Devant les maires réunis Porte de Versailles, Sébastien Lecornu a tenté une opération séduction mêlant promesses de décentralisation et gestes symboliques. Mais les annonces du Premier ministre ont laissé dubitatifs nombre d’élus locaux, à commencer par Serge Hoareau, président de l’Association des maires de La Réunion.
Une prime de 500 euros jugée « incompréhensible »
La surprise est venue d’une « prime régalienne » de 500 euros par an destinée aux 35 000 maires du pays. Une mesure censée reconnaître les risques croissants que prennent les édiles.
« Cette prime, c’est du grand n’importe quoi », réagit Serge Hoareau. « Cela va nous exposer encore davantage à la vindicte populaire », estime-t-il, alors même que le gouvernement envisage de supprimer la prime de Noël pour les personnes sans enfant. Les élus rappellent que leur demande prioritaire reste l’instauration d’un véritable statut de l’élu, attendu depuis des années.
Une décentralisation promise… mais sans contenu
Sébastien Lecornu a réaffirmé son souhait de présenter avant Noël un projet de loi sur la « décentralisation et la clarification ». Une annonce qui peine pourtant à convaincre Serge Hoareau : « Il n’y a pas de contenu, pas de ligne d’orientation, rien. »
Le sujet avait déjà été évoqué par le Premier ministre dès sa prise de fonction, ce qui relativise la nouveauté de son intervention.
Une instabilité politique qui rend la réforme incertaine
Pour le président de l’AMDR, le véritable obstacle reste la situation politique nationale. « Pour avancer sur la décentralisation, il faut une stabilité politique », rappelle-t-il. Or la menace permanente d’une motion de censure rend tout cap durable difficile.
Il évoque l’exemple de Michel Barnier : « L’an dernier, il portait un discours engagé sur la décentralisation. Quelques jours après, il n’était plus là. »
Des silences préoccupants sur les finances locales
Si Sébastien Lecornu a promis d’« élaguer les normes » d’ici décembre, aucun élément n’a été apporté sur la situation des finances publiques locales ou sur les efforts attendus des communes.
« Les maires n’ont rien entendu sur ce sujet », regrette Serge Hoareau, alors que les collectivités affrontent déjà des tensions budgétaires majeures.
Jean-Paul BLOIS



