En juillet 2010, le célèbre entrepreneur touristique Albert Mongin – surnommé « le roi Mongin » – était reconnu coupable par le tribunal de grande instance, de « dégradations et constructions illégales » sur l’îlet Oscar au François. Ce tribunal lui avait cependant accordé un délai de dix mois pour « régulariser » sa situation, notamment en procédant à une « déconstruction » de ses installations (un désaccord est d’ailleurs survenu sur ce point précis, lors de l’audience correctionnelle du 18 mai dernier, entre le Ministère public et les avocats d’Albert Mongin; les robes noires arguant qu’il avait été demandé à leur client une régularisation « administrative et juridique »). Lors de l’audience précitée, le procureur et la présidente du tribunal indiquèrent que rien n’avait été fait par le prévenu dans le sens d’une déconstruction. En somme, que dix mois plus tard les installations jugées illégales étaient toujours là. « Inconséquence, irresponsabilité, manquements » dans le comportement d’Albert Mongin pour le Parquet; « procès de la discrimination », du « deux poids deux mesures » pour ses avocats. Une ligne de défense des robes noires, fortement caractérisée en effet par un contenu que nous qualifierons d’« historico-ethnique » (béké « contre » nègre, puissant contre plus faible etc.); l’autre exploitant de l’îlet Oscar, Jean-Louis de Lucy, ayant été régulièrement nommé par les avocats… Le procureur requit douze mois d’emprisonnement, 45.000 euros d’amende (pour deux délits: dégradation et exécution de travaux), et 750 euros d’amende à l’encontre d’Albert Mongin. Un réquisitoire suivi par la présidente du tribunal. Image forte ce jour-là, cette condamnation n’empêcha pas les soutiens du prévenu de le porter en triomphe, à l’issue des débats. Avant, pendant, et surtout après l’audience, le nom du maire du François, Maurice Antiste, fut récurrent dans les propos d’Albert Mongin et de ses partisans. L’édile étant accusé en substance de vouloir « mettre en péril », d’un point de vue économique, le chef d’entreprise… Nous avons voulu avoir le « son de cloche » de Maurice Antiste.

Albert Mongin et ses partisans vous accusent de faire en sorte de le « mettre en péril » économiquement. Que répondez-vous à ces propos?

Maurice Antiste: On connaît bien le dicton selon lequel « Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. » Les choses sont extrêmement simples. Oui, il y a un sérieux contentieux entre la ville du François et Mr Albert Mongin. Très sérieux, qui date de longtemps. Mais non, jamais nous n’avons voulu porter atteinte à l’activité économique. La seule préoccupation de la ville, c’est de préserver l’environnement pour les générations qui viennent. La preuve, c’est que nous avons pris un arrêté avec la Préfecture. Un arrêté de protection du biotope, sur cinq îlets déjà; il nous en reste trois à prendre. L’îlet Oscar, où se déroulent les manifestations d’Albert Mongin, est déjà concerné par cet arrêté pour la protection du biotope. Avec des panneaux implantés sur l’îlet.

De quand date cet arrêté?

Cinq ou six ans. Je vais vous dire des choses importantes. Albert Mongin a été condamné en 1990, après un procès intenté par l’ONF (Office National des Forêts, ndr). La municipalité que je dirige arrive aux responsabilités en 1995. Donc on voit bien que le contentieux d’Albert Mongin n’est pas de la volonté de Maurice Antiste. Nous avons sans cesse tenté d’accompagner Albert Mongin, pendant plus de dix ans. Je vous donne des éléments, des preuves. Premièrement, Albert Mongin a été menacé à l’époque d’expulsion de ses bateaux du port de pêche. Parce que son activité ne relève pas de la pêche. Je me suis battu en tant que conseiller général, après l’avoir vu, pour faire rebaptiser le port du François en « port de pêche et de commerce ». De telle sorte que son activité soit protégée, et que ses bateaux restent à quai. Vous voyez bien que ça ne s’appelle pas détruire Albert Mongin. Deuxièmement, il faut savoir qu’entretemps, sur un autre îlet de la ville, nous avons mis une pression terrible sur Albert Mongin, pour qu’il débarrasse cet îlet d’un élevage de cochons libres. Elevage de cochons en liberté sur l’îlet…

 

De que îlet s’agissait-il?

De l’îlet Lavigne, appelé couramment le « gros îlet » au François. Devant la surdité d’Albert Mongin, les services municipaux sont allés enlever ces cochons, pour préserver cette Nature si fragile. Et je peux vous fournir les photos. Troisièmement, nous expliquons à Albert Mongin qu’il ne peut pas recevoir autant de gens sur un îlet, l’îlet Oscar. Nous surprenons Albert Mongin à reverser dans la mer les excréments laissés par ses touristes. Nous avons des photos où l’on peut voir les excréments reversés dans l’eau de mer. Le maire du François n’a pas le droit de demander à Albert Mongin d’arrêter ça? Quatrièmement, nous demandons à Albert Mongin de prendre des dispositions pour ne pas faire la vaisselle dans l’eau de mer. C’est interdit par la loi. Ce n’est pas tout. Autre lieu en danger: la Pointe Courchet. Albert Mongin prend un engin – et ça c’est l’année dernière –, il prend un engin, il coupe un morne dans une zone boisée, une zone protégée, il vous pousse des milliers de mètres cube dans la mer, ensuite il prend du sable sur l’îlet Oscar, transporte le sable de nuit sur cette jetée, qu’il a préparée illégalement, de manière à y recevoir des gens. Nous lui demandons d’arrêter ça, nous lui disons que ce n’est pas possible. Autrement dit Albert Mongin fait ce qu’il veut, se moquant de toutes les autorités. Et ce n’est pas tout. Albert Mongin modifie une petite case qu’il a à la Pointe Courchet, et y met deux étages, contre le règlement du POS (Plan d’Occupation des Sols, ndr), qui règle ces questions d’urbanisme. Il n’entend toujours pas; nous prenons patience. Ce n’est pas terminé. Autre affaire: Albert Mongin a un hôtel sur la terre ferme. Savez-vous que là où il reçoit ses clients, et bien c’est un terrain volé à la municipalité? Il n’est pas sur sa propriété. Nous lui disons d’arrêter. Il finit par accaparer tous les terrains qui sont autour de cette bâtisse. Tous les terrains autour sont la propriété municipale. Et je n’aurais pas le droit de lui demander de restituer les terrains à la municipalité? Voilà, en gros, ce que nous reprochons à Albert Mongin. Nous lui reprochons également de mettre 400 à 500 personnes d’un coup sur l’îlet. De bétonner l’îlet, de carreler l’îlet… Nous lui demandons d’arrêter.

A votre connaissance, combien de clients d’Albert Mongin se rendent-ils, en moyenne, à la Baignoire de Joséphine puis sur l’îlet Oscar?

Albert Mongin, à lui tout seul, réussit à mettre 400 à 500 personnes sur l’îlet Oscar…

Suite dans l’article dans le magazine papier…

 

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