Qui êtes-vous André Siganos? Recteur d’académie depuis bientôt deux ans, on le sait, mais à part cela? Et bien l’homme possède une très solide formation littéraire – docteur d’Etat en littérature générale et comparée, professeur des universités –, et fut président de l’université Grenoble 3. Des responsabilités à l’international également. Il assuma en effet les fonctions de directeur-adjoint de l’institut franco-japonais de Tokyo, puis, toujours dans la capitale nipponne, de conseiller culturel près l’ambassade de France. Nommé directeur-adjoint de la coopération scientifique et universitaire, au ministère des Affaires étrangères, il développera les collèges doctoraux franco-japonais, franco-brésiliens, etc. Enfin, André Siganos est l’auteur de plusieurs ouvrages. Outre des sujets incontournables – les suppressions de postes, singulièrement en Martinique – cette rencontre fut également l’occasion de connaître la relation de l’homme à notre pays: sa société, sa culture, ses survivances…

 

Ce sont vos premières fonctions en tant que recteur, une question de profane en préambule: comment ça se passe, en termes de procédure? Avez-vous fait acte de candidature?

André Siganos: Vous pouvez éventuellement faire savoir que vous seriez disposé à accepter une responsabilité de ce genre. De toute façon, c’est toujours de la cooptation. On vient vous chercher. Et, même si on vient vous chercher, encore faut-il que vous ayez cinq feux verts: de l’Elysée, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, du ministère de l’Education nationale, du secrétariat général du gouvernement, notamment. Si un seul de ces feux n’est pas vert, vous ne serez jamais nommé. La deuxième chose, c’est que vous ne pouvez formuler aucun vœu.

 

C’était ma prochaine question.

J’ai été vraiment ravi d’être nommé en Martinique. On m’a expliqué qu’on souhaitait me nommer ici, parce que j’avais un passé plutôt international. Et donc j’étais vraiment ravi de cette occasion de continuer à exercer mes talents dans un milieu plutôt interculturel, et avec un environnement international affirmé. Mais, si on m’avait nommé dans Dieu sait quelle autre académie, de toute façon c’est ou vous prenez, ou on ne viendra plus jamais vous chercher. C’est aussi simple que ça.

 

Ça règle la question très vite.

(Sourire) Et enfin, vous le savez sans doute, notre mission est susceptible d’être terminée tous les mercredis matin en conseil des ministres. Et nous avons 48 heures pour quitter notre poste dans ce cas-là.

 

C’est arrivé fréquemment?

Fréquemment non, mais c’est déjà arrivé, y compris ici.

 

Et dans ces cas-là, est-on au moins informé des raisons?

On est informé la veille au soir, avant le conseil des ministres. Je pense qu’on a les larmes aux yeux et sans doute un très fort sentiment d’injustice, ce qui est bien naturel, car on a dû faire une grosse bêtise, dont on ne s’est pas aperçu. Mais ça fait partie de notre contrat moral, signé avec le Président de la République.

Vos collaborateurs ou prédécesseurs vous ont-ils indiqué d’éventuelles « spécificités » quant aux fonctions de recteur aux Antilles-Guyane, et singulièrement en Martinique? Peut-être en termes de rapport aux syndicats?

Non, surtout par rapport au pays lui-même. Lorsqu’on vient de l’Hexagone, et même si on est venus passer quelques jours en tant que touriste, on n’imagine pas une seconde la complexité de notre pays. Et en particulier, on m’a bien prévenu que nous étions encore dans une société très fortement…

Cloisonnée?

Oui, on va dire cela comme ça. Et fonctionnant encore, Lilian Thuram me le rappelait, sur la couleur de peau. Ce qui est, pour quelqu’un qui arrive de l’extérieur, complètement inimaginable. Qu’on puisse encore raisonner comme ça au 21ème siècle.

Vous l’avez ressenti ça? Dans des propos, des

 

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