Depuis ce matin et jusqu’à jeudi, une partie du sud de la Martinique est le théâtre de l’exercice militaire Madiana 2025. 300 « marsouins » du 33e Rima sont mobilisés à l’occasion de cette manœuvre grandeur nature.
Lundi. 10 du matin. La quiétude du bourg du Marin se mêle au flot de touristes et de locaux qui traversent les rues à plus ou moins grandes enjambées. Soudain, à quelques rues de la très fréquentée marina du Marin, des coups de feu résonnent. Les douilles par centaine sont éjectées des fusils d’assaut. C’est l’affrontement. Deux groupes d’hommes se tirent dessus dans les rues du bourg du Marin en plein jour sous les yeux curieux des passants. Des passants peu inquiets car il s’agit en fait d’un exercice du 33e Régiment d’infanterie de marine. En effet, attiré et interpellé par le bruit des fusils, un attroupement de lycéens se crée. Les jeunes amusés, téléphones à la main, suivent la suite de l’assaut dans les ruelles de la commune.

Quelque 300 militaires et une soixantaine de véhicules sont déployés au Marin, au Vauclin et à Rivière-Pilote durant les quatre jours de l’opération Madiana 2025 à compter de ce lundi. L’exercice annuel qui s’était déroulé à Saint-Pierre en 2024, a pris le sud de la Martinique comme théâtre de guerre. Le scénario : reprendre le contrôle du sud de l’île tombé aux mains de gangs armés et protéger la population civile. « C’est une opportunité pour le régiment pour être prêts sur un très court préavis sous les ordres de l’amiral commandant les forces armées aux Antilles », explique le colonel De Kersabiec. Cet exercice militaire se prépare depuis trois mois en coordination avec les autorités locales.
300 militaires mobilisés pendant quatre jours
« Les habitants ont été tenus au courant que nous allons manœuvrer sur le terrain au milieu de la population, au milieu des habitations pour être en mesure de remplir les objectifs tactiques que nous nous sommes fixés. » Les Marinois, les Vauclinois et les Pilotins ont été prévenus des manœuvres assure le colonel. « La population ne doit pas être inquiète quant à notre présence. Je rappelle que les militaires français sont, avant tout, là pour protéger et défendre les intérêts de la France et des Français et ici des Antillais et des Antillaises. » L’objectif est de connaître le territoire dans lequel les militaires sont amenés à se mouvoir. « Les soldats sont déployés sur le terrain pour une mission de deux à trois ans. Il est important alors de bien connaître le territoire sur lequel ils sont projetés. C’est une façon pour les soldats de mieux connaître les spécificités de la Martinique, les différences entre la région nord et la région sud, le style de vie, le type de chemin, de route empruntée. »

Le rôle de l’armée ne restreint pas à une fonction belliciste. « On pourrait être projeté dans le cadre d’une catastrophe naturelle. Ce type d’opération permet de mieux connaître notre terrain. On a l’habitude de dire chez les militaires que c’est le terrain qui commande alors à nous de profiter de notre présence ici pour mieux connaître le terrain sur lequel nous sommes implantés. »
Le 33e Régiment d’infanterie de marine est la composante terrestre des Forces armées aux Antilles. « Nous avons profité des moyens maritimes : le Dumont d’Urville, le bâtiment d’assistance et de soutien outre mer. Nous avons pu profiter également d’un hélicoptère et d’un avion des Forces armées en Guyane. Cela pour projeter la force et pour entrer en premier sur un territoire où la population mérite d’être sécurisée. »
Laurianne Nomel



