Tesla traverse une période de contestation intense autour du plan de rémunération de 1 000 milliards de dollars envisagé pour Elon Musk. La polémique s’est amplifiée lorsque le dirigeant a affirmé, lors d’une conférence téléphonique, qu’il avait besoin de cette récompense gigantesque pour mener à bien son projet de création d’une vaste « armée de robots », incarnée par Optimus, le robot humanoïde développé par l’entreprise.
Ce plan de rémunération, qui offrirait à Musk un pouvoir renforcé au sein du conseil d’administration et l’accès à un millier de milliards de dollars d’actions sur la prochaine décennie, serait le plus généreux de l’histoire des sociétés cotées. Sa proposition survient alors que Tesla connaît une érosion de ses ventes, une chute de sa valeur boursière et une inquiétude persistante sur son orientation stratégique. Nombre d’observateurs reprochent à Musk de privilégier les projets futuristes et les affrontements politiques au détriment du développement automobile qui demeure le cœur de métier de l’entreprise.
Une coalition de syndicats et de groupes de surveillance, regroupée sous le nom de Take Back Tesla, appelle les actionnaires à rejeter le plan lors de la prochaine assemblée générale, en invoquant la dérive politique du PDG, son implication controversée dans le Department of Government Efficiency (DOGE) de l’administration Trump, et son usage intensif de X pour diffuser des positions très marquées. Cette dimension politique a, selon eux, détérioré l’image de Tesla, contribué à des boycotts, déclenché des manifestations et accentué la baisse des ventes. Plusieurs syndicats accusent également Musk d’avoir profité de son rôle au sein du gouvernement pour favoriser ses entreprises, notamment en utilisant des données fédérales ou en accédant à des financements publics au détriment des travailleurs.
Les sociétés d’analyse financière Institutional Shareholder Services (ISS) et Glass Lewis se montrent elles aussi très critiques et recommandent de s’opposer à ce plan, estimant qu’il limiterait la marge de manœuvre de Tesla pour des années et qu’il serait déconnecté des performances réelles de l’entreprise. Face à ces critiques, Musk a réagi avec virulence, qualifiant ISS et Glass Lewis de « terroristes d’entreprise » tout en réitérant sa volonté de conserver un contrôle accru sur Tesla pour mener à bien ses projets d’automatisation avancée.
Dans ce contexte tendu, Tesla apparaît tiraillée entre la vision ambitieuse, parfois fantasque, de son dirigeant, et les inquiétudes croissantes d’une partie des actionnaires, des syndicats et des observateurs qui redoutent l’emprise politique, financière et personnelle que Musk cherche à consolider. L’épisode révèle un fossé grandissant entre l’image de héros technologique attachée à Musk depuis des années et la réalité trouble d’une entreprise fragilisée, entre pertes financières, baisse des ventes et perte de confiance d’une partie du public.
JPB



