Un enfant termine de ranger sa trousse
En y mettant un tube de colle
Un enfant part pour l’école
Encore une journée seul contre tous
Et toujours tous à ses trousses
Sa mère le regarde faire
Et son cœur se serre
Le sac entre les mains, à genoux par terre
Elle le voit se défaire
Elle ne peut se taire
Elle est sa mère
Elle est démunie
Elle a mal pour lui
Dehors, il bruine, un oiseau s’enfuit
Dans son cœur, tombe la grêle pêle-mêle
Sur ses joues des billes de cristal ruissellent
Et se brisent sur le sol sans bruit.
Il lève les yeux en regardant le ciel et fait une prière,
Il se relève, se tient debout, le sac au dos, son chemin est à faire
Il avance vers l’école de la vie, il avance vers ce calvaire.
La morale ne s’écrit plus
Sans bic, c’est la panique
La morale ne se lit plus
Sans livre, elle s’enlise
La morale ne se dit plus
Sans émetteur, pas de récepteur.
À la garderie,
La morale se joue de nous.
Les vraies mesures pour de faux se jouent.
Faut-il pour de vrai tendre la joue ?
À l’infirmerie,
La morale pense à mal
De l’équipe et de l’éthique médicale.
À la cantine,
La morale pose son plateau, prend place
Sans mot dire, nous fait boire la tasse.
Dans certains dessins,
Représentation de cette dure réalité
Tant de destins brisés
Dans les dessins d’un enfant
Le soleil n’y figure point
Ni de près, ni de loin
Dans le dessein des autorités
Les lignes sont fixes
Quand le drame frappe une fille, un fils
Chaque cas est une nouvelle leçon
Il faut revoir sa copie, voir les textes de loi
Il faut lire entre les lignes. Après, on en fait quoi ?
La morale regarde les hommes qui abondent
Dans un rôle joué pour de vrai à la perfection pour un gain.
Dans une somptueuse pochette-cadeau, une prison clé en main.
Les trois singes de la sagesse inaugurent ce nouveau zoo humain.
Paradoxe sociétal de notre monde.
Le malade imaginaire
Trouve ces maux dans le dictionnaire
Le malheur, la douleur, la peur de ces heures.
Dans la cour,
La vie suit toujours son cours
Jusqu’au jour du non-retour.
À bas ce jour !
À bas ces beaux discours !
À bas ces slogans !
« Plus jamais ça !»
L’histoire se répète,
Et frappe telle la tempête
L’histoire se répète,
Bien qu’on la regrette
L’air que l’on rejette,
Souffle et siffle dans les têtes
Au plus profond de son être,
Il y avait cette requête
Face à cette requête,
Nous avons tous une dette
Dans la tempête,
On mène l’enquête.
Pour ces faits, dits divers, immondes,
Une marche blanche, noire de monde.
Sur une page blanche au milieu d’une table ronde
L’encre noire sera versée pour l’écrire au monde
Pendant la marche, mon enfant me donne la main au sein de la foule qui se mobilise.
Une personne fait de même. Ma main est dans la sienne. En cet instant naît une devise.
Rien de la divise.
Et je m’accroche à cette chaîne immense
À ce réconfort intense
Quoi que l’on dise
De même qu’on ne peut bâtir seul un fort,
Pour le défendre, ensemble on est plus fort.
Marie-Agnès SUIVANT



