Fort-de-France, le 25 novembre 2025
La question peut se poser de savoir ce qui peut justifier que le jugement attendu dans l’affaire C/ Letchimy et consorts ait été mis en délibéré à la date du 19 février 2006, soit deux mois après l’audience du tribunal et un mois avant l’élection municipale de mars 2026. Par ailleurs, la requalification probable de l’accusation de détournement de fonds publics en délit de concussion, le second étant deux fois moins grave en termes de peine de prison et d’amende (cinq ans de prison contre dix, 500 000 € d’amende contre 1 000 000), tend vers un adoucissement de l’affaire. Laquelle, d’après un juriste établi, pourrait se transformer en “pas d’affaire du tout”, tant le délit de concussion lui-même serait, en l’espèce, incertain. Le renvoi à deux mois aurait le mérite de faire tomber la température et de préparer la population à un jugement d’apaisement. En effet, on sait la propension de la justice de manipuler avec des pincettes les affaires mettant en cause des personnalités politiques, surtout martiniquaises.
L’effervescence observée à l’aéroport du Lamentin lors de l’arrivée de Paris du maire de Fort-de-France serait la preuve du bien-fondé de la décision des juges. Par ailleurs, cet incident malheureux qui a trop tendance à se renouveler en Martinique et qui suscite des réactions à géométrie variable, c’est à-dire favorables à leur profusion, pourrait bien se révéler l’acmé de cet épisode politico-judiciaire. Il pourrait soit précipiter la descente aux enfers du maire, soit lui servir de levier pour une remontée dans l’électorat foyalais.
Cette manifestation apparemment spontanée pourrait bien avoir un “effet Samot” ou “anti-Mauvois”. Les populations du Lamentin et de Schoelcher s’étaient regroupées autour de leurs maires qu’elles considéraient comme les victimes, l’un, du procès qui lui avait été intenté, l’autre, des méfaits dont il avait été accusé. Reste que ces affaires avaient permis à leurs protagonistes respectifs de quitter en beauté la scène politique ou à poursuivre une brillante carrière politique.
Parions que les opposants de Didier Laguerre aux prochaines élections municipales sont bien embarrassés par cette péripétie qui, dans un premier temps, pouvait leur apparaître comme une aubaine.
Yves-Léopold Monthieux



