Commentaire de l’article de Laurence Nayman et Vincent Vicard publié sur The Conversation France
L’article rédigé par Laurence Nayman et Vincent Vicard du CEPII, analyse un paradoxe économique majeur : la France reste bénéficiaire de ses revenus d’investissement tout en étant fortement endettée vis-à-vis du reste du monde.
Selon les auteurs, la position extérieure nette de la France atteint -670 milliards d’euros en 2024, soit -22,9 % du PIB. Ce déficit reflète essentiellement la forte détention de la dette publique française par les investisseurs étrangers.
Pourtant, loin d’être pénalisée, la France perçoit davantage de revenus d’investissement qu’elle n’en verse. Ce phénomène s’explique par la structure asymétrique des encours français : les investissements des Français à l’étranger relèvent largement d’investissements directs étrangers (IDE), fortement rémunérateurs, tandis que les investissements étrangers en France reposent surtout sur des obligations, dont les rendements restent faibles.
Cette spécificité, longtemps associée aux États-Unis sous le nom de « privilège exorbitant », caractérise désormais aussi la France.
Les multinationales françaises, très présentes à l’étranger, génèrent des revenus élevés qui compensent largement les intérêts versés aux détenteurs étrangers de dette publique. Les auteurs soulignent également que la balance courante est aujourd’hui proche de l’équilibre, grâce à la réduction du déficit commercial et à la solidité des services et des revenus d’investissement.
Malgré la hausse récente des taux d’intérêt, les revenus tirés des IDE demeurent importants et permettent de maintenir un solde positif des revenus d’investissement (+0,5 % du PIB en 2024). Cette situation distingue la France de pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Espagne au moment de la crise de la zone euro, dont les déficits courants et la position extérieure négative étaient bien plus sévères.
En définitive, l’analyse de Laurence Nayman et Vincent Vicard montre que la France, bien qu’endettée vis-à-vis du reste du monde, reste protégée par la structure de ses actifs et par la rentabilité de ses investissements directs. La position extérieure négative n’entraîne pas, à ce stade, de risque de soutenabilité, et le « privilège exorbitant » français continue de jouer un rôle stabilisateur pour l’économie nationale.
Jean-Paul BLOIS



