-L’infirmière Gabriel du centre de bien-être d’Anse La Raye, à Sainte-Lucie, semble satisfaite de sa démonstration nutritionnelle, au cours de laquelle elle enseigne à ses clients diabétiques et hypertendus comment préparer leurs repas de manière saine. Elle a fait des démonstrations de préparation de repas alternatifs et ses clients semblent enthousiastes à l’idée de les essayer chez eux.

Le centre de bien-être où travaille l’infirmière Gabriel est l’un des établissements de santé soutenus par le projet de renforcement des systèmes de santé de la Banque mondiale. L’objectif du projet est d’améliorer l’accessibilité, l’efficacité et la réactivité des principaux services de santé à Sainte-Lucie.

En matière de santé, les maladies non transmissibles, telles que le diabète, l’hypertension artérielle et les maladies cardiaques, constituent une préoccupation majeure à Sainte-Lucie. Le taux de mortalité dû au diabète est supérieur d’environ 60 % à la moyenne régionale. La majorité des décès sur l’île – 80 % – sont dus à des maladies non transmissibles.

Pourtant, les établissements de santé de Sainte-Lucie ne sont pas suffisamment équipés pour faire face à l’augmentation de la charge de morbidité. Dans les services de soins primaires, premier point de contact avec le patient, il y a un manque important de technologies et de procédures de base pour aider les patients souffrant de maladies non transmissibles, ce qui les oblige à chercher de l’aide dans d’autres instances plus coûteuses, comme les hôpitaux.

Conscient de la nécessité de s’attaquer à ce problème, le gouvernement de Sainte-Lucie a lancé une série de réformes dans le secteur de la santé. Un projet financé par la Banque mondiale s’inscrit dans cette démarche.

Le projet a introduit un mécanisme de financement basé sur la performance, une approche selon laquelle les prestataires de soins de santé sont récompensés pour avoir atteint les résultats souhaités, tels que l’amélioration de la santé des patients ou l’augmentation du nombre de personnes accédant aux services. Cette approche incite les prestataires à fournir des soins de meilleure qualité et à atteindre des objectifs de performance spécifiques.

Le projet pilote de financement basé sur la performance pour Sainte-Lucie a été conçu avec le soutien de la Facilité de partenariat Corée-Banque mondiale, qui a notamment organisé des voyages d’étude en Corée du Sud et en Colombie, des conseils d’experts en Argentine et plusieurs échanges de connaissances au niveau régional.

Le financement basé sur la performance a été initialement mis en œuvre dans huit centres de bien-être de l’île. La deuxième phase du programme, actuellement en cours, étend le dispositif à neuf autres centres de bien-être. À la suite du projet pilote mené dans le cadre du projet de renforcement des systèmes de santé, le système sera étendu à l’ensemble du pays et couvrira les trente-quatre établissements de soins de santé primaires du pays. L’initiative devrait améliorer l’accès à des services de santé de qualité pour l’hypertension et le diabète au niveau des soins de santé primaires.

Le projet pilote de financement basé sur la performance se concentre sur la réforme de la manière dont les soins de santé primaires sont financés et fournis afin de progresser vers une couverture sanitaire universelle plus équitable et durable. Le projet investit dans la création des bases d’une réforme évolutive visant à fournir à la population des services essentiels de grande valeur.

Il est rassurant de voir que des projets comme celui-ci, et d’autres initiatives similaires que nous mettons en œuvre dans la région, donnent des résultats positifs. Cependant, il reste encore beaucoup à faire.

Alors que nous venons de célébrer la Journée de la santé, je vois trois priorités essentielles dans le secteur de la santé pour les pays des Caraïbes à l’avenir :

Tout d’abord, il faut continuer à accélérer les progrès en matière de couverture sanitaire universelle, qui offre un accès abordable à des soins de santé de qualité. Dans le cas de Sainte-Lucie, les personnes atteintes de maladies non transmissibles consacrent en moyenne 36 % du budget de leur ménage aux soins de santé chaque année. Toutefois, les chiffres varient considérablement, certaines données suggérant que les pauvres dépensent près de 50 % de leur budget, tandis que les riches en dépensent moins de 20 %. La situation peut être similaire dans d’autres pays de la région. La couverture sanitaire universelle permettra l’égalité d’accès aux services de santé essentiels.

Deuxièmement, renforcer les systèmes nationaux d’information sanitaire. Nos recherches ont montré que dans de nombreux pays, les dossiers médicaux sont sur papier, non structurés et conservés par le patient, ce qui rend difficile la recherche efficace d’informations sur la santé, ainsi que le suivi et l’évaluation du respect des meilleures pratiques. Le renforcement des systèmes nationaux d’information sanitaire et de la capacité d’analyse des données sera essentiel pour faciliter la prise de décision fondée sur les données, améliorer les interventions de santé publique et la fourniture de soins de santé aux diverses populations de la région.

Troisièmement, garantir la disponibilité constante de médicaments et de fournitures sûrs et abordables. Dans certains pays, des médicaments essentiels ne sont pas disponibles pour des raisons financières et logistiques. Le manque de ressources humaines dans le domaine de la politique du médicament et des services pharmaceutiques, de l’approvisionnement et des prévisions est également considéré comme un obstacle. Ces problèmes peuvent être résolus par la gestion de la chaîne d’approvisionnement, la collaboration internationale, le renforcement des capacités et les réformes réglementaires, entre autres.

Dans le monde actuel où tout va très vite, le vieil adage “la santé, c’est la richesse” est une vérité profonde. Elle souligne l’importance du bien-être comme fondement de la prospérité et de la résilience économique – au-delà du niveau individuel : une population en bonne santé est essentielle au bien-être général et à la réussite économique d’une nation.

Grâce aux efforts concertés des gouvernements, des prestataires de soins de santé, des communautés et des partenaires internationaux, je pense que les Caraïbes peuvent ouvrir la voie à un avenir plus sain.

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