PAR PHILIPPE PIED
Depuis des années, la Martinique est secouée par une succession de grèves et de blocages qui, loin de résoudre les problèmes de fond, ajoutent de la confusion et aggravent les difficultés du quotidien. L’actualité de ce 10 septembre en est une nouvelle illustration : le CHU de Martinique (CHUM) et la Maison de la femme, de la mère et de l’enfant (MFME) ont été bloqués par des agents mobilisés, dans le cadre du mouvement national. Des barrages filtrants à l’hôpital, des opérations molokoï dans les rues de Fort-de-France, des bus et des transports collectifs paralysés : la population subit une fois de plus les conséquences directes de ces actions.
Le problème n’est pas seulement la récurrence de ces mouvements. Ce qui choque profondément, c’est la dérive de certains comportements. Quand des médecins ou des soignants viennent assurer leurs missions, il n’est pas rare qu’ils soient menacés ou contraints de quitter les lieux. Ces excès traduisent un glissement inquiétant : la défense syndicale se transforme trop souvent en démonstration de force où quelques-uns veulent exister médiatiquement, quitte à sacrifier l’intérêt collectif.
Bien sûr, les critiques portées par les syndicats sur la gestion du CHUM – déficit financier, pénuries de médicaments et de matériel, désorganisation des services – ne sont pas inventées. Elles posent de vraies questions sur le fonctionnement de l’hôpital. Mais les méthodes choisies sont contre-productives. En bloquant l’accès aux soins, en empêchant les services de tourner et en ajoutant du chaos à des structures déjà fragilisées, ce sont les Martiniquais eux-mêmes qui sont pris en otage.
Ce schéma se répète dans de nombreux secteurs de l’île. Derrière chaque conflit social, il y a des revendications, parfois légitimes, mais trop souvent transformées en bras de fer systématique. À force, cela donne le sentiment que certains syndicats privilégient leur visibilité et leur capacité de nuisance plutôt que la recherche de solutions durables.
Il est temps de poser un constat clair : la Martinique ne peut pas avancer si chaque difficulté devient prétexte à blocage. La population a besoin de stabilité, de dialogue constructif et de responsables syndicaux capables de défendre leurs adhérents sans menacer l’intérêt général.
Assez de ces grèves bidon. Assez de ces mises en scène qui freinent tout le pays. Les Martiniquais méritent mieux que des blocages permanents : ils méritent des réponses, du courage politique, et un véritable engagement collectif pour sortir l’île du marasme.
Et maintenant, posons-nous les vraies questions :
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Jusqu’où allons-nous tolérer que les hôpitaux, les écoles, les transports ou les entreprises soient bloqués au détriment de tous ?
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Peut-on encore parler de défense des travailleurs quand ce sont les patients, les élèves ou les usagers qui paient le prix fort ?
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Les syndicats servent-ils aujourd’hui leurs adhérents ou surtout la visibilité de quelques dirigeants ?
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Combien de temps la Martinique peut-elle se permettre d’être freinée par ces blocages à répétition ?
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N’est-il pas temps d’inventer une nouvelle manière de dialoguer, sans menaces ni mises en scène, mais avec une vraie recherche de solutions durables ?
Philippe PIED
NOUS ATTENDONS DES DROITS DE RÉPONSES DE TOUS LES RESPONSABLES SYNDICAUX DE MARTINIQUE OU DE TOUTE PERSONNALITÉ POLITIQUE