Solidarité contrainte ou acceptée ?
La Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) a adopté son budget primitif 2025 à hauteur de 1,457 milliard d’euros, en légère hausse par rapport à 2024. Derrière cet équilibre global se cache une réalité complexe : près d’un tiers de ces crédits sont absorbés par des missions qui devraient relever de l’État, réduisant d’autant la capacité d’action de la collectivité sur ses compétences propres.
Un budget globalement stable mais sous tension
Sur le total voté, 989,3 M€ sont consacrés au fonctionnement et 378 M€ à l’investissement. La part réservée à la solidarité sociale reste dominante : 415,6 M€, dont 333,7 M€ affectés au RSA, à l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) et à la Prestation de Compensation du Handicap (PCH).
En comparaison, le budget 2024 atteignait environ 1,4 milliard d’euros, avec une exécution marquée par un déficit de fonctionnement (–26,2 M€) compensé par un excédent en investissement (+40,9 M€). La CTM avait alors dégagé un solde consolidé positif (+2,7 M€), mais dans un contexte d’érosion de sa capacité d’autofinancement.
Les investissements structurants maintenus
Malgré ces contraintes, la CTM consacre 378 M€ à des projets structurants : 8,9 M€ pour l’eau potable,
7,7 M€ pour l’extension du TCSP (Transport en Commun en Site Propre),
5,8 M€ pour les initiatives culturelles et scientifiques.
Ces sommes s’ajoutent à des enveloppes destinées à l’éducation, la formation, la jeunesse, la santé, le sport et la valorisation de l’identité martiniquaise.
L’objectif est clair : préserver l’investissement comme levier de développement territorial et de rayonnement, malgré une conjoncture budgétaire tendue.
Des charges indues : près de 500 M€ de dépenses « d’État »
Une analyse fine des lignes budgétaires révèle que la CTM prend à sa charge des missions qui devraient relever du financement national :la solidarité nationale (RSA, APA, PCH) : 333,7 M€; les
autres aides sociales : ≈ 80 M€; la santé et hôpitaux (participations au CHU, hôpitaux de proximité) : ≈ 40–50 M€; la continuité territoriale aérienne : ≈ 10–15 M€; la écurité civile (soutien aux pompiers, forces de l’ordre) : ≈ 5–10 M€. Soit un total estimé : 470 à 490 M€, soit environ un tiers du budget global.
Ces dépenses, non compensées par l’État, grèvent fortement les marges de manœuvre de la collectivité. En les retranchant, le budget « net » de la CTM se situe autour de 977 M€, concentré sur ses missions propres (lycées, formation, développement économique, infrastructures locales, culture).
Un dilemme politique et institutionnel
Cette substitution de la CTM à l’État nourrit le débat sur l’évolution institutionnelle. Trois options sont aujourd’hui au cœur des discussions :



