Ancien maire de la commune du Prêcheur et ancien député du Nord de la Martinique, Marcellin Nadeau met en avant l’intérêt des Martiniquais à travers ses actions politiques. Son engagement est centré sur la promotion du développement économique et social, ainsi que la protection de l’environnement et de la santé publique. Il souhaite œuvrer pour un avenir meilleur pour la Martinique, en mettant l’accent sur la souveraineté alimentaire, la sécurité, et le renforcement des infrastructures et des services publics essentiels.

Pouvez-vous nous faire un bilan de votre mandat de député ?

Pendant ce mandat, je me suis engagé sur plusieurs fronts urgents. Nous avons abordé des sujets cruciaux tels que les catastrophes naturelles dans les zones ultramarines françaises et le budget de la loi de Finance. Nous avons soutenu le projet de résolution concernant la commission d’enquête initiée par Jean-Philippe Nilor, bien que celui-ci n’ait pas abouti en raison de la majorité de droite. Nous avons également entrepris des actions pour favoriser les opérations d’aménagement et nous avons porté une attention particulière aux questions de transition écologique et énergétique.

En matière d’éducation, nous avons mis en place un groupe de travail, grâce au Ministre Pap Ndiaye pour analyser la question du centre des intérêts matériels, ouvrant ainsi des perspectives pour que les jeunes Martiniquais puissent rester et travailler en Martinique. Nous sommes également intervenus sur les sujets liés à l’agriculture, notamment en soutenant les retraites agricoles et la prospérité des petites exploitations.

Sur la question du Chlordécone, nous avons élaboré une proposition de loi pour créer une autorité indépendante chargée de suivre les démarches de réparation des sols contaminés. Concernant les sargasses, nous avons demandé à l’État d’accroître ses financements pour le ramassage en mer. La liste de nos réalisations au cours de ces deux années est longue. Dans l’intérêt des habitants du nord de la Martinique, du reste de l’île et de l’Outre-mer, il est aujourd’hui crucial de poursuivre notre mission.

Lors des européennes, beaucoup de personnes ont voté pour le RN dans la circonscription nord de la Martinique. Selon vous, pourquoi et quelles sont vos solutions pour les citoyens qui ont fait ce choix de vote ?

Il est important de comprendre que ce phénomène affecte généralement les territoires les plus défavorisés. Le nord de la Martinique, par exemple, est souvent négligé et confronté à de nombreux problèmes, tels que la réduction des services publics et une offre de soins insuffisante. Il existe également des difficultés dans le domaine de l’éducation. De plus, cette région est touchée par la violence et les trafics y sont fréquents. Face à leur désarroi, les habitants sont souvent amenés à croire que la solution réside dans le rejet des autres, qu’on leur présente comme la source de leurs problèmes. Ces difficultés favorisent le vote en faveur du Rassemblement National. On aurait pu penser que les leçons du passé serviraient d’anticorps contre cette situation, mais les gens tendent parfois à penser qu’ils sont pleinement intégrés en tant que Français, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas.

Il y a un travail immense à accomplir. Nous devons lutter contre le fléau que représente le Rassemblement National, ainsi que contre la politique désastreuse du président Macron. Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est ma tâche fondamentale : la solution à cette situation réside évidemment dans le vote pour le Front Populaire. Notre programme est très favorable aux classes défavorisées, et notre objectif est de développer notre propre réflexion pour proposer des solutions au nouveau gouvernement du Front Populaire.

Quels sont vos plans pour soutenir l’agriculture locale et assurer la souveraineté alimentaire de la Martinique ?

Nous ne pouvons pas prétendre nous occuper de la souveraineté alimentaire tout en continuant à financer principalement les spéculations d’exportation. Il est crucial de réorganiser ces priorités. Nous avons prévu de nous rendre au ministère de l’Agriculture pour discuter de la réorientation du POSEI (Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité). La question du foncier est également centrale. Dans ma circonscription, j’ai accompagné de nombreux jeunes Martiniquais de diverses professions souhaitant se reconvertir dans l’agriculture. Il est essentiel de veiller à ce que le foncier ne soit plus concentré entre les mains de quelques-uns. Il est également nécessaire de mieux former les agriculteurs et d’améliorer leurs conditions de travail, y compris les congés. La question des femmes dans ce secteur est primordiale et doit être abordée. Tous ces éléments doivent contribuer à la souveraineté de la Martinique par des mesures concrètes. Nous avons déjà commencé à travailler sur ces sujets et comptons bien continuer.

Quelles sont vos perspectives pour continuer à vous battre contre les scandales tels que celui du chlordécone ?

Il y aura plusieurs fronts sur cette question. Sur le plan judiciaire, nous avons proposé une loi visant à créer un fonds d’indemnisation. Ce fonds serait alimenté par les groupements bananiers de Martinique et de Guadeloupe, permettant de renforcer les dispositifs déjà en place. Il est essentiel de rappeler que l’État est impliqué et doit suivre de près la mise en œuvre de ces démarches. Par ailleurs, il serait important de créer un pôle de thérapie spécialisé en santé environnementale.

Quels sont vos plans pour améliorer la sécurité en Martinique dans le reste de l’Outre-mer, en particulier en ce qui concerne la lutte contre le trafic de drogues et le trafic d’armes ?

Je souhaite rappeler que j’ai été à l’origine d’une proposition de résolution visant à enquêter sur la circulation des armes en Outre-mer, une initiative qui avait reçu l’aval du bureau de l’Assemblée Nationale. Cependant, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a rejeté ce projet. Aujourd’hui, je suis déterminé à mettre en place les dispositifs nécessaires, tels que les radars côtiers, pour renforcer la sécurité. Il est crucial d’adopter également une approche éducative, car l’incarcération pour des délits mineurs tend à fragiliser nos jeunes et à favoriser la récidive.

Par ailleurs, nous avons beaucoup milité pour améliorer les structures de prise en charge médicale des détenus. Des syndicats de prisons signalent que certains détenus souffrent de troubles de santé mentale sans bénéficier de prise en charge adéquate à leur sortie, ce qui augmente le risque de récidive. Les inégalités en matière d’infrastructures pour la gestion de ces pathologies contribuent à perpétuer les violences. Il est indéniable que renforcer les moyens de répression est nécessaire, mais il est tout aussi essentiel d’instaurer des mesures éducatives au sein des milieux carcéraux.

Comment envisagez-vous de soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) locales pour stimuler l’économie ultramarine ?

Je suis convaincu de la nécessité d’établir un statut spécifique pour les petites entreprises dans les Outre-mers. Il est crucial de prendre en compte leurs défis, tant sur le plan de la compétitivité que des normes et des salaires dans les pays voisins. Ces entreprises méritent une priorité législative accrue pour évoluer favorablement, ce qui nécessitera une approche inventive et adaptative. Accorder des avantages spécifiques à ces entreprises est non seulement primordial mais également juste pour dynamiser le secteur économique des PME.

Propos recueillis par Thibaut Charles

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