Coronavirus : la chloroquine, une clarification qui n’éteint pas toutes les controverses

Les faits Le Haut Conseil de la santé publique a limité l’usage de la chloroquine à des malades sévèrement atteints par le coronavirus, en attendant les résultats d’un essai clinique de grande ampleur. Ces décisions n’ont pas mis fin au débat, en France et dans le monde, sur l’efficacité du médicament. 

 La controverse sur la chloroquine s’est en principe éclaircie lundi 23 mars au soir. Le ministre de la santé Olivier Véran a en effet repris l’avis du Haut Conseil sur ce sujet, qui recommande de ne pas utiliser ce traitement pour combattre le Covid-19 « en l’absence de recommandation, à l’exception de formes graves, hospitalières, sur décision collégiale des médecins et sous surveillance stricte ».

Initialement prescrite pour prévenir ou traiter le paludisme, la chloroquine est un médicament également utilisé pour traiter des maladies auto-immunes (lupus, polyarthrite rhumatoïde). Ce comité scientifique « exclut toute prescription dans la population générale ou pour des formes non sévères à ce stade, en l’absence de toute donnée probante », et un arrêté encadrant précisément le recours à ce traitement, qui fait polémique, sera pris « dans les prochaines heures », a précisé le ministre.

De son côté, l’AP-HP, qui rassemble 39 hôpitaux de la région parisienne, a mis en garde à son tour lundi soir contre « une utilisation désordonnée de multiples molécules sans contrôle et surtout sans possibilité de tirer des conclusions valides ». Son directeur général, Martin Hirsch, indique fermement que « pour être utiles, ces études doivent avoir des critères d’inclusion précis, correspondants aux différentes situations cliniques qui peuvent ou doivent être étudiées s’agissant de patients hospitalisés, de patients suivis en ambulatoires, de populations spécifiques ».

 

Coronavirus : le traitement à la chloroquine semble « prometteur »

Par ailleurs, d’ici six semaines, les résultats de l’essai clinique européen Discovery devraient permettre d’y voir plus clair. Effectué avec 3 200 patients dont 800 Français atteints de formes sévères, il a déjà commencé dans des services hospitaliers sur l’ensemble du territoire, à Nice, Strasbourg, Nantes, Paris (à Bichat et la Pitié-Salpêtrière), Lille, Lyon… Certains malades vont recevoir un médicament antiviral, seul ou associé à un immunostimulant comme l’interféron ; d’autres de l’hydroxychloroquine (Planquenil).

 

Un débat qui n’est pas clos

 

  • Toutefois, en France, la controverse entre chercheurs et médecins risque de se compliquer, dans la mesure où l’équipe de Marseille a également décidé de pratiquer des tests massifs, chez des patients fébriles et testés positifs, et de les traiter avec la chloroquine. Un des collaborateurs de Didier Raoult qui souhaite rester anonyme, contacté par La Croix à la suite des annonces gouvernementales, continuait ainsi à défendre le fait de traiter à la chloroquine tous les malades « sans attendre qu’ils soient dans un état grave car cela risque d’être trop tard ».

Et dans le monde, les décisions d’autres pays relancent le débat. Aux États-Unis, Donald Trump a, à plusieurs reprises, vanté les mérites de la chloroquine, même s’il a été quelque peu tempéré par son conseiller coronavirus, immunologiste au NIH. Aujourd’hui même, au Maroc (143 cas déclarés, dont quatre décès et cinq rémissions), le ministère de la santé a appelé ses hôpitaux à « l’introduction de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine dans la prise en charge thérapeutique des cas confirmés de Covid-19 ».

Coronavirus : autour de la chloroquine, un débat médical et éthique

Quant aux laboratoires, ils ont relancé la production de chloroquine de manière massive. Sanofi s’est engagé à fournir 300 000 doses aux autorités françaises et les laboratoires Teva, 16 millions de doses aux États-Unis. Idem de la part du suisse Novartis et l’allemand Bayer. Enfin, en Virginie, les laboratoires Mylan ont redémarré la fabrication de comprimés d’hydroxychloroquine. À mi-avril, ils devraient pouvoir fournir 50 millions de doses permettant de soigner 1,5 million de patients

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