Le nouveau directeur général du Centre Hospitalier Universitaire de Martinique (CHUM), Jérôme Le Brière, s’est récemment présenté aux martiniquais.es, via une conférence de presse le 04 mars dernier. Premiers éléments de contact.
Dans son propos introductif Jérôme Viguier, le directeur général de l’ARS-Martinique a rappelé que parmi d’autres prétendant.e.s à ce poste, la candidature de Jérôme Le Brière avait été retenue, de façon unanime, par un jury composé de la doyenne de la Faculté de Médecine de l’Université des Antilles (le Pr Suzy Duflo), du président du conseil de surveillance du CHUM (Yvon Pacquit), du président de la Commission Médicale d’Etablissement (le Pr François Roques) et de lui-même. Un choix qui fut validé par le ministre de la Santé (Olivier Véran) puis par Emmanuel Macron qui a donc nommé, fin février, Jérôme le Brière à ce poste. Un nouveau directeur général du CHUM qui apparut à ce jury, poursuivit Jérôme Viguier, comme une personne « dynamique, structurée, habituée au dialogue et à la mobilisation des équipes. » Et d’ajouter : « Sa motivation pour ce poste est très claire et affirmée, y compris dans l’adversité actuelle qu’il ne méconnaît pas. »
« Rétablir un niveau de dialogue social plus important »
Quant à la ‘’feuille de route’’ de Jérôme Le Brière, le responsable de l’ARS en énuméra les axes majeurs. Des objectifs certes essentiels et ambitieux, mais qui ne seront pas des sinécures. Qu’on en juge : « Garantir la qualité et sécurité des prises en charge des patients ; utiliser le maximum de leviers, en lien avec les acteurs du territoire, pour attirer et fidéliser le personnel médical et paramédical, tout en développant les coopérations indispensables à la politique de l’établissement (…) positionner le CHU en tant qu’établissement-pivot de référence, autant pour la Martinique que pour la coopération renforcée avec les états voisins de la Caraïbe (…) rétablir un niveau de dialogue social plus important ; accompagner stratégiquement l’ensemble des projets immobiliers qui concernent ce CHUM. »
« Il y a 250 personnes actuellement suspendues au CHUM »
S’exprimant à la suite du dirigeant de l’ARS, Dominique De Wilde (l’administratrice provisoire ayant assuré l’intérim à la tête du CHUM après le départ de l’ancien directeur général) a notamment évoqué le sujet, hautement sensible depuis ces dernières semaines, des suspensions de professionnel.le.s n’étant pas en conformité avec l’obligation vaccinale. « Aujourd’hui 75% des personnels soignants sont vaccinés », assura Mme De Wilde, « et chaque jour en ce moment, entre 40 et 50 justificatifs de vaccination parviennent à la DRH (ressources humaines, ndr). » Puis d’ajouter : « Je dois dire aussi qu’il y a des suspensions, mais tous les jours il y a aussi des retraits de suspension(s) compte tenu de cette évolution. » Une administratrice provisoire qui fit alors état de « 250 personnes actuellement suspendues au CHUM ». A suivre. Et le nouveau mèt piès de l’institution hospitalière de se diriger vers le pupitre.
« Je suis conscient des enjeux et difficultés »
« Le respect guide mon action », affirma Jérôme Le Brière quant à ses ‘’valeurs’’, « le respect du cadre, d’autrui, des soignants, des patients. » Avant d’ajouter : « Je suis conscient des enjeux et difficultés. Ma priorité est que notre CHU aille bien. Soignons nos soignants et notre communauté médicale et hospitalière, pour qu’elle soigne bien les martiniquais. » S’il a exercé des fonctions de direction dans diverses structures (EHPAD, hôpital psychiatrique, établissements médicaux), Jérôme Le Brière glissa que sa nomination à la tête du CHUM était une promotion ; ce breton âgé de 43 ans n’ayant jusque là jamais dirigé une structure universitaire et aussi importante en nombre de personnels (près de 7000, ndr). Puis de poursuivre : « La notion de sanctuarisation du CHU est pour moi un élément essentiel. Protégeons notre CHU. » Des mots et appel qui seront peut-être incarnés dans les temps à venir… . « Un élément essentiel également pour moi est le maillage territorial, lutter contre l’inégal accès aux soins et le renoncement aux soins », énuméra alors Jérôme Le Brière, « également travailler à l’attractivité du CHU et à la notion de fidélisation de nos professionnel.le.s de santé. » Autant d’enjeux. Et de challenges.
« Dans votre mission il faudra que vous appreniez à comprendre »
« Il y a eu beaucoup de souffrance collective, beaucoup de souffrance familiale », déclara le Pr François Roques achevant la séquence des communications, « toutes les familles ont été touchées, il y a eu un ‘’volcan sanitaire’’. » Et de poursuivre, s’adressant à Jérôme Le Brière : « Vous arrivez à un moment particulier, qu’on souhaite être un moment de redémarrage. Notre hôpital a été brocardé, critiqué, mais c’est un bel outil ; c’est l’œuvre de générations et générations de soignants, de médecins. Cet outil est face à des défis extrêmement structurants ; le plus important est celui de la reconquête de la confiance. Et donc le problème crucial d’attractivité. Oui c’est le plus difficile, mais ce qui est devant nous est magnifique. Et si on arrive à ressouder les gens, il y a quelque chose à reconstruire pour nous tous. » Puis François Roques de conclure par ce conseil : « Il va falloir que vous vous efforciez pendant les mois qui viennent à essayer de comprendre la Martinique. Je sais que vous y avez des attaches (M. Le Brière a indiqué que son beau-père est martiniquais, ndr) donc vous aurez peut-être une capacité plus importante que d’autres à la comprendre. Quand on est un ancien de la Martinique comme moi on y est attaché, parce qu’il y a des choses belles dans les valeurs humaines, comme il y a des choses qui sont un peu violentes parfois. Donc dans votre mission il faudra que vous appreniez à comprendre. Bonne chance dans cette mission. » Cet appel d’un « ancien de la Martinique » sera-t-il entendu ?
Mike Irasque
