Revue de presse | 18.06.2020
Mercredi 17 juin, Margrethe Vestager, commissaire à la Concurrence et Thierry Breton, commissaire au Marché intérieur, ont présenté un livre blanc visant à protéger les entreprises européennes de la concurrence étrangère déloyale – Crédits : Jennifer Jacquemart / Commission européenne

En pleine relance post-confinement, l’Union européenne tente de mieux protéger ses entreprises face à la concurrence internationale. La Commission a ainsi présenté mercredi 17 juin une initiative visant à mettre les entreprises étrangères et européennes sur un pied d’égalité en matière de commerce et d’investissement.

L’UE a décidé de passer à l’offensive“. Voilà comment Ouest-France (avec l’AFP) résume les décisions annoncées par Bruxelles mercredi 17 juin. La Commission européenne a en effet dévoilé un livre blanc, prélude d’une proposition de directive qui devrait être formulée d’ici 2021. Celle-ci devrait “permettr[e] à l’exécutif européen et aux Etats membres de soumettre les entreprises étrangères à des règles comparables à celles auxquelles sont soumises leurs homologues européennes en termes d’aides d’Etat“, explique Le Monde. En clair, sortir l’Europe d’une impasse économique que Thierry Breton décrit dans Ouest-France : “Le problème est que nos entreprises sont pénalisées pour avoir respecté les règles, tandis que les entreprises de Chine et d’autres pays tiers bénéficient d’un financement public excessif“.

A l’heure actuelle, “si les règles européennes peuvent bloquer la fusion de Siemens et Alstom, elles laissent des vides juridiques“, que peuvent exploiter les acteurs étrangers “pour financer leurs champions et les placer en position de force dans le marché européen“, rappelle Le Figaro. Et “l’Union ne peut à ce jour rien” contre ces derniers, complète Le Monde : tandis que “les sociétés européennes sont interdites d’aides d’Etat“, leurs concurrentes profitent d’un “avantage compétitif déloyal” qui leur permet, par exemple, de remporter des marchés publics européens grâce à des investissements massifs.

Autonomie stratégique

C’est donc pour mettre fin à cette concurrence inégale que la Commission européenne entend intervenir. “Selon les cas, les entreprises épinglées pourraient se voir mises à l’amende, obligées de se séparer d’une partie de leur activité sur le continent, ou encore interdites d’acquisition, voire exclues des appels d’offres pour des marchés publics“, énumère Le Monde.

Pour Les Echos, cette démarche ferait suite “aux fortes pressions exercées l’an passé par Paris et Berlin après le rejet de la fusion Alstom-Siemens“. Le couple franco-allemand voyait dans cette décision “le symbole de la naïveté de l’Europe“, qui empêchait le continent “de se doter de champions suffisamment armés pour la compétition mondiale“, analyse le quotidien économique. Un terme repris hier par le commissaire Thierry Breton, pour qui “il faut arrêter d’être naïfs !” [Le Monde].

Ce changement d’attitude s’apparente-t-il à un virage protectionniste ? ” Pas exactement“, estime Laurent Joffrin pour Libération. “On rejoint en fait la notion du ‘juste échange’ mise en avant depuis longtemps par plusieurs forces politiques, notamment au sein de la gauche européenne“, écrit-il dans les colonnes de son journal. “On passe surtout, par glissements successifs, de l’Europe-marché promue pendant des décennies par le courant libéral, à l’Europe-puissance’“. Un changement de paradigme qui survient alors que “la crise économique déclenchée par le confinement général braque le projecteur sur la vulnérabilité des industries de l’Union” [Libération]. Pendant longtemps, les pays du nord de l’Europe ont été “hostiles” à de telles évolutions afin de ne pas froisser leurs partenaires commerciaux. Mais “la pandémie a fait tomber [leurs] réticences : même les très libéraux Pays-Bas réclament aujourd’hui des outils pour défendre l’industrie européenne“, observe Le Monde.

La Chine dans le viseur

La Commission affirme ne pas viser de pays en particulier (en l’occurrence la Chine), mais chercher à envoyer “un message clair au reste du monde : vous êtes les bienvenus mais voici nos règles“, défend le commissaire au Marché intérieur [Ouest-France]. Cette annonce intervient néanmoins “quelques jours avant le sommet entre les dirigeants des institutions européennes et le Premier ministre chinois” sur la question des investissements [Financial Times] et s’inscrit dans la lignée d’une communication de l’exécutif européen de mars 2019, dans laquelle la Chine était qualifiée de “rivale systémique“, rappelle Le Point.

En défendant une exigence de “réciprocité” dans les investissements et même si “elle s’en défend” [Le Monde], le projet de la Commission “est en partie une réponse à des années de frustration face au refus apparent de la Chine d’honorer ses vœux d’ouverture de ses marchés aux entreprises européennes”, conclut le Financial Time.

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