Jeudi 18 juillet, Jean-Christophe Bouvier, préfet de la Martinique, et Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la CTM, ont tenu à présenter les différents axes prioritaires retenus pour le développement territorial de la Martinique sur la période de 2024 à 2027.
Le CCT, un outil puissant de développement
A travers un Contrat de Convergence et de Transformation (CCT), co-planifié par l’Etat et la CTM, un certain nombre de mesures sont prises pour soutenir la croissance du pays. Ces aides (297 millions d’euros sur 3 ans) représentent une participation de l’Etat à hauteur de 141 millions d’euros, de la CTM de 141 millions d’euros, des EPCI ( Établissements Publics de Coopération Intercommunale) de 15 millions d’euros. Combinés à d’autres crédits, tels les Fonds Européens, par exemple, c’est plus d’ 1,7 milliard d’euros qui seront alloués au développement territorial de l’île sur la période de 2024 à 2027.
Ces financements s’adressent, sous différentes formes, à tous les acteurs du développement économique du pays : c’est-à-dire aux collectivités locales (avec les COROM pour les communes ultra-marines) mais aussi aux administrés ( revalorisation du bouclier qualité-prix, pacte des solidarités, prêt d’action logement aux primo-accédants à la propriété de moins de 40 ans), et aux entreprises de l’île.
Ce Contrat de Convergence et de Transformation a pour but de « s’attaquer au mal-développement structurel de l’île. Pas suffisamment de place laissée à l’autonomie alimentaire, pas suffisamment de place à la création de richesses locales, pas suffisamment de place à l’artisanat, pas suffisamment de place à l’industrie moyenne. C’est tout cela qu’il faut reconquérir », affirme Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la CTM.
Il s’agit , en outre, de renforcer au maximum la performance économique territoriale et de permettre aux entreprises martiniquaises de prospérer dans l’environnement favorable.
Un soutien à la culture
Une attention particulière est portée à la culture. Parmi les chantiers engagés, on compte la finalisation de projet comme le Conservatoire d’art, de musique d’activités culturelles. De même, une médiathèque s’édifiera à la place de l’ancien Hôtel de Police de la Martinique, derrière la bibliothèque Schœlcher (qui elle-même connaîtra une réhabilitation). Les travaux de la maison Aimé Césaire, quant à eux, se poursuivront.
Aide à la gestion des déchets avec la mise en place d’un contrat d’accompagnement et de performance (COP) du SMTVD (Syndicat Martiniquais de traitement et de valorisation des déchets).
A travers un programme pluriannuel d’investissement, c’est 102,25 millions d’euros qui seront investis pour permettre au SMTVD de se recentrer sur ses missions de traitement et de valorisation des déchets. « C’est un enjeu prioritaire pour l’île », affirme Monsieur le préfet. Une ingénierie technique d’accompagnement sera mis à disposition du SMTVD par l’état. Deux agents seront affectés à ces tâches.
Soutien aux primo-accédants à la propriété (moins de 40 ans).
Afin de soutenir la construction, l’achat des logements, et l’accession à la propriété, un dispositif de 3 ans est mis en place par Action Logement : 780 millions d’euros sont alloués à l’octroi de prêts pour la construction et la réhabilitation des logements dans les DROM. Ce plan s’inscrit dans le cadre du plan quinquennal 2023-2027 d’Action logement.
Dans un contexte d’augmentation des coûts de la construction et des taux d’emprunt, l’Etat a décidé de favoriser l’accession à la propriété sur l’île. Un prêt de 50000 euros est octroyé par Action logement, sans condition de ressources, à taux dérisoire (0,01 %) pour les primo-accédants à la propriété, âgé de moins de 40 ans. Pour ces bénéficiaires, cette somme pourra constituer un apport auprès de leur organisme banquier.
« Nous avons vu les banques qui sont déjà favorables à la mise en place de ce dispositif. Nous les avons toutes rencontrées, ainsi que l’IEDOM. Ils attendent que nous le mettions en place pour prendre le relais auprès des primo-accédants »,
explique Alain Coridon, président d’Action Logement en Martinique.
Il s’agit d’une mesure incitative. Elle vise à lutter contre les problèmes démographiques qui pèsent sur l’île. Cela n’est autre qu’un moyen de conjurer le vieillissement grandissant de la population en encourageant les installations et les retours au pays.
Ce sont 30000 personnes qui pourraient être bénéficiaires du dispositif. C’est déjà 500 dossiers à traiter pour cette année.
Une actualisation du bouclier qualité-prix.
Une révision du bouclier qualité-prix garantie un maintien du pouvoir d’achat des ménages, malgré l’inflation. En effet, le nombre de produits présents dans le bouclier qualité-prix reste stable.
Par rapport à 2023, cette année on obtient une baisse de 3 euros du prix global des différents paniers. Cette baisse est supportée par les distributeurs avec qui la préfecture et autres services de l’Etat sont en constante négociation.
Le prix général passe de 390 euros à 387 euros pour les 134 produits, de 260 euros à 257 euros pour les 72 produits, et de 110 euros à 107 euros pour les 35 produits.
Par ailleurs, la production locale est valorisée dans l’établissement du nouveau bouclier qualité-prix. Il comporte dorénavant 34% de produits locaux. Ces derniers sont en augmentation de 15% sur un an. Selon Jean-Christophe Bouvier, préfet de la Martinique, ce « bouclier qualité-prix ne résout pas la question de la pauvreté en Martinique, ne résout pas non plus la question de la répartition des richesses, mais il contribue à favoriser l’accès aux produits de première nécessité pour les familles les plus démunies ».
Extension et consolidation des COROM
Le programme de développement territorial de la Martinique comprend la consolidation et l’extension des COROM.
Issus des propositions parlementaires de Georges Patient et Jean-René Cazeneuve, les COROM sont des « contrats de redressement outre-mer » qui s’adressent aux communes en difficulté de gestion et/ou financière. En fait, les communes bénéficiaires des contrats s’engagent sur la voie du redressement de leur situation ( par la réduction des délais de paiement aux entreprises notamment) ; en échange d’un encadrement technique et financier de l’Etat.
- Un plan de formation : la consolidation des COROM
Une nouveauté est apporté cette année à ce dispositif. Les COROM signés entre 2023 et 2026, prévoient un plan de formation visant à accompagner la montée en compétence de l’expertise et l’acquisition d’une « culture de gestion ». Il sera proposé à la collectivité à destination de ses agents.
- L’extension des COROM
Il a été question du dernier COROM signé avec la ville du Gros-Morne le 18 juin 2024. Celui concernant le Pêcheur est prévu pour août 2024. Fort-de-France et Saint-Pierre suivront cette année. Ces COROM permettront aux communes bénéficiaires d’acquérir d’ici à 2026 une capacité d’autofinancement plus importante vers un meilleur développement économique des villes.
Le Pacte des solidarités réaffirmé
Le préfet et le président de la CTM ont aussi réaffirmé leur engagement auprès des foyers les plus modestes de l’île grâce à un nouveau Pacte des solidarités, qui s’élève à 3 millions d’euros pour l’année 2024. Il prend le relais de la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté 2019-2023.
Ce plan comprend 3 principaux points :
- Lutter et prévenir la pauvreté depuis le plus jeune âge.
- Agir auprès des grands exclus en favorisant l’accès aux droits.
- Promouvoir une transition écologique et solidaire.
Lutter contre la pauvreté des plus démunis est une priorité d’action du pays.
« On a en Martinique 76000 personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, 35 000 personnes qui vivent du RSA : il y a un problème »,
constate Serge Letchimy, président exécutif de la CTM.
Il s’agit donc de mener une politique sociale active afin de réduire ces inégalités structurelles dans le pays. A cet égard, de nombreuses actions sont en cours de déploiement. On peut citer à titre d’exemple, la gratuité des fournitures scolaires dans les écoles, la prise en charge des seniors en situation de grande errance ou encore la lutte contre la précarité alimentaire…
Développement de France Travail sur le territoire
L’ordonnance du 12 juin 2024 adoptant la loi du 18 décembre 2023 pour le plein emploi prévoit un remaniement de l’institution pour plus d’efficacité. Elle fusionne les niveaux régional et départemental en un seul comité territorial pour l’emploi. L’élaboration de la gouvernance de France Travail doit s’effectuer en associant ces différentes échelles référentielles : un défi pour demain.
Le développement de France travail sur le territoire Martiniquais passe par l’organisation et l’amélioration des missions d’accompagnement et de contrôle des bénéficiaires du RSA. C’est un portefeuille de 32 000 bénéficiaires du RSA vers un retour à l’emploi, qu’il faut gérer. Mais il sera aussi question de cibler les 20000 non-inscrits sur le réseau France Travail pour arriver à l’objectif du plein emploi dans le pays.
Leïla Gonier