Cayman compass
Le système éducatif des îles Caïmans se trouve à la croisée des chemins, car il doit déterminer comment préparer les enseignants et les élèves à l’intelligence artificielle dans les délais impartis au niveau régional, tout en maintenant les normes, la responsabilité et la confiance au centre du dispositif.

La décision du Caribbean Examinations Council (CXC) concernant l’autorisation de l’utilisation de l’IA en 2026 est imminente. La tâche des îles Caïmans est simple : elles doivent fournir aux enseignants des directives claires et pratiques avant l’entrée en vigueur des nouvelles règles, alors que la politique nationale est encore en cours de finalisation.
De la planification à la pratique
La question immédiate n’est pas philosophique mais pratique : que peuvent faire les écoles au cours du prochain trimestre pendant que le cadre national est clarifié ? Les îles Caïmans peuvent concilier rigueur politique et préparation des salles de classe grâce à une approche à deux volets qui aligne la stratégie sur les réalités quotidiennes de l’enseignement.
Le volet A concerne la gouvernance et la stratégie. Il s’inscrit dans la continuité du processus formel d’élaboration des politiques, notamment l’obtention des budgets, la confirmation des normes de suivi et la finalisation des orientations nationales. Les décisions à venir des autorités éducatives définiront le cadre et le calendrier à long terme. Ce processus doit se poursuivre de manière réfléchie, sans toutefois entraver la capacité d’action des établissements scolaires.
Le volet B comprend des activités de préparation et de renforcement de la confiance. Parallèlement, les établissements scolaires peuvent mettre en œuvre une courte phase structurée de « préparation à l’IA » de décembre 2025 à février 2026. L’objectif est de renforcer la confiance des enseignants et leurs connaissances de base en IA avant le début des évaluations CXC de 2026. Cette approche permet aux enseignants d’apprendre, de tester des idées et d’identifier les risques dans le respect des directives établies.
Un plan de préparation pratique
La première phase est une formation d’orientation, qui peut avoir lieu en novembre et décembre de cette année.
Durant cette phase, les enseignants participent à de courtes sessions pratiques couvrant les bases de l’IA, les autorisations du CXC et les principes essentiels de confidentialité et d’éthique. Dispensés lors des journées de formation continue ou à d’autres dates convenues par les formateurs de l’University College of the Cayman Islands, ces ateliers permettent aux enseignants de repartir en classe avec un guide d’une page et une boîte à outils simple, immédiatement utilisables.
La phase suivante, axée sur la mise en pratique, pourra se dérouler durant les deux premiers mois de 2026. Un petit groupe d’enseignants sélectionnés participera à un essai utilisant une IA à faible risque capable, entre autres, de générer des amorces de cours, d’ajuster des grilles d’évaluation ou de rédiger des commentaires. Les participants consigneront ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et le soutien nécessaire. Ces observations constitueront la première base de données probantes locale des îles Caïmans concernant l’IA en milieu scolaire.
La troisième phase, qui peut se dérouler en mars 2026, est axée sur la réflexion et l’intégration.
Les établissements scolaires rédigent de courts rapports et recueillent les observations des enseignants. Ces synthèses sont ensuite partagées avec les autorités compétentes et les responsables du développement professionnel afin d’alimenter le plan national de formation et de mise en œuvre pour 2026-2027.
Gouvernance agile
Les établissements scolaires peuvent organiser des séances d’orientation et des projets pilotes en attendant la finalisation de la politique officielle. Ces séances peuvent s’intégrer aux créneaux de développement professionnel existants et s’appuyer sur les ressources actuelles en technologies de l’information et de la communication. Un compte rendu succinct de chaque activité permettra d’établir des synthèses trimestrielles, garantissant ainsi la transparence et la cohérence du travail avec l’évolution de la politique.
Cette approche répond aux besoins des responsables politiques, leur permettant de conserver la coordination, les normes et la supervision, ainsi qu’aux besoins des enseignants, qui bénéficient d’une formation en temps opportun et acquièrent de la confiance avant que les élèves ne commencent à utiliser l’IA.
Le rôle de l’UCCI et de l’expertise locale
L’UCCI peut mener des recherches en observant comment les enseignants s’adaptent et en publiant des mises à jour brèves et claires sur leur niveau de préparation.
« La transformation numérique n’est pas une dépense superflue ; lorsqu’elle est planifiée de manière stratégique, c’est un investissement dans l’efficacité, l’innovation et la compétitivité à long terme », a déclaré Nanalie Cover, vice-présidente des opérations commerciales de l’UCCI.
La position de ses dirigeants est claire : la transformation numérique, bien planifiée, est un investissement dans l’efficacité et la compétitivité, et non une dépense superflue. En recueillant des données locales sur les pratiques en classe et sur les initiatives des enseignants, qu’ils perfectionnent et conservent, l’UCCI peut contribuer à l’élaboration d’un modèle fondé sur l’expérience propre aux îles Caïmans, plutôt que d’un modèle importé d’ailleurs.
La préparation doit être réaliste, pratique et conforme aux politiques en vigueur. La formation doit s’intégrer à la semaine scolaire et comprendre de courtes séances de perfectionnement professionnel, des outils pédagogiques simples pour la classe et des attentes claires en matière de confidentialité, de divulgation et d’éthique.
Grâce à une coordination au sommet et à une préparation optimale sur le terrain, le pays pourra aborder l’année 2026 préparé, sans pression et équipé pour guider les étudiants dans l’utilisation de l’IA de manière éthique, créative et confiante.
Si l’intelligence est le moteur et la confiance le fondement, alors la préparation est le pont qui permettra à l’éducation de faire entrer l’éducation en toute sécurité dans l’ère de l’IA.
Eustache Placide est professeur d’informatique et d’intelligence artificielle à l’University College of the Cayman Islands. Les opinions et idées exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les positions ou politiques de l’UCCI.



