VOICI UN TEXTE À LIRE ET À COMPRENDRE, À MÉDITER PAR TOUS LES MARTINIQUAIS, DE TOUTE ORIGINE…
Philippe Pied
« Les esprits qui cherchent la vengeance détruisent les États ; ceux qui cherchent la réconciliation bâtissent des nations * »
Nelson Mandela
Cette vérité trouve un écho particulier dans le débat autour des descendants d’esclaves et de l’héritage de la traite négrière.
L’esclavage fut un crime. Un crime massif, organisé, déshumanisant. Le nier, le minimiser ou l’édulcorer serait une seconde violence. Mais reconnaître un crime ne signifie pas transformer sa mémoire en instrument de guerre permanente. Car lorsqu’une société enferme une partie de ses citoyens dans une identité fondée uniquement sur la blessure, elle ne répare pas.
La vengeance donne une illusion de justice un sens immédiat à la colère, elle offre un coupable héréditaire, elle simplifie notre société en héritiers de bourreaux et héritiers de victimes.
À l’inverse, la réconciliation n’est pas l’oubli ni la soumission. Elle est un acte exigeant qui suppose la vérité historique, la reconnaissance institutionnelle, l’enseignement rigoureux du passé, et celui de faire du présent un espace résiliant, et non un tribunal perpétuel.
Les descendants d’esclaves ne sont pas les dépositaires d’une douleur destinée à être transmise comme un héritage. Ils sont les héritiers d’une survie, d’une résistance, d’une capacité à transformer l’oppression en culture, en imagination, en création.
Les réduire à la seule figure de la victime, c’est leur voler cette puissance, cette liberté
La justice sans réconciliation engendre la division. La mémoire sans perspectives d’avenir engendre la rancœur, celle qui ne libère personne.
MAX PIED



