La Commission nationale consultative des droits de l’homme, qui a remis jeudi midi au Premier ministre son rapport annuel, a recensé 5 730 faits en un an, soit une hausse de 11% après trois années consécutives de baisse.

franceinfoRadio France

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Le nombre de crimes et délits à caractère raciste repart à la hausse en 2019, d’après le rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie que la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) remet jeudi 18 juin au Premier ministre. La CNCDH se base sur les données chiffrées provenant des différents ministères.

Elle a recensé un peu moins de 5 730 faits en un an, soit une hausse de 11% après trois années consécutives de baisse. Des chiffres issus du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) qui enregistre les infractions en provenance des services de police et de gendarmerie, qualifiées “de nature criminelle ou délictuelle, ommises en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion”.

Selon des chiffres du Service central du renseignement territorial, qui assure un suivi des faits qui lui sont rapportés par ses relais et ses partenaires associatifs, les actes racistes sont en hausse, entre 2018 et 2019, de 27% pour les actes antisémites (687 actes), de 54% pour les actes anti-musulmans (154 actes) et de 130% pour tous les autres actes racistes (1.142 actes).

Par ailleurs, en 2018, 6 603 affaires à caractère raciste ont été orientées par les parquets, soit 6 107 personnes mises en cause. Les affaires à caractère raciste détiennent toujours un taux de relaxe (16%) plus de deux fois supé-rieur à la moyenne (7%) dans les affaires d’atteintes à la personne. Enfin, 393 infractions racistes ou commises avec la circonstance aggravante de racisme ont été sanctionnées par des condamnations, un chiffre relativement faible par rapport aux années précédentes (en 2017, on comptait 461 condamnations).

Des Français globalement de plus en plus tolérants mais…

D’après ce rapport, 6% des Français pensent que certaines races sont supérieures à d’autres, ce chiffre est en baisse constante ces dernières années. En 2019, 60% des personnes interrogées se disent ‘pas raciste du tout’, cette proportion a plus que doublé en 20 ans. 18% des Français interrogés en face à face par un enquêteur se disent ‘un peu’ ou ‘plutôt’ racistes, mais ils sont 10% de plus à se déclarer racistes lorsque l’enquête est réalisée en ligne.

L’idée qu”on ne se sent plus chez soi comme avant’ s’est développée en 2019, elle est partagée par 49% des Français, soit une hausse de 7 points en un an. A la question ‘trouvez-vous qu’il y a trop d’immigrés en France ?’, 52% des personnes interrogées en 2019 répondent ‘oui’, c’est deux points de plus que l’année précédente. L’hostilité à l’immigration est notamment le fait des personnes peu diplômées et des personnes âgées mais aussi des électeurs des partis RN et de LR.

Les Roms et gens du voyage particulièrement victimes des préjugés

Globalement, ‘l’indice de tolérance’ reste à un niveau très élevé : 66 sur une échelle de zéro à 100, une baisse d’un point en un an. Un recul “limité”, qui ne “remet pas en cause les progrès accumulés au cours des années précédentes”, souligne la CNCDH, l’indice ayant tout de même progressé de 13 points entre 2013 et 2019.

Créé par des chercheurs il y a 20 ans, cet indice mesure l’acceptation de la diversité et la reconnaissance de droits égaux pour chacun. Les plus tolérants sont les jeunes, les plus diplômés, les habitants des grandes villes, les électeurs de gauche et du centre. Mais ces différences entre catégories ont tendance à s’atténuer année après année.

Cette moyenne cache de fortes disparités : “l’indice de tolérance” est ainsi de 79 à l’égard des Noirs et des Juifs, de 72 à l’égard des Maghrébins, de 60 à l’égard des musulmans. D’après ce rapport, la seule minorité à l’égard de laquelle les préjugés négatifs l’emportent, ce sont les Roms ou les gens du voyage (36). Un peu plus de la moitié des personnes partagent des préjugés sur eux, notamment le fait qu’ils exploiteraient leurs enfants ou ne voudraient pas s’intégrer. Pour toutes les autres minorités, les préjugés ou les regards négatifs reculent.

La CNCDH recommande l’élaboration d’un plan d’action national de lutte contre le racisme Roms qui serait inclus dans le plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

Des recommandations afin de “décoloniser les esprits”

La CNCDH développe une partie de son rapport, bouclé en mars, sur les particularités du racisme envers les personnes noires. Cette minorité “est avec la minorité juive celle qui a la meilleure image” dans le baromètre mesurant la tolérance des Français mais “elle est en butte au quotidien à des préjugés offensants et des discriminations nombreuses”. 

Les personnes noires continuent de subir des “discriminations nombreuses” en France, souligne la CNCDH. “Au-delà des infractions, c’est tout à la fois une histoire, une culture et un ensemble de préjugés qui sont à la racine du racisme antinoirs”. Le rapport “met en évidence la prégnance de biais racistes issus de la période coloniale, perdurant dans une société qui condamne pourtant ouvertement le racisme”, note la CNCDH.

Elle formule plusieurs recommandations afin de “décoloniser les esprits” comme celle au Conseil supérieur de l’audiovisuel d’encourager la représentation des hommes et des femmes noires, y compris dans des fonctions d’expertise.

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