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    Le Regard de Gdc

    L’héritage de l’esclavage : mémoire blessée et voies d’émancipation. Le Regard de Gdc

    novembre 23, 2025Aucun commentaire
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    Alors que s’achève le procès des onze personnes accusées d’avoir détruit les statues de Victor Schœlcher et de Joséphine de Beauharnais en Martinique, la question de la mémoire de l’esclavage ressurgit avec force. Entre blessures intimes, silences familiaux, transmissions heurtées et initiatives de réconciliation, la société martiniquaise cherche encore à transformer cet héritage douloureux en récit partagé.

    Une mémoire encore vive

    Dans les sociétés antillaises, la mémoire de l’esclavage reste un terrain fragile, rongé par les silences familiaux, par les non-dits institutionnels et par une difficulté persistante à inscrire cet héritage dans un récit commun.

    La chercheuse Myriam Cottias rappelle que « la servitude n’appartient pas encore à la mémoire collective française », soulignant l’absence de reconnaissance nationale structurée. Cette invisibilisation historique nourrit un sentiment de flottement identitaire qui se transmet parfois inconsciemment par le biais de récits tourmentés.

    La sociologue Christine Chivallon, qui a analysé les sociétés post-esclavagistes depuis plus de vingt ans, estime que l’esclavage crée une « mémoire impossible », difficile à stabiliser, car fondée sur des absences : absence de noms, de dates, de lieux, mais aussi absence de récit transmis. L’histoire, à défaut d’être racontée, s’inscrit alors dans les corps et dans les émotions : honte, colère, repli, hypersensibilité à l’injustice.

    Ces manifestations sont le signe d’un passé non apaisé.

    Le rôle essentiel du CM98

    Le CM98, sous la direction d’Emmanuel Gordien qui a succédé à Serge Romana mène depuis plus de vingt ans un travail patient de réparation symbolique.

    Grâce au dépouillement systématique des registres d’état civil, l’association a permis à des milliers de familles antillaises de reconstituer leur généalogie, retrouvant les noms, les prénoms et parfois les fragments d’existence de leurs ancêtres esclavisés.

    Cette démarche a une force identitaire immense : elle redonne aux vivants un point d’appui, un socle, une continuité. Gordien rappelait : « Nous avons été  40 000 à défiler silencieusement… pour penser à nos parents qui ont vécu le martyre de la traite et de l’esclavage colonial. »

    En réinscrivant les ancêtres dans une histoire lisible, en sortant de l’ombre ces vies brisées mais réelles, le CM98 contribue à reconstruire chez les descendants une identité digne, structurée, habitée.

    Le travail opiniâtre de Tous Créoles !

    De son côté, l’association Tous Créoles ! porte depuis des années un projet ambitieux : rapprocher les mémoires, favoriser la compréhension mutuelle et sortir des enfermements identitaires.

    Conférences publiques, tables rondes historiques, travaux d’écriture, rencontres citoyennes : l’association multiplie les espaces de parole et de réflexion, refusant les récits simplistes et les oppositions stériles.

    Ce travail constant s’effectue souvent dans un climat tendu. Certains critiques n’hésitent pas à caricaturer ou à dénigrer la démarche, parfois avec une violence symbolique qui confine à l’humiliation.

    Pourtant, l’association poursuit son œuvre : promouvoir un vivre-ensemble fondé sur la connaissance, la reconnaissance et l’empathie. Sa ligne est claire : la réconciliation mémorielle ne se décrète pas, elle se construit patiemment, par la parole, par le dialogue et par le lien. Ayant intégré qu’une telle blessure prendrait du temps pour cicatriser…

    Quand l’histoire devient blessure intime

    Une part importante des difficultés identitaires rencontrées dans les sociétés post-esclavagistes provient d’un mécanisme psychique bien documenté : lorsque l’histoire familiale est marquée par une violence extrême, mais qu’elle n’est pas reconnue publiquement, elle se transmet comme une blessure silencieuse.

    Les descendants ne reçoivent pas le traumatisme lui-même, mais le vide autour du traumatisme : le silence, la honte, la difficulté à comprendre d’où l’on vient.

    Cette blessure mémorielle n’empêche pas de vivre, mais elle façonne subtilement les trajectoires. Elle peut produire un sentiment diffus d’illégitimité, un doute sur sa place dans la société, un rapport conflictuel à l’autorité ou aux institutions.

    Le procès des statues abattues cristallise en partie ces tensions : il rappelle que l’histoire n’est pas seulement un objet d’étude, mais une matière incandescente qui continue d’imprégner les gestes, les colères, les revendications.

    Un tournant national : le mémorial du Trocadéro

    La création du Mémorial national de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions — en cours d’édification au Trocadéro — constitue une avancée majeure. Pour la première fois, un espace central de Paris sera dédié à cette histoire.

    Sa portée symbolique est immense : inscrire l’esclavage au cœur du paysage national, c’est reconnaître que cette histoire n’est pas périphérique, mais constitutive.

    Ce lieu offrira un espace pour comprendre, pour transmettre, pour expliquer. Il permettra de sortir d’une mémoire fragmentée et d’aller vers une compréhension partagée, ouverte, accessible à tous.

    Repenser l’identité : pistes pour l’individuel et le collectif

    Sur le plan individuel, plusieurs démarches permettent de réinvestir positivement cet héritage : la généalogie, les thérapies narratives, l’écriture personnelle, ou encore l’approche relationnelle d’Édouard Glissant.

    Ces méthodes visent à transformer la blessure en récit, puis le récit en force.

    Sur le plan collectif, l’enseignement de l’histoire, la mise en valeur des archives, la restauration des lieux de mémoire, la reconnaissance des figures de résistance — Solitude, Ignace, Delgrès, Lumina Sophie — participent à inscrire la société dans une continuité moins douloureuse et plus fière.

    Le chemin vers une mémoire apaisée est long, mais les leviers existent. Ils supposent persévérance, ouverture et un refus catégorique des simplifications qui figent l’identité plutôt qu’elles ne la libèrent.

    Ainsi l’héritage de l’esclavage n’a pas à demeurer une charge. Reconnu, expliqué, transmis avec justesse, il devient une ressource individuelle et collective.

    Le procès qui s’est déroulé en Martinique, les travaux du CM98, l’engagement opiniâtre de Tous Créoles ! et la création du mémorial du Trocadéro pourrait ouvrir  une perspective nouvelle : celle d’une mémoire qui ne divise pas, mais qui unit.

    D’une identité qui ne souffre pas du passé, mais qui s’en nourrit pour mieux avancer.

    Gérard Dorwling-Carter

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