L’État renforce ses mesures de sécurité face aux débordements
Alors que les festivités des grandes vacances battent leur plein en Martinique, plusieurs accidents tragiques sont venus assombrir l’ambiance. Entre le vendredi 25 et le lundi 28 juillet 2025, plusieurs drames se sont produits lors d’événements festifs, incitant les services de l’État à durcir leurs mesures de sécurité.
Soirées privées et fêtes non encadrées
Les soirées privées et les after yoles se multiplient, souvent sans déclaration ni encadrement, suscitant l’inquiétude des autorités. Dans la nuit du 25 au 26 juillet, un jeune homme a été mortellement touché à la tête par un tir d’arme à feu vers 2 h 15, en marge de la soirée « Crazy Fest » organisée au Gros-Morne. L’événement, refusé dans plusieurs communes et déclaré comme une simple fête familiale, a pourtant rassemblé environ 1 200 personnes, bien au-delà des 300 autorisées. Ce décès, 19e homicide de l’année en Martinique, a choqué la population. La municipalité gros-mornaise, avertie au dernier moment, s’est dite impuissante face à la situation. Le maire, Gilbert Couturier, a dénoncé les conditions inacceptables de l’organisation et annoncé que désormais, toute manifestation de plus de dix personnes, même familiale, devra être déclarée. De son côté, Samuel Tavernier, maire du François, qui avait refusé l’accueil de la « Crazy Fest » pour raisons de sécurité, a appelé les organisateurs du monde de la nuit à leurs responsabilités.
Le lendemain, dimanche 27 juillet, un nouveau drame a endeuillé le centre de l’île. Au Lamentin, un jeune homme de 21 ans a été blessé par balle à l’aine à 5 heures du matin lors d’une soirée privée. Les secours sont intervenus rapidement et une enquête est en cours pour identifier l’auteur des faits.
La préfecture resserre la vis
Face à la multiplication des incidents, la préfecture a renforcé ses contrôles. Depuis le début de l’année, quinze fermetures administratives d’établissements ont déjà été prononcées. Les autorités rappellent que tout événement doit faire l’objet d’une déclaration préalable : au moins un mois à l’avance en mairie pour les rassemblements de moins de 1 500 personnes et deux mois à l’avance en préfecture au-delà de ce seuil. Les organisateurs doivent également obtenir les autorisations nécessaires auprès de la SACEM pour la musique amplifiée, disposer d’une licence temporaire pour la vente d’alcool et mettre en place des dispositifs de sécurité adaptés lorsqu’un risque de trouble à l’ordre public est identifié. En cas de manquement, les sanctions peuvent aller jusqu’aux poursuites pénales ou aux fermetures administratives.
Des drames en mer lors des after yoles
Les risques ne se limitent pas aux soirées à terre. Depuis le début du Tour des Yoles de Martinique, les plages accueillant les arrivées d’étape se transforment en vastes lieux de fête, souvent improvisés. Lundi 28 juillet, alors que la plage de la Pointe Marin à Sainte-Anne était noire de monde, un jeune homme de 18 ans s’est noyé alors qu’il tentait de regagner un bateau. Malgré les tentatives des personnes présentes, il a coulé et son corps n’a été retrouvé que plus tard par les plongeurs de la gendarmerie, appuyés par l’hélicoptère Dragon 972.
Le même soir, à la marina du Marin, un homme de 43 ans s’est sectionné deux doigts en manipulant l’hélice de son bateau. Quelques jours plus tard, le samedi 2 août, une femme de 32 ans a failli se noyer en marge d’un after yole à l’Anse Mitan. Repêchée par des plaisanciers, elle a été prise en charge par les pompiers et évacuée vers le CHU sous assistance respiratoire.
Arrêtés municipaux et mobilisation des forces de l’ordre
Face à cette succession d’accidents, plusieurs communes ont pris des arrêtés interdisant les after yoles, une mesure soutenue par la préfecture. Le 28 juillet, la sécurité a été renforcée avec la mobilisation de 120 gendarmes à la Pointe Marin, contre 60 habituellement. Bien que l’État ne puisse interdire formellement ces fêtes en raison de leur caractère spontané, violer un arrêté municipal engage la responsabilité des participants, y compris sur le plan pénal, si un trouble à l’ordre public ou un danger pour la vie d’autrui est constaté.
Les rappels de la préfecture
Dans un communiqué publié le 25 juillet, la préfecture a insisté sur l’interdiction de consommer de l’alcool ou des stupéfiants avant de prendre la mer ou le volant, sur l’obligation de respecter les limitations de vitesse et les distances de sécurité – 300 mètres pour les spectateurs et 200 mètres pour les bateaux accrédités – ainsi que sur le port systématique des équipements de sécurité à bord. Elle rappelle également que les secours en mer peuvent être contactés à tout moment en composant le 196.