.Le projet de budget 2026 arrive dans un climat tendu : l’État, accablé par une dette publique de 113 % du PIB et un déficit de 5,8 %, exige 43,8 milliards d’euros d’économies, dont 5,3 milliards prélevés sur les collectivités locales. En Martinique, l’équation est implacable : une collectivité unique, déjà fragilisée par une démographie en recul et une économie dépendante des importations, doit financer à la fois l’urgence sociale – 27 % de la population vit sous le seuil de pauvreté – et les investissements vitaux en eau, énergie, transition écologique ou infrastructures scolaires. Trop souvent, elle compense en outre les carences de l’État en cofinançant hôpitaux et université.
En appliquant une règle uniforme de réduction des dépenses, Bercy nie les réalités ultramarines : surcoûts structurels, faible base fiscale, dépendance aux transferts. Cette logique mécanique transforme l’investissement en variable d’ajustement et condamne les territoires à rogner sur leur avenir.
La confiance ne se décrète pas, elle se construit. Elle exige un diagnostic indépendant des finances locales, une contractualisation différenciée adaptée aux réalités ultramarines et la sanctuarisation de l’investissement vert et social. La Martinique ne demande pas des faveurs mais la reconnaissance de sa réalité. L’État doit cesser de traiter les Outre-mer comme une variable budgétaire et ouvrir la voie à un pacte loyal et durable. Faute de quoi, le fossé déjà béant entre principes républicains et vécu ultramarin ne fera que s’élargir.
Jean-Paul Blois