Exhiber ta culotte sur scène, tu crois que c’est de la liberté d’expression. Toi, qui prends le mot “empowerment” pour une excuse en latex, un alibi à la paresse artistique. Tu es persuadée que secouer ton postérieur sur un riddim compressé jusqu’à l’épilepsie, c’est chanter ? Non, c’est juste faire trembler le vide.
Tu es la poupée jetable d’un producteur qui ne connaît de la musique que les algorithmes de Spotify et les placements TikTok. Ce mec n’a qu’un plan : faire du bruit rentable, te déguiser en phénomène pour adolescents en rut, puis te jeter quand la hype s’évapore comme la buée dans un verre de rhum.
Les bad boys, eux, t’applaudissent en serrant leurs bouteilles de Jack Daniels et leurs sticks de shit, mi-hypnotisés, mi-excités, comme des chiens dressés par la vulgarité. Ils ne t’écoutent pas, ils te consomment. Tu es un fast-food sonore, un bokit plein d’huile qu’on engloutit en deux morceaux, avant de jeter le sachet dans la rue, au pied d’un lampadaire cassé.
Ce que tu symbolises, lil’ sista, c’est l’effondrement.
Pas juste le tien, celui d’une île qui se regarde dans le miroir de ses propres clichés.
Le #shatta, né comme un cri du bitume, une musique brute, libre, décomplexée, s’est transformée en caricature pornographique d’elle-même.
Autrefois, on chantait la survie, la douleur, la rue, la débrouille, l’amour même, parfois maladroit, mais sincère. Aujourd’hui, on n’entend plus que des onomatopées sexuelles et des injonctions à “drop it low” comme si la seule manière d’exister c’était de faire transpirer la bassline avec ton entrejambe.
Et pendant ce temps, les anciens regardent.
Ils voient les scènes où la jeunesse se déhanche sans filtre, où les parties génitales deviennent les arguments marketing.
Ils s’indignent, pas parce qu’ils sont prudes, mais parce qu’ils reconnaissent dans cette décadence la signature du désespoir culturel.
Bientôt, oui, on te verra faire un strip-tease dans une fête patronale, sous le regard libidineux d’un maire satisfait, persuadé de “parler aux jeunes”.
Parce que c’est ça, la tendance : la politique se travestit en kermesse lubrique, la culture en tapage obscène.
Et toi, tu crois que t’es libre ?
Non, t’es juste instrumentalisée. Eh ouais.
Ton corps, ton image, ton pseudo, tout est recyclé dans le grand broyeur du buzz. On te vend comme un produit exotique, un fantasme tropical calibré pour la story Instagram. Pendant que tu “flex”, ton image enrichit ceux qui contrôlent la bande FM, les labels, les soirées, les budgets culturels.
Tu n’es pas subversive, tu es soumise à la mode du simulacre.
La shatta est devenue le thermomètre d’une époque malade.
Une génération débranchée de ses racines, fascinée par l’illusion d’exister à travers le corps, les vues, les likes.
Mais derrière les fesses qui bougent, il y a la tristesse d’une jeunesse sans horizon, qui confond provocation et expression, qui croit qu’être vue, c’est être entendue.
La société martiniquaise, elle aussi, s’y perd :
• Des parents complices ou impuissants.
• Des élus qui financent ce cirque en croyant “valoriser la culture locale”.
• Des médias qui célèbrent le vulgaire sous couvert de “vibe”.
Et tout ça, pendant que la musique, la vraie, celle qui élève, conscious, qui dérange, qui raconte quelque chose, se meurt dans le bruit de la médiocrité amplifiée.
Lâche l’affaire, lil’ sista. Vraiment.
Pas parce que t’es une femme, mais parce que t’es vide, sans aucun talent sur scène.
Tant que ton art sera dicté par le désir d’être regardée plutôt que comprise, tu resteras un jouet.
Tu ne feras pas l’histoire.
Tu seras juste une anecdote collée au fond d’un feed, entre une pub pour du fast-food et une vidéo de challenge TikTok.
Mais si un jour, tu décides d’écrire, vraiment écrire, pas juste rimer “culotte” avec “sans capote”, si tu décides de chanter ta colère, ton île, ta vérité, alors peut-être que là, le shatta retrouvera sa flamme originelle.
Parce que la provocation sans conscience, c’est juste du bruit.
Et toi, lil’ sista, tu vaux mieux que du bruit. Check li.”
Franki Vasko