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L’actu chrétienneCrise institutionnelle : que dit l’Eglise ?
Au lendemain de la démission de Sébastien Lecornu, portons un regard chrétien sur la crise que traverse la France. Bernard Bourdin est dominicain. À ses yeux, la crise institutionnelle est en fait une crise de la conscience collective.
“Derrière la crise de l’action politique, il y a une crise de la définition même de la démocratie.” ©Xose Bouzas / Hans Lucas
Sébastien Lecornu a présenté hier matin, 27 jours après sa nomination par Emmanuel Macron. C’est le cinquième Premier ministre en moins de deux ans. L’impossible majorité déstabilise les partis. Ils peinent à faire des concessions. Toute négociation et compromis semblent désormais des vœux pieux. Bernard Bourdin, dominicain, philosophe politique et professeur de théologie politique à l’Institut catholique de Paris, voit dans cette crise institutionnelle une crise de la conscience collective. Il estime qu’il y a un véritable problème de fond.”Derrière la crise de l’action politique, il y a une crise de la définition même de la démocratie.”
Pour Bernard Bourdin, on ne peut gouverner sans s’inscrire dans la durée. Or, les partis fondent aujourd’hui leur action politique sur l’émotion, l’immédiateté. La crise de la démocratie s’explique aussi selon lui par un manque d’unité et de vision. Il semblerait qu’il “n’y a plus d’idée politique au sens strict du terme.” Il ajoute qu’en ce moment, “on ne voit pas très bien où est le sentiment d’unité dans notre pays.” Cette unité, elle est pourtant indispensable pour gouverner. Alors pour retrouver un cap et une unité, l’action politique doit s’appuyer sur des ressources philosophiques ou spirituelles. La différence entre le christianisme et l’action politique, c’est l’espérance. Bernard Bourdin estime que “quand on n’a pas cette espérance, on ne peut pas agir dans la durée. C’est ce qui manque cruellement à l’action politique aujourd’hui. L’espérance est un moteur.” Il ajoute que “la tâche du christianisme aujourd’hui, c’est ce qu’il peut apporter à l’action politique et civique. On ne peut pas fonder une action politique uniquement sur des droits individuels. On fonde une action politique sur une volonté. Espérance et volonté ce sont des mots qui sont nécessaires pour l’action politique.”
Il y a 25 ans, saint Jean Paul II avait fait de Thomas More, le saint patron des hommes politiques, c’était pour une raison bien précise. Thomas More fut un homme fidèle à ses responsabilités civiles, précisément en vertu de sa foi, qui le conduisit à interpréter la politique non pas comme une profession, mais comme une mission pour la promotion de la vérité et du bien.