Le débat sur la taxation des ultra-riches prend une nouvelle ampleur. Alors que Bernard Arnault (LVMH) ou encore l’investisseur Éric Larchevêque dénoncent une mesure « mortelle pour l’économie », plusieurs grands patrons se positionnent désormais en faveur de la taxe Zucman, du nom de l’économiste français Gabriel Zucman.
Une taxe au cœur de la polémique
La proposition vise à instaurer un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Objectif : rapporter environ 20 milliards d’euros par an à l’État et contribuer au désendettement. Depuis son entrée dans l’agenda politique et médiatique, la taxe Zucman divise profondément le monde économique.
Des soutiens inédits
Sur LCI, Michel Picon, président de l’Union des entreprises de proximité, a réclamé « plus de justice fiscale », appelant à taxer davantage les dividendes et revenus financiers. Dans La Tribune du Dimanche, trois figures de la French Tech — Armand Thiberge (Brevo), Jean-Baptiste Rudelle (Criteo) et Marc Batty (Dataiku) — estiment que la taxe Zucman est « nécessaire, applicable, et qu’elle ne découragera pas l’entrepreneuriat ».
Même prudents, d’autres dirigeants s’alignent sur cette idée. Arthur Mensch, cofondateur de Mistral AI, se dit « convaincu qu’il faut plus de justice fiscale », tout en doutant des modalités pratiques. De son côté, Pascal Demurger, coprésident du Mouvement Impact France, juge la mesure « complètement légitime et indispensable ».
Répondre aux critiques
Pour contourner l’objection d’une taxation de patrimoines non liquides, Gabriel Zucman propose d’autoriser le paiement en actions, les entrepreneurs conservant leurs droits de vote. Une option de rachat ultérieure permettrait ensuite de récupérer ces titres une fois les liquidités disponibles.
Un débat mondial
La question dépasse les frontières françaises. Aux États-Unis, plusieurs collectifs de milliardaires plaident eux aussi pour une taxation renforcée des plus grandes fortunes. En juillet, le G20 a validé le principe d’une taxe minimale internationale sur les milliardaires, inspirée des travaux de Zucman, afin de limiter l’évasion fiscale.
Entre scepticisme et adhésion, la « taxe Zucman » illustre un basculement : une partie du patronat reconnaît désormais qu’une fiscalité plus équitable est devenue une condition de stabilité sociale et économique.
Jean-Paul BLOIS