Un classement préoccupant
Un récent rapport de l’Agence française anticorruption (AFA) dresse un constat alarmant : la Guadeloupe figure au deuxième rang des départements français les plus touchés par les atteintes à la probité, juste derrière la Corse.
Corruption, détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, favoritisme ou trafic d’influence : autant d’infractions qui fragilisent la confiance dans les institutions et nuisent à la bonne gestion publique.
« Ces phénomènes sont plus fréquents outre-mer, notamment en Guadeloupe, où les dispositifs de prévention et de contrôle restent insuffisants », précise le rapport 2024-2025 de l’AFA.
Des chiffres sans appel
En 2024, 934 infractions à la probité ont été enregistrées par les forces de sécurité, soit une hausse de 8,2 % en un an. Sur la période 2016–2024, on compte 4,1 infractions pour 100 000 habitants, et 217 condamnations par million d’habitants — un niveau bien supérieur à la moyenne nationale.
Source : Agence française anticorruption – Rapport 2024
Les causes profondes
Selon les analystes de l’AFA, plusieurs facteurs structurels expliquent cette situation : un manque de formation à la prévention des conflits d’intérêts et à la déontologie dans la fonction publique locale, un clientélisme enraciné accentué par la proximité entre élus et citoyens, des contrôles administratifs fragiles et des audits irréguliers, ainsi qu’un éloignement du pouvoir central qui rend le suivi institutionnel plus complexe.
« Il existe un sentiment d’impunité dans certains réseaux locaux de pouvoir, où les règles d’éthique sont perçues comme facultatives », observe un magistrat cité par Info Outre‑mer.
Quelles réponses possibles ?
Face à ce constat, l’État entend renforcer les moyens de contrôle et de prévention dans les territoires ultramarins. Plusieurs pistes sont à l’étude : création d’un pôle anticorruption ultramarin associant magistrats, préfets et représentants de la société civile ; formation systématique des élus et cadres territoriaux à la probité ; renforcement des procédures de transparence dans les marchés publics ; et ouverture de données publiques locales sur les subventions et appels d’offres.
Un enjeu de confiance publique
Au-delà des sanctions, la lutte contre la corruption doit devenir une priorité politique et civique. Transparence de la gestion publique, culture du signalement et exemplarité des responsables constituent les leviers majeurs d’une reconquête de la confiance.