Une légère diminution de l’efficacité des vaccins a été constatée au fil des mois en population générale, mais la protection reste encore élevée. Pour l’heure, la préconisation d’une dose de rappel ne concerne qu’une certaine catégorie de personnes.

Pour le moment, l’injection d’une troisième dose est recommandée pour les plus de 65 ans et les personnes à risque. (Fred Tanneau/AFP)

 

Question posée le 4 octobre 2021

Selon des données israéliennes diffusées fin juillet, les personnes vaccinées l’hiver dernier étaient beaucoup plus nombreuses à développer un Covid grave que les vaccinés du printemps. Quelques commentateurs ont cru pouvoir en déduire une baisse drastique de l’efficacité vaccinale en seulement quelques mois, de plus de 90% à près de 50%. Plusieurs journaux ont rapidement alerté sur le fait que la comparaison n’avait, en réalité, pas grand sens : les primo-vaccinés comptaient parmi eux les personnes les plus à risque, soit par leur âge (l’immunité est moins vaillante chez les plus âgés), soit par leur niveau d’exposition au virus (personnel soignant notamment). La vraie question était donc : dans une même catégorie de population, vaccinée au même moment et exposée aux mêmes risques, l’efficacité vaccinale décroît-elle sensiblement au fil des mois ?

Comme nous le rappelions dans un précédent article, le suivi à long terme des participants aux essais cliniques de vaccins révèle bien un léger déclin de la protection vaccinale, avec quelques cas sévères supplémentaires d’un mois sur l’autre. Mais ce déclin est beaucoup moins prononcé que celui prétendument dépeint par les données israéliennes : pour le suivi des volontaires de l’essai Pfizer, d’une efficacité de 96% durant les deux premiers mois post-vaccination, on passait à 90 % les deux mois suivants, puis à 84% à six mois. Des données issues du terrain, au Qatar, conduisent à une estimation d’un taux d’efficacité voisin de 90 % à six mois.

Recontextualiser les nombreuses données expérimentales

Dans ces études, l’apparition des variants alpha et bêta ne semble pas avoir beaucoup bousculé la donne – avec une diminution d’efficacité plus marginale qu’escomptée initialement. Il pourrait en être autrement du variant delta. Des données britanniques parues jeudi dans Nature (prépubliées courant août) suggèrent une décrue de l’efficacité du vaccin de l’ordre de 10 à 13% pour celui de Pfizer et de 16% pour celui d’AstraZeneca (par rapport à l’efficacité contre alpha).

Ces observations de terrain sont essentielles pour recontextualiser les nombreuses données expérimentales sur l’évolution de l’immunité conférée par la vaccination. Certes, le taux d’anticorps produits en présence de l’antigène vaccinal décroît d’un facteur dix en six mois. Mais ces anticorps ne sont pas la seule arme de l’arsenal immunitaire, et des cellules qui confèrent une mémoire immunitaire (et une capacité de réaction rapide en cas de nouvelles infections) se développent chez les vaccinés.

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Au-delà de la question de l’efficacité vaccinale (qui concerne la prévention des formes sévères du Covid-19), plusieurs études ont également essayé de quantifier «en population» l’évolution de la prévention contre le risque d’infections, symptomatiques et asymptomatiques.

Un constat général est dressé : la proportion de tests PCR positifs chez les vaccinés croît au fil des mois. Mais cette croissance est-elle imputable, ou seulement imputable, à un déclin de l’immunité chez les vaccinés ?

«Des contacts sociaux plus nombreux»

Là encore, le débat semble loin d’être clos. Ainsi, les auteurs de l’étude qatarie observent une chute drastique de la protection contre l’infection, six mois après la seconde dose (qui n’avoisinerait plus que 20%), mais soulignent que l’une des causes du problème pourrait être à chercher du côté d’«une moindre adhérence aux mesures sanitaires» et «des contacts sociaux plus nombreux» chez les vaccinés. Une hypothèse également soulevée par d’autres observateurs pour expliquer l’augmentation du taux de tests positifs au Royaume-Uni chez les personnes les plus anciennement vaccinées (augmentation qui est loin d’être de même intensité que celle suggérée par les données qataries). La plus grande virulence du variant delta est également avancée comme un facteur explicatif dans une étude réalisée aux Etats-Unis.

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De fait, lorsque les anticorps circulants échouent à endiguer l’infection, l’organisme des vaccinés reste mieux armé contre le virus. Les personnes infectées en dépit d’une vaccination tendent ainsi à développer des formes plus bénignes de Covid-19 et à éliminer le virus plus rapidement, comme l’illustre une étude parue début septembre dans The Lancet.

Fin août, la Haute Autorité de santé (HAS) a préconisé une troisième dose de vaccin pour les plus de 65 ans et les personnes à risque, «après un délai d’au moins six mois suivant la primo-vaccination complète», un déclin d’efficacité étant plus marqué dans ces populations. Pour l’heure, les données disponibles ne semblent pas justifier l’extension de cette préconisation à d’autres catégories de population.

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