360 630 habitants en 2023. Et après ?
Les derniers chiffres publiés par l’Insee confirment une tendance lourde : la Martinique continue de perdre des habitants. Au 1er janvier 2023, l’île compte 360 630 résidents, soit 12 000 personnes de moins qu’en 2017. La baisse est désormais structurelle et s’explique avant tout par les départs, plus nombreux que les arrivées.

Derrière ces chiffres, une réalité simple : la Martinique se vide lentement, mais sûrement.
Une baisse continue, portée par l’exode
Entre 2017 et 2023, la population martiniquaise diminue en moyenne de 0,5 % par an. Le solde naturel — la différence entre les naissances et les décès — est désormais équilibré. Autrement dit, la démographie ne chute plus parce que l’on meurt plus qu’on ne naît, mais parce que l’on part.
Ce phénomène touche particulièrement :
-
les communes de la côte atlantique,
-
Fort-de-France, qui reste la ville la plus peuplée mais aussi celle qui perd le plus d’habitants,
-
le Nord et le Centre de l’île, où le recul démographique est plus marqué que dans l’Espace Sud.
Ce sont majoritairement les jeunes actifs et les diplômés qui quittent le territoire.
2050 : une Martinique à 250 000 habitants ?
Si rien ne change, les projections démographiques évoquent une Martinique à environ 250 000 habitants à l’horizon 2050. Une chute vertigineuse, aux conséquences majeures.
Moins d’habitants, cela signifie :
-
moins d’actifs pour financer les retraites,
-
un affaiblissement du tissu économique,
-
des services publics plus coûteux et plus difficiles à maintenir,
-
des communes fragilisées,
-
une société vieillissante, avec un ratio actifs/inactifs de plus en plus défavorable.
À terme, c’est le modèle même de la société martiniquaise qui est interrogé.

Un enjeu politique, économique et social majeur
La question démographique n’est pas un simple sujet statistique. Elle conditionne :
-
l’avenir de l’école,
-
l’accès aux soins,
-
le logement,
-
l’emploi,
-
la vitalité culturelle et associative,
-
l’équilibre des finances publiques.
L’exode des jeunes n’est pas une fatalité, mais il est le symptôme d’un malaise profond : manque de perspectives professionnelles, coût de la vie élevé, difficulté d’accès au logement, sentiment d’étouffement économique.
Trouver des solutions, maintenant
Face à cette trajectoire, l’inaction n’est plus une option. Des leviers existent :
-
créer des emplois qualifiés et durables,
-
soutenir l’entrepreneuriat local,
-
adapter les formations aux besoins réels du territoire,
-
faciliter le retour des jeunes partis étudier ailleurs,
-
rendre le territoire plus attractif pour les familles et les talents,
-
repenser l’aménagement, le logement et la mobilité.
La démographie n’est pas qu’une courbe : c’est un choix de société.
Une question simple, mais décisive
La Martinique peut-elle accepter de devenir une île de 250 000 habitants, vieillissante et fragilisée, ou veut-elle se donner les moyens d’inverser la tendance ?
Les chiffres sont là. Le diagnostic est posé.
Reste désormais à transformer l’urgence démographique en projet collectif.
Philippe PIED



