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    Home » Césaire et Giscard d’Estaing : un rendez-vous manqué au cœur d’une époque troublée. Par Yves-Léopold Monthieux
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    Césaire et Giscard d’Estaing : un rendez-vous manqué au cœur d’une époque troublée. Par Yves-Léopold Monthieux

    mars 14, 2025Mise à jourmars 14, 2025Aucun commentaire
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    En décembre 1974, la Martinique s’apprête à vivre un moment politique historique : la rencontre entre Aimé Césaire, figure majeure de la pensée autonomiste, et Valéry Giscard d’Estaing, président fraîchement élu, promet un face-à-face d’envergure. Pourtant, cet échange tant attendu n’aura jamais lieu. Entre tensions sociales, mobilisation indépendantiste et contraintes sécuritaires, cet épisode témoigne des crispations de l’époque et des enjeux politiques d’un territoire en quête de reconnaissance.

    Yves-Léopold Monthieux revient sur cet événement et ses conséquences, dans un contexte où la Martinique était en pleine effervescence politique.


    Césaire et Giscard d’Estaing : la rencontre manquée.

    La rencontre entre le président de la République Valéry Giscard d’Estaing et le maire de Fort-de-France Aimé Césaire prévue lors de la visite présidentielle de décembre 1974 en Martinique, était annoncée comme un moment de solennité où le député-maire reviendrait sur l’autonomie. Ce serait en quelque sorte la réponse du maire au succès qu’avait rencontré le président dans l’après-midi sur la place de la Savane. Il était attendu un duel de haut niveau intellectuel et politique entre le champion martiniquais et le président de la république. De sorte que l’annulation de la rencontre a été perçue par certains comme une dérobade de la part du président de la République. On ne connaîtra pas le contenu des projets de discours respectifs prévus par les illustres intervenants. Mais on attendait plutôt la survenue de rapports apaisés. VGE, qui avait déjà pris quelques mesures libérales au plan national, voulait semble-t-il rompre la glace avec les DOM.

    En cette soirée de décembre 1974, le Groupe Révolution Socialiste (GRS) a peut-être été un facteur involontaire du renoncement du président de la République à se rendre à la mairie de Fort-de-France. Ainsi, les militants ont pu prendre la revanche de la mésaventure qu’ils avaient subie dans l’après-midi où leur banderole hostile à la venue du président avait été saisie par la police. Le chef de l’Etat ayant été accueilli sur la Savane vers quinze heures, le protocole avait prévu qu’il se rende à la résidence préfectorale (« pour se rafraichir ») avant de rejoindre l’hôtel de ville à 17 heures. Quittant la Savane, une bonne partie des 50 000 Martiniquais (chiffre paru dans France-Antilles) s’est tout naturellement dirigée vers l’hôtel de ville. Les rues ont été aussitôt investis par la foule, ce qui rendra difficile voire impossible, deux heures plus tard, l’accès du cortège présidentiel à l’édifice municipal où l’attendait le maire. Les militants du GRS furent les premiers arrivés aux abords de la mairie, investissant la rue de la République, côté hôtel de ville, au croisement de la rue Victor Sévère qui avait été dégagée. Juste derrière le cordon de policiers qui, en l’absence de barrières de protection, se tenaient par le coude. A la moindre fausse rumeur d’arrivée du président, cette frêle barrière humaine s’écroulait sous par la poussée de la foule et livrait le passage aux militants indépendantistes, qui s’y retrouvaient presque malgré eux. Ainsi, cette présence du GRS n’a pas pu être étrangère à la décision finale du service de sécurité de s’opposer à la venue du président.

    Lors des prises de paroles qui ont accompagné la vaine attente, l’entourage du maire a feint de croire à la volonté délibérée du président de la République d’éviter la rencontre. En face, sur le trottoir du collège Perrinon, s’animaient les journalistes accrédités et l’état-major de l’Elysée. J’ai vécu en temps réel cette animation et entendu les propos qui s’échangeaient avec la résidence préfectorale. Les difficultés d’approche de l’hôtel de ville étaient débattues, des alternatives envisagées. Celle consistant à faire arriver le président par hélicoptère à l’arrière de la mairie fut rejetée par ce mot d’un responsable de la sécurité présidentielle : « on ne fera pas entrer le président par les chiottes ». Pendant ce temps, Camille Darsières, faisait monter la température notamment par la déclaration suivante : « notre patience a des limites ! ». Il allait ponctuer la décision finale en déclarant que l’enceinte de la mairie était la « première parcelle libérée »de la Martinique. Finalement, après avoir euphémisé sur un ton amusé la fuite du coq gaulois face au coq martiniquais, le maire invita l’assistance à rejoindre paisiblement ses foyers.

    Ainsi donc, après le succès de la manifestation populaire de l’après-midi sur la place de la Savane, cette rencontre manquée fut considérée par le président de la République comme un échec. Le lendemain, dans l’après-midi, ce dernier voulut opérer un rétablissement en organisant une visite impromptue chez l’habitant. Au quartier Rive-droite, route de la Corniche, il se fit déposer près du garage Ford puis remonta la route à pied jusqu’au salon du coiffeur du coin où il pénétra. Les téléspectateurs de l’époque se rappellent l’image du président buvant à même le goulot de la bouteille d’eau de Didier qui lui a été amenée de l’épicerie d’en face. Le pauvre artisan-coiffeur venait de commettre l’erreur de sa vie. Dès le lendemain une benne à ordures béante fut disposée sous sa fenêtre. Ses clients ayant fui les odeurs insupportables, il dut fermer boutique. L’on ne sût pas si le décès de cet homme, quelques mois plus tard, eut un rapport avec la visite de son illustre visiteur.

    Il convient de rappeler dans quel contexte s’était déroulée la visite présidentielle. Au plan social et politique, les années 1970 furent sans doute les plus chaudes du demi-siècle. Elles furent marquées par une suite d’évènements qui ont marqué durablement la Martinique : l’élection des premiers maires indépendantistes Edouard Jean-Elie et Alfred Marie-Jeanne ; la visite chahutée de Pierre Messmer, alors ministre d’Etat des DOM ; la Convention du Morne-Rouge sur l’autonomie du Parti communiste martiniquais ; l’échec de l’union de la Parole au peuple à l’élection législative de 1973 – étroitesse de la victoire d’Aimé Césaire, arrachée par une trentaine de voix à son adversaire de droite ; les événements de Chalvet en février 1974 ; des manifestations récurrentes de la part des gauchistes ; des manifestations de rue des syndicats d’ouvriers du bâtiment, de travailleurs du port et même des médecins autonomistes. Bref, la radicalisation de la situation sociale et politique avait créé un climat tel que des observateurs n’hésitaient pas à parler de situation « prérévolutionnaire ». Il en était résulté un raidissement des rapports entre la gauche martiniquaise et le gouvernement, que la mésaventure de l’hôtel de ville n’a pas atténué. Au contraire, ce furent la parution du slogan du Parti progressiste martiniquais : « l’autonomie étape vers l’indépendance » ; la partition du parti socialiste entre les non autonomistes et des autonomistes ; le « discours des 3 voies et 5 libertés » de Césaire ; la petite phrase de Camille Darsières : « Européens faites vos valises… » ; l’audacieuse démission du conseiller général Arthur Régis, élu du PPM ; le traumatisme des fonctionnaires après la suppression du congé administratif et l’évocation d’une possible suppression de la majoration de 40% des salaires.

    En dépit de tous cela, les Martiniquais n’allaient pas tenir rigueur à Giscard d’Estaing qui fut plébiscité en Martinique à l’élection présidentielle de 1981, avec 79 % des suffrages. Tout sera ensuite fait pour que ce résultat ne se renouvelle pas, notamment en posant une question claire sur l’évolution statutaire.

    Fort-de-France, le 3 décembre 2020

    Yves-Léopold Monthieux

     

     

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