paralysé, provoquant de longues files de voitures et l’exaspération des voyageurs. Trois militants ont été interpellés, dont deux condamnés à de légères peines. Comme en 2024, les tensions ont rapidement dégénéré : tirs d’armes à feu contre les forces de l’ordre, barrages enflammés à Fort-de-France et Schoelcher, dégradations d’une boulangerie, jets de projectiles. Cinq gendarmes ont été blessés par des tirs de plomb. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a réagi en dépêchant 150 gendarmes mobiles supplémentaires. Le préfet Étienne Desplanques a condamné des exactions qui « pénalisent la vie des Martiniquais en cette semaine de rentrée ».
Les élus locaux entre fermeté et dialogue
La séquence a suscité une vague de réactions politiques. La sénatrice Catherine Conconne a exprimé son soutien aux forces de l’ordre, tout en reconnaissant la légitimité d’une partie des revendications sociales. La députée socialiste Béatrice Bellay a condamné des violences qu’elle qualifie de « ciblées contre le peuple, et non d’expression sociale ». Son collègue Jiovanny William soulignant « la nécessité d’un débat institutionnel responsable ».
Le mouvement se défend
Face aux critiques, le RPPRAC a rejeté toute responsabilité dans les affrontements, se présentant comme « pacifique » et accusant les autorités de « propagande » visant à discréditer le mouvement et détourner l’attention des véritables enjeux.
Un arrière-plan institutionnel
Cette flambée sociale intervient alors que la Martinique se prépare à un congrès des élus, convoqué fin septembre pour discuter d’une éventuelle évolution statutaire. Les appels du RPPRAC à un référendum entrent ainsi en résonance avec un débat institutionnel plus large, au moment où l’État peine à rassurer des territoires ultramarins confrontés à la vie chère, à la crise sanitaire du chlordécone et à une insécurité grandissante. On peut légitimement se poser la question de l’opportunité de ce mouvement social à la veille du congrès des élus.
Jean-Paul BLOIS