Mercredi matin, un nouvel espace a été inauguré dans les locaux de la mission locale du sud, de la Martinique, l’économat. Plus qu’une boutique solidaire, il s’agit d’un outil supplémentaire permettant d’optimiser l’insertion socioprofessionnelle des jeunes inscrits à la mission locale du sud.
Des compotes, des yaourts, du jambon. Des packs d’eau et des cabas remplis de courses sont trimbalés par des jeunes de la mission locale de l’espace sud. L’économat de la Milsud, la mission locale du sud, a été inauguré ce mercredi matin. Peu avant ces jeunes inscrits à la mission locale ont partagé leurs parcours difficiles et parfois chaotiques. La parole et la posture sont encore timides pour certains. La pudeur d’expliquer un parcours difficile parfois un peu cahoteux quel que soit le niveau de diplôme. De zéro diplôme à une formation dans l’enseignement supérieur, la galère de l’insertion professionnelle faisait écho ce matin dans la mission locale de Ducos. Mylène a arrêté l’école à 16 ans. Avec la mission locale, elle enchaîne les contrats certes précaires : le service civique, contrat d’engagement jeune, contrat garanti jeune, des immersions. À 24 ans, la jeune femme semble avoir trouvé sa voie dans la petite enfance. Les difficultés sont les mêmes pour Ludivine qui avait suivi des études de philosophie. La jeune femme enchaîne également les stages.

Léa a 25 ans. Elle est jeune maman. Ce mercredi matin, elle n’a pas fait qu’assister à l’inauguration de l’économat. Elle n’est pas repartie les mains vides. La Pilotine a pu repartir avec un cabas plein de course d’une valeur de 50 euros. Un panier qui est plus que bienvenu pour celle qui est assistante pour personne en situation de handicap.

L’économat n’est pas qu’une épicerie solidaire, elle est un tremplin pour les jeunes de la mission locale. En effet, chaque mois, 20 cabas d’un montant de 50 euros chacun seront distribués par l’économat. « Nous travaillons à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes », rappelle Mylène Valide, directrice de la Milsud. Elle reprend : « Nous sommes là pour lever les freins, un jeune qui ne s’alimente pas et qui ne peut pas se rendre en formation, c’est à nous en tant que structure sociale d’accompagner le jeune pour faciliter son insertion. » Ce premier économat de l’île sera bientôt enrichi avec des vêtements. « Nous avons le souhait de permettre aux jeunes de se vêtir lorsqu’ils vont en entretien. » La Milsud est ambitieuse et souhaite distribuer ces paniers à au moins 200 jeunes à l’année.
L’économat s’appuie sur un partenariat avec le groupe GBH qui fournit les produits qui constituent les paniers donnés aux jeunes. « Nous sommes extrêmement sensibilisés depuis toujours. C’est dans l’ADN du groupe de se préoccuper des problèmes de solidarité qui se sont témoigné durant la crise sanitaire notamment », décrit Stéphane Monlouis, secrétaire général GBH. Le groupe en profite pour faire double emploi accompagnement alimentaire et insertion professionnelle. « Ce sont deux volets qui correspondent tout à fait à nos préoccupations », affirme le secrétaire général. Ce dernier explique avoir eu une oreille particulièrement attentive à ces parcours qui peuvent sembler tumultueux : « Certains peuvent croire qu’ils sont en situation d’échec alors qu’ils ne le sont pas. Ils sont tout simplement à un moment de leur vie où ils se posent des questions et c’est normal.»

Ce partenariat est aussi une aubaine pour le groupe martiniquais qui est en souffrance en termes de recrutement sur l’ensemble de ses magasins alimentaires. « Nous sommes en permanence à la recherche de collaborateurs. » Vincent Decaudin, directeur adjoint de Carrefour Génipa confirme. « Nous sommes déjà en train de travailler avec la Milsud pour considérer un partenariat au niveau du recrutement et embaucher au sein de nos effectifs. »

Pour le président de la Milsud, Jean-François Beaunol, l’économat est synonyme de prendre le jeune dans la globalité : « Le nourrir, le loger mais aussi l’aider à construire son projet professionnel. » A l’économat, on conseille, on écoute. Du personnel socioprofessionnel est là pour les orienter dans leur questionnement qu’il soit d’ordre psychologique que budgétaire. L’économat n’est pas une boutique solidaire comme les autres, il s’agit d’un espace ou le jeune inscrit à la Milsud sera pris en charge et accompagné.
Laurianne Nomel



