Réunis mardi 19 avril en visioconférence, les responsables européens et américains se sont accordés sur de nouvelles sanctions visant la Russie. Ils devraient réduire de nouveau les approvisionnements énergétiques en provenance du pays.

Les Etats-Unis et l’Union européenne sont parvenus hier à “un large consensus sur la nécessité d’accentuer la pression sur le Kremlin, notamment à travers l’adoption de nouvelles sanctions”, a déclaré mardi soir le gouvernement italien cité par Sud Ouest. Les alliés sont aussi tombés d’accord sur la nécessité “d’accroître l’isolement international de Moscou”, a-t-il précisé dans un communiqué.

L’annonce italienne a été confirmée par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un tweet cité par Euronews : “Nous renforcerons de nouveau nos sanctions contre la Russie”. En outre, “l’engagement commun à diversifier les sources énergétiques en réduisant de cette manière la dépendance aux approvisionnements russe a été réaffirmé” lors de cette vidéoconférence, selon le communiqué du gouvernement italien. Celle-ci réunissait hier “les dirigeants français Emmanuel Macron, britannique Boris Johnson, allemand Olaf Scholz, roumain Klaus Iohannis, polonais Andrzej Duda, italien Mario Draghi, canadien Justin Trudeau et japonais Fumio Kishida”, liste Le Parisien.

Charbon, pétrole puis gaz ?

D’abord le charbon, puis le pétrole, et en dernier recours le gaz. Depuis quelques jours, la stratégie de sanctions de l’Union européenne envers la Russie est plus claire“, explicitent Les Echos. Et pour cause : les importations européennes d’énergies fossiles représentent une manne financière conséquente pour Moscou. Depuis le début de la guerre en Ukraine fin février, “le Kremlin a engrangé 27,3 milliards de dollars avec les achats de pétrole, gaz et charbon de l’UE“, souligne Velina Tchakarova, directrice de l’Institut autrichien pour l’Europe et la politique de sécurité (AIES), citée par La Tribune.

Or, bien que les Vingt-Sept se soient accordés le 8 avril sur un arrêt des importations de charbon russe, “la mise en place de sanctions [pour le gaz] ne semble pas imminente, tant certains pays comme l’Allemagne sont ultra-dépendants des livraisons de Gazprom“, soulignent Les Echos.

“Une longue période de pétrole plus cher”

Quant au pétrole, la mise en place d’un embargo semble à première vue “plus facile que pour le gaz“, car “les Européens peuvent aller chercher ailleurs [cette énergie] dont ils ont besoin”, poursuit le quotidien économique. Celui-ci note cependant que “tout n’est pas aussi simple”. “En 2021, Moscou a fourni 30 % du brut et 15 % des produits pétroliers achetés par l’UE“, précise le journal La Libre.

Ainsi, “un éventuel arrêt des importations d’or noir en provenance de Russie pourrait prendre ‘des mois’“, soulignent plusieurs analystes interrogés par La Tribune. En effet, “l’adoption de mesures sur le pétrole impose de déboucler les contrats existants, de trouver des alternatives et d’éviter leur contournement“, note le média 20 Minutes.

Les Echos soulignent que l’on assiste “d’ores et déjà à une vaste réorientation des flux car les acheteurs européens anticipent les sanctions à venir et se détournent du pétrole russe“. Les Européens “achèteront [ainsi] davantage de pétrole saoudien et irakien autrefois destiné à l’Asie“, poursuit le journal, tout en avertissant que “la guerre en Ukraine laisse craindre une longue période de pétrole plus cher pour l’Europe“.

France, Italie, Danemark, Lituanie…

Interrogé hier par la radio Europe 1, le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a déclaré qu’il était “plus que jamais nécessaire” de cesser les importations en Europe de pétrole russe. Il “espère” ainsi convaincre les autres pays européens “dans les semaines qui viennent, qu’il faut […] stopper ces achats […], seul moyen pour cesser de financer l’invasion russe en Ukraine“.

D’autres pays de l’Union tentent de limiter, voire de stopper, leur dépendance vis-à-vis des hydrocarbures russes. C’est le cas du Danemark qui “va augmenter sa production de gaz naturel en mer du Nord pour être autosuffisant dès l’année prochaine“, observent Les Echos. Le pays “prévoit également de multiplier par quatre sa production d’énergie éolienne et solaire d’ici 2030“, poursuit le journal économique. Ce 19 avril, Copenhague a présenté “un plan visant à devenir indépendant du gaz russe” en prévoyant par exemple que “la moitié des 400 000 foyers danois qui se chauffent actuellement au gaz basculeront vers un raccordement au chauffage urbain ou les pompes à chaleur fonctionnant à l’électricité d’ici à 2028“, détaille La Libre.

L’Italie s’est quant à elle “lancée dans une offensive diplomatique en Afrique [Algérie, Egypte, Angola, Mozambique] pour sortir de sa dépendance au gaz russe“, relate BFM TV. Le média rappelle que Moscou “fournit actuellement à la péninsule 45 % de son gaz“. Le Premier ministre italien Mario Draghi devait “se rendre en personne mercredi à Luanda et jeudi à Brazzaville pour y conclure de nouveaux contrats de fourniture” – positif au Covid-19, il est finalement remplacé par son ministre des Affaires étrangères.

Autre exemple illustré par Politico : la Lituanie utilise “un terminal GNL [gaz naturel liquéfié] flottant pour supprimer le gaz russe” : “une leçon pour les autres pays de l’UE“, selon le site d’information. Au début du mois d’avril, “alors que la brutalité de l’invasion de l’Ukraine par Moscou devenait de plus en plus évidente, le gouvernement lituanien […] a annoncé qu’il était devenu le premier pays européen à cesser toute importation de gaz russe“. Aujourd’hui, “l’indépendance a fait ses preuves et l’approvisionnement en gaz de la Lituanie est resté stable“, rapporte Politico.

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