VIE CHÈRE & PRIX BAS… les préconisations de Michel Edouard Leclerc

« J’adore la Martinique, je suis un randonneur, je suis aussi un marin et donc je connais toutes les côtes de la Caraïbe et d’ici. J’ai beaucoup navigué, je suis un ‘caboteur’, j’ai fait de la compétition quand j’étais adolescent sur catamaran, sur Tornado, j’ai même fait partie de l’équipe de France. Ce que j’aime ici, c’est parcourir, marcher, redécouvrir, c’est un pays magnifique. J’ai beaucoup de copains qui sont à la Martinique et à la Guadeloupe, des gens de tous les jours, et aussi des écrivains, des artistes… j’adore venir les voir. Je ne viens pas que dans les magasins. » !

C’est ainsi présenté que Michel Edouard Leclerc nous parle de son entreprise, de sa vision, de la fin des tickets de caisse, de leur partenariat avec le Groupe Parfait et de ses préconisations pour lutter contre une augmentation des prix dans les grandes surfaces Leclerc à la Martinique. 

 

Comment se porte le groupe Leclerc en globalité ?

Michel Edouard LECLERC

Leclerc est la première coopérative de commerçants indépendants de France, c’est 42 milliards de chiffre d’affaire réalisé dans 600 entreprises, principalement des hypermarchés ; c’est aussi un acteur de la transformation digitale avec 12% du chiffre d’affaires réalisé à partir d’un portage Internet, à partir du drive. Nous étions des épiciers dans nos provinces, nous sommes aujourd’hui un. Groupe capable de relever le défi du grand Amazone. 130.000 personnes travaillent dans le mouvement Leclerc, 7000 emplois créés cette année, les prix bas ont encore de l’avenir !

Comment arrivez-vous et à continuer à baisser les prix ?

On n’arrive pas toujours à les baisser, quand il y a une inflation mondiale, le challenge, c’est faire en sorte que celle-ci soit moindre dans nos magasins. C’est ce que nous réussissons à faire. C’est moins visible que les baisses de prix. Cela veut dire que dans toute la chaîne de notre métier, il faut négocier, pour être moins cher il faut le vouloir. Mon parti pris, c’est d’être le moins cher possible. Pour cela, il faut en amont négocier avec les fournisseurs, toute hausse n’est pas bonne à prendre. Il faut avoir une logistique qui ne soit pas onéreuse, c’est très important de comprimer les coûts et de maîtriser tout l’acte de gestion, puis il faut prendre de petites marges. Nous jouons aussi sur les volumes, afin d’essayer d’avoir les marges les plus basses possibles.

« c’est bien de continuer à éditer des tickets de caisse pour les gens qui le veulent, et pour la garantie des consommateurs, il faut faire durer un peu l’ancien système. »

Si je vous dis : « fin des tickets de courses », êtes-vous pour ou contre ?

La loi nous oblige à arrêter les tickets de caisse papier au premier janvier 2023. Nous ne sommes pas pressés parce qu’avec ce regard d’inflation, le public, les consommateurs ont besoin de regarder, de pouvoir contrôler leurs achats, leurs prix, les hausses de prix, d’ailleurs souvent chez eux ils en discutent, ils font des arbitrages familiaux ; donc je pense que c’est bien de continuer à éditer des tickets de caisse pour les gens qui le veulent, et pour la garantie des consommateurs il faut faire durer un peu l’ancien système.

Globalement, quel a été le bilan de ces trois dernières années et quelles sont vos perspectives pour les années à venir ?

Il y a 3 ans, le groupe Parfait est passé sous l’enseigne Leclerc. Ils sont passés du système U à Leclerc. C’était un peu compliqué, d’abord parce que Système U n’est pas organisé comme Leclerc, il y avait une phase « d’apprentissage », puis est arrivée une série de confinements, de grèves, la guerre en Ukraine, de problèmes de logistique dans le port du Havre… ici, en plus, des mouvements sociaux. Nous n’avons pas pu exprimer complètement la promesse Leclerc.

Le bilan que je tire de ces deux années et demie, c’est que le groupe Parfait a quand même tenu son rang avec des collaborateurs superbes qui ont fait le travail, il n’y a pas eu de cluster, il n’y a pas eu de drame sanitaire à ma connaissance dans les centres Leclerc. Ce groupe s’est développé, a étendu ses gammes et aujourd’hui est vraiment moins cher que ses concurrents en moyenne, et mérite l’enseigne Leclercje ne le dis pas publiquement parce que je ne peux pas sortir des papiers probants, mais nous avons fait tous les relevés de tri, à la fois discrètement et ouvertement. J’irai dans les magasins voir les collaborateurs, les féliciter, les remercier. J’aime bien les gens, j’aime aller les voir sur le terrain.

«… Sur les Dom-Tom, c’est très compliqué parce qu’il y a un système fiscal d’octroi de mer, il y a un système de prélèvement de TVA, il y a aussi un système d’affrètement qui n’est pas très concurrentiel, qui est très onéreux notamment sur les produits de première nécessité. »

Pendant ma venue, nous avons aussi des réunions stratégiques ce matin (lundi 30 mai), j’ai rencontré les autorités publiques sur ce qu’on pourrait faire dans cette période d’inflation qui arrive. Je vois assez souvent Bruno Lemaire. On a la chance d’avoir un ministre qui a été reconduit, il sait travailler avec l’ensemble de la distribution et par rapport aux mesures que chacun doit prendre, Leclerc va faire sa part pour lutter contre l’inflation, mais je vois bien que sur les Dom-Tom, c’est très compliqué parce qu’il y a un système fiscal d’octroi de mer, il y a un système de prélèvement de TVA, il y a aussi un système d’affrètement qui n’est pas très concurrentiel, qui est très onéreux notamment sur les produits de première nécessité. Le prix d’un container chargé de riz ou de pommes de terre coûte extrêmement cher, pour l’eau. N’en parlons même pas avec un prix multiplié par 4 à son arrivée à la Martinique !

Puisque nous allons faire des efforts, j’ai sollicité les pouvoirs publics pour qu’on mette les transporteurs sur une table de discussion, qu’on revoit l’octroi de mer sur les produits de première nécessité. Tous ces sujets sont pendants depuis des années ici, je pense que l’arrivée d’une inflation très forte, peut-être même à deux chiffres dans les mois qui viennent va faire que la ‘nécessité’ va mobiliser un maximum d’acteurs économiques, d’acteurs politiques locaux sur ces sujets.

En tout cas les martiniquais le méritent.

Propos recueillis par Philippe Pied.

 

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