Au moment où la Martinique s’interroge sur son avenir économique, une évidence s’impose : aucun projet de transformation ne pourra réussir sans un effort massif d’explication, de pédagogie et de transparence. Sortir de la dépendance, recentrer l’action publique et construire un autre modèle économique exigent un récit partagé et une adhésion populaire forte.
Un projet de développement qui doit être compris
La transition économique du territoire ne peut se limiter à un empilement de projets ou d’infrastructures. Elle exige une vision d’ensemble, intelligible pour la population, reliant formation, innovation, logistique, agriculture et économie numérique. Pour être acceptée, cette stratégie doit être exposée, discutée et appropriée collectivement.
Les efforts nécessaires pour sortir d’un modèle d’assistanat doivent eux aussi être expliqués avec clarté, afin d’être compris et, à terme, acceptés.
Une campagne d’explication intense et loyale
L’enjeu central réside dans la capacité des institutions à engager une véritable campagne d’explication, continue et transparente. Il s’agit de présenter non seulement les objectifs, mais aussi les contraintes, les choix budgétaires et la nécessité d’une réorientation stratégique des dépenses publiques. Cette pédagogie doit être loyale : elle doit reconnaître les limites du modèle actuel et les raisons qui rendent indispensable sa transformation.
Réduire la dépendance pour bâtir un modèle endogène
L’autonomie économique ne peut se construire sans un effort de rationalisation budgétaire. Une partie des ressources publiques entretient aujourd’hui une dépendance structurelle, réduisant la capacité de la Martinique à investir dans les secteurs réellement productifs. Expliquer ce mécanisme est essentiel :
réduire certaines dépenses — notamment celles de prestige ou celles relevant normalement des attributions de l’État — n’est pas affaiblir l’action publique, mais la renforcer là où elle crée de la valeur.
L’objectif est de financer la montée en puissance d’un système économique propre au territoire :
des filières locales consolidées, une meilleure intégration caribéenne, un développement de l’agro‑transformation, des capacités logistiques modernisées et une université moteur d’innovation.
Retisser la confiance : une condition politique
La réussite de cette stratégie repose sur un enjeu souvent sous-estimé : la reconstruction de la confiance entre institutions et citoyens. La Martinique ne manque ni d’études ni d’experts ; elle manque d’un cadre démocratique solide où la parole publique est crédible, explicative et cohérente. Une communication transparente, accompagnée de résultats tangibles, est indispensable pour mobiliser la population autour d’un projet de long terme.
Un horizon : une Martinique créatrice de valeur
Si ce travail de pédagogie et de clarification institutionnelle est mené, la Martinique pourra engager une transformation profonde : un modèle économique moins dépendant, plus productif, fondé sur les talents locaux et capable d’assumer une place nouvelle dans la Grande Caraïbe.
L’ambition n’est pas seulement économique ; elle est aussi politique, sociale et culturelle. Elle repose sur la conviction que la création de valeur est d’abord une dynamique collective.
Si les acteurs ne s’engagent pas, la société civile devra prendre le relais
Enfin, si les équipes actuellement en responsabilité — pour des raisons structurelles, politiques ou organisationnelles — ne souhaitent pas, ou ne parviennent pas, à engager ce processus de transformation, il revient alors aux forces vives du territoire, et notamment à la jeunesse, de s’organiser pour porter ce changement indispensable.



