Que retenir des éléments de communication distillés aux médias à l’issue de la récente « Commission mixte de sécurité » ayant réuni, en la préfecture de Fort-de-France, la représentation des autorités politiques et judiciaires françaises basées en Martinique, et une délégation des autorités éponymes saint-luciennes ? Premières réponses.

Philip J. Pierre, Premier ministre de Sainte-Lucie

« Nou toulédé péyi-a, ni pou travay ansanm », souligna Philip J. Pierre, le Premier ministre Saint-Lucien à l’issue de ladite Commission, « dépi nou ni fòs-la, èk nou ka travay ansanm, nou kay defeat (triompher de, ndr) sé kriminèl-la. » Puis le dirigeant d’aborder un enjeu majeur dans les relations entre les deux péyi et leurs systèmes juridico-judiciaires respectifs. « Dépi nou ni enfòmasyon (…) nou kay asiré kriminel ki Sent-Lisi, èk yo vlé yo Matnik, nou kay asiré yo pran jail-yo (qu’ils soient incarcérés, ndr). » Philip J. Pierre qui, sur cette même question et dans la même tonalité, assura en substance que les autorités saint-luciennes faciliteraient le « retour » en Martinique des « criminels » recherchés par les autorités françaises établies au péyi. Une volonté affichée qui est probablement nourrie et renforcée par le désir, clairement exprimé par Philip J. Pierre à l’issue de cette réunion, de voir les relations économiques au sens large – tourisme, commerce, investissements, etc. – prendre une significative ampleur entre partenaires martiniquais.es et saint-lucien.nes : « because Martinique is Europe in the Caribbean (« car la Martinique c’est l’Europe dans la Caraïbe »). Voilà qui est limpidement – et fort pragmatiquement – verbalisé.

« Désormais nous avons trois mois pour formaliser le plan d’actions » 

La coopération étant donc l’enjeu central (et manifestement le maître-mot) de cette réunion bilatérale, des champs éponymes ont été « identifiés », affirma médiatiquement Jean-Christophe Bouvier, le préfet de Martinique. « C’est l’acquisition de matériels, c’est la formation, c’est le renseignement (‘’criminal intelligence’’, ndr) », indiqua-t-il. Avant d’ajouter : « Et c’est l’immigration, mais l’immigration n’est pas forcément vue de manière négative (…) il y a une immigration irrégulière, criminelle, contre laquelle il faut lutter, mais il y a une immigration économique dont bénéficient les secteurs économiques de la Martinique, (immigration) qu’il faut favoriser et régulariser. » Mais concernant cet enjeu du « retour » en Martinique des « criminels » recherchés par les autorités françaises, nous dirons qu’à l’inverse de Philip J. Pierre, l’optimisme imprégna sensiblement moins la communication médiatique de Jean-Christophe Bouvier. « Il y a des accords internationaux bilatéraux qui existent », rappela le préfet. Avant d’ajouter aussitôt : « (Accords) qu’il faut apprendre à mettre en œuvre – parce que souvent ‘’vous’’ savez signer un papier, mais après il faut qu’il soit mis en œuvre concrètement – et il y a, au cas par cas, l’examen et la manière dont on peut faciliter cette résolution des dossiers judiciaires, mais là vraiment je ne peux pas aller dans le détail : les autorités judiciaires des deux pays ont convenu d’une méthode, et nous avons convenu, ensemble, communément, que cette méthode allait être mise en œuvre, concrètement et rapidement. » Evoquant alors la teneur générale de cette réunion, Jean-Christophe Bouvier de poursuivre sur ladite « méthode » : « C’était très concret, très empirique, les échanges étaient très fluides, et désormais nous avons trois mois pour formaliser le plan d’actions (sur les champs de coopération précités, ndr), pour le proposer aux autorités de Sainte-Lucie, qui vont nous faire part de leur accord. On a un ‘’comité de suivi’’ qui se réunit dans trois mois, à Castries, et qui viendra concrètement voir la mise en œuvre de ces priorités. » A suivre donc.

« Tout ce que l’on peut faire en police technique scientifique à Sainte-Lucie, on le fera »

In the meantime (en attendant, ndr) comme disent les anglophones, le Général William Vaquette, commandant de la Gendarmerie sous nos cieux, fit médiatiquement état de patrouilles maritimes franco-saint-luciennes, qui devraient être réalité dès janvier 2023. « On va leur donner du matériel pour aider à la détection des faux papiers, aux traces de sang qui sont sur les scènes de crime(s) », poursuivit le Général Vaquette, « on va donner également du matériel pour les aider à faire des relevés de scènes de crime(s), des tamponnoirs pour retrouver des traces de poudre sur les auteurs présumés d’homicides ; bref, tout ce que l’on peut faire en police technique scientifique à Sainte-Lucie, on le fera. » Pour rappel il y a déjà eu – au moment de la rédaction de ces lignes et depuis le début de l’année 2021 – plus de 70 homicides dans le péyi voisin… .

Mike Irasque

 

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