L’Agence Nationale de la Recherche (ANR), établissement public dépendant du ministère de la Recherche, la Collectivité Territoriale de Martinique et la Région Guadeloupe ont annoncé, le 10 mars dernier, le cofinancement et lancement d’un premier appel à projets conjoint, « Recherche, développement et innovation», relatif à la contamination de nos vies et environnements par la funestement ‘’célèbre’’ chlordécone. Présentation non exhaustive de cette première.

M. Serge Letchimy (MI)

Un appel à projets qui s’inscrit, plus précisément, dans le cadre du volet ‘’recherche’’ du « IVème plan stratégique de lutte contre la pollution par la chlordécone » (ou « Plan Chlordécone IV » 2021-2027), dont l’un des objectifs affichés est notamment de « développer une recherche transversale, afin de poursuivre et renforcer les mesures déjà engagées pour réduire l’exposition des populations à la chlordécone » aux Antilles françaises. En outre, il a déjà été annoncé par ladite Agence que d’autres appels à projets seraient lancés à l’issue de cette première, et que le financement global apporté par l’ANR aux équipes de recherche sur ces différents appels, était fixé à 8,8 millions d’euros.

« Ces moyens permettront de poser les bases d’une société post-chlordécone »

Pour Thierry Damerval, le Président Directeur Général de l’ANR, ce premier appel à projets conjoint est « le fruit du renforcement de notre collaboration avec les régions antillaises, permettant un effet-levier pour répondre à des questions de recherche ancrées dans les territoires. » Quant au président du Conseil exécutif de la CTM, Serge Letchimy, ce dernier a notamment déclaré que la participation financière (« maximale ») de ladite Collectivité serait de 1,5 millions d’euros pour cet appel conjoint (dont le montant total est annoncé « à près de 6,6 millions », ndr). Pour le mèt piès de l’exécutif par ailleurs, ces « moyens importants permettront notamment de financer des projets de recherche sur la dépollution de notre environnement, de notre alimentation » et permettront rien de moins que de « poser les bases d’une société post-chlordécone ». C’est dire l’espoir affiché par Serge Letchimy quant à cette nécessaire conjonction entre financement et recherche(s). Puis, après avoir ajouté que « les recherches sur la chlordécone sont enfin érigées comme priorité stratégique de la politique de recherche publique française », le dirigeant martiniquais d’en conclure que c’est là « un début de cheminement vers la réparation. » Une vision, forcément subjective, des formes que doit prendre la « réparation » dans ce scandale de la contamination de nos vies par la chlordécone. Une vision subjective mais certainement pas exhaustive.

M. Ary Chalus, president de la Région Guadeloupe (DR)

Par la voix de son président Ary Chalus, la Région Guadeloupe, autre partenaire de cet appel à projets conjoint, a elle notamment fait savoir que l’Europe, via les fonds européens FEDER pour ladite collectivité régionale, interviendraient à hauteur, eux-aussi, de 1,5 millions d’euros (« ce qui permettra de financer les équipes de recherche locale qui candidateront », ajouta le dirigeant guadeloupéen).

« L’ensemble des futurs projets doit s’inscrire dans l’approche dite one health, une seule santé » 

Pour Anne-Hélène Prieur-Richard, responsable du Département ‘’Environnement, Ecosystèmes et Ressources biologiques’’ à l’ANR, l’ensemble des futurs projets doit s’inscrire dans l’approche dite one health, ‘’une seule santé’, qui est une ‘’approche-système’’ transversale et interdisciplinaire, liant les différents ‘’compartiments’’ d’un écosystème en y intégrant les sociétés et populations humaines.

Trois axes de recherche sous-tendent cet appel à projets conjoint : le premier (axe) porte sur le développement de méthodes et d’outils de prévention aux expositions, c’est-à-dire « abaisser les causes et facteurs de risques », explique la responsable (un premier axe incluant toutes les méthodologies de remédiation-dépollution des milieux) ; le second axe s’adressera aux questions d’interface entre science et société(s), c’est-à-dire mieux comprendre tous les aspects de sciences humaines et sociales, mais également de travail participatif entre acteurs académiques et porteurs d’enjeux ; enfin le troisième axe portera sur le développement de solutions innovantes, à la fois pour répondre à des questions de prévention à court et long terme, c’est-à-dire des questions « de résilience des socio-écosystèmes caribéens ». De manière pratique et en dernier lieu, les propositions de projets doivent être déposées, au plus tard, le 30 mai prochain sur le site internet de l’ANR (www.anr.fr), la sélection sera faite entre juin et octobre prochains, et l’annonce des lauréat.e.s est prévue pour la fin d’année.

Mike Irasque  

 

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