Grand Sanblé pou Matinik mobilise avant le Congrès des élus
Par Antoine Irrien – France-Antilles
À une semaine du Congrès des élus de Martinique, prévu les 7 et 8 octobre, l’alliance Gran Sanblé pou Matinik (GSPM) a tenu, dimanche matin aux Anses-d’Arlet, une grande rencontre publique intitulée « Bokantaj épi Pep la ». L’objectif : expliquer à la population les raisons de leur participation au Congrès, débattre de la situation du pays et tracer les perspectives d’avenir.
Un rassemblement marqué par l’urgence sociale
Autour de la table, les représentants du Mouvement Indépendantiste Martiniquais (MIM), du Parti pour la Libération de la Martinique (Palima), du Parti Communiste Martiniquais (PCM) et d’une branche du CNCP ont dressé un état des lieux sévère de la société martiniquaise.
« Malgré toute bonne volonté, trop d’injustices et d’inégalités sociales persistent. Les pauvres sont toujours plus pauvres et les riches toujours plus riches », a dénoncé Michel Branchi (PCM), qui a également alerté sur l’ampleur du chômage des jeunes, estimé à 31 % chez les moins de 24 ans. « Notre pays se vide, mais nous avons les capacités de relever ces défis par nous-mêmes », a-t-il insisté, appelant à « construire un pays nouveau ».
Un discours souverainiste assumé
Le ton politique s’est affirmé au fil des interventions. Francis Carole (Palima) a rappelé que, selon lui, « nous sommes un peuple, pas français. Nous voulons notre souveraineté ». Il a cité l’exemple de la Barbade, devenue république, et a mis en garde contre le « piège haïtien », conséquence d’« ingérences extérieures » déstabilisatrices.
D’autres intervenants ont insisté sur des sujets concrets : la jeunesse et la fuite des talents, la vie chère et l’inflation, la sécurité et la multiplication des fusillades, mais aussi l’avenir de l’agriculture, de la pêche et de la zone économique exclusive (ZEE), considérée comme un atout stratégique majeur.
Le rôle moteur du GSPM
Daniel Marie-Sainte a tenu à rappeler que le GSPM avait été à l’origine même de ce Congrès : « C’est nous qui avons réclamé ce Congrès. Nous avons entamé une campagne d’explication pour dire à la population pourquoi il est nécessaire de faire évoluer nos institutions et nos statuts. Cette campagne se poursuivra jusqu’à la consultation référendaire. »
Bien que physiquement absent, Alfred Marie-Jeanne, figure du MIM et ancien président de la Collectivité Territoriale de Martinique, a suivi les échanges à distance, preuve de l’importance stratégique accordée à cette rencontre.
Vers une autonomie renforcée
Le MIM et ses alliés défendent l’idée d’obtenir des pouvoirs législatifs adaptés aux réalités locales, en particulier sur les champs économiques, sociaux, culturels et environnementaux. L’objectif est d’aboutir à un partage de compétences élargi avec l’État, dans une logique de souveraineté progressive.
Au-delà des divergences internes, l’image donnée dimanche était celle d’un front uni face au grand rendez-vous du Congrès des élus. Une manière pour le GSPM de poser ses conditions et de rappeler que l’avenir institutionnel de la Martinique ne pourra se faire, selon eux, qu’en écoutant la voix du peuple.