Le Nouvelliste
Frantz Duval –
Il se passe des choses dans le dossier Haïti. À l’international. Des réunions se sont tenues à l’Organisation des États américains (OEA) et à l’Organisation des Nations unies (ONU) au sujet d’Haïti, cette semaine de fin août 2025. Des décisions se dessinent.
L’OEA avance avec sa proposition de feuille de route qui va au-delà du mandat du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Pour ne pas dire que cette feuille de route ne pourra être mise en branle, avec financement et autres ressources, qu’après le 7 février 2026. La question reste entière : sera-t-elle enclenchée avec un leadership renouvelé ou relégitimé à la tête du pays, ou avec un CPT expert en défaillance ?
Pour le projet de Force de Répression des Gangs préparé par les États-Unis et le Panama et actuellement en circulation au Conseil de Sécurité des Nations unies, il paraît évident que la confiance dans les forces haïtiennes pour collaborer est très faible. Après des années de balbutiements et d’échecs, la Police nationale d’Haïti (PNH) et les Forces armées d’Haïti (FADH) doivent être redynamisées. Mais qui en prendra la charge ? Qui peut et veut s’y atteler vraiment ?
Si les Haïtiens ne se préoccupent pas sérieusement des aspects politiques et sécuritaires, tout indique que l’essentiel nous échappera et que d’autres prendront la main, après tant de déconvenues pilotées par la classe politique dans son ensemble. Les erreurs de nos dirigeants, et leur tendance à s’abonner aux mauvaises solutions, sonnent comme des appels à une mise sous tutelle ou à un abandon du dossier Haïti.
À quelques mois du 7 février 2026, alors qu’aucune sortie de crise ne se profile à l’horizon pour aucune de nos crises, on peut se demander quelle est la pire option pour le pays et ses habitants. Après avoir raté l’après-séisme, allons-nous rater l’après-gangs ?
Nous, Haïtiens, sommes-nous conscients qu’en cas de persistance de nos grandes défaillances, la prise en main ne fera même plus semblant de compter avec nos dirigeants et leurs ambitieux héritiers qui n’ont gagné aucune élection ni fait de révolution ? On en est encore très loin, mais il faut déjà y penser pour ne pas se faire surprendre comme lors du séisme de 2010.