Le licenciement annoncé ou programmé de Mme Fanon par Mme Josette Manin, nouvelle présidente du CG de Martinique (majorité PPM/Bâtir), suscite, une fois de plus, une vigoureuse critique. Cette fois-ci il s’agit de celle de Max Rustal et Max Dorléans – membres du GRS – qui y voient un coup tordu qui cache mal “une sanction clairement politique”. Pour les deux signataires, il ne semble pas faire de doute que Mme Manin vient de montrer là son absence d’indépendance par rapport au PPM, dont tout le monde connaît l’aversion profonde à l’égard de Claude Lise… Pour les deux commentateurs, “cette sanction appliquée avec une hâte plus que suspecte – à l’opposé du discours tenu quelque temps après son élection par Mme MANIN elle-même concernant précisément la directrice, Mme F. Fanon-Alexandre –nous renvoie aux périodes les plus sombres du déni de démocratie de la première moitié du 20ème siècle qu’on avait peut être rangé à tort aux oubliettes…“…
La tribune de Max Rustal et Max Dorléans
Le politique ne doit pas être le juge !
Comme premier geste fort d’une présidence jusqu’ici plutôt discrète, on ne peut pas dire que Madame Josette MANIN ait fait preuve en tant qu’élue de la circonspection et de la mesure qu’on serait en droit d’attendre en général d’un haut responsable politique, surtout s’agissant des rapports entre élu(e) et personnel administratif, ce dernier ne devant pas être confondu avec l’Administration.
En l’occurrence, s’empresser de prendre à l’ égard de la Directrice des services du Département, la sanction la plus lourde pour un(e) salarié(e)–le licenciement pur et simple – alors même qu’avec l’appel interjeté par celle-ci, le contentieux l’opposant à la cour régionale des comptes est aujourd’hui devant le conseil d’Etat, c’est se travestir en juge d’application des peines, alors même que ce douteux mélange des genres rappelle des épisodes et des agissements que l’on aurait volontiers abandonnés à l’ennemi de classe. Il va en effet de soi que cette distinction devrait être opérée par tout élu épris d’une claire éthique politique puisqu’en agissant de la sorte, non seulement la présidente du conseil général n’est pas plus dans son rôle que dans son droit, mais surtout elle cache mal une sanction clairement politique. Sa décision tout à fait symbolique en dit aussi long sur l’indépendance proclamée de Mme MANIN de « Bâtir le pays Martinique » par rapport à un Parti Progressiste Martiniquais (PPM) qui, lui-même, s’est bien gardé, au moins publiquement, de s’immiscer dans tout ce qui pourrait ressembler à une méprisable chasse aux sorcières.
Sauf à penser que concernant le cas de la directrice, il s’agirait d’un règlement de comptes, dont elle ferait les frais dans la lutte fratricide entre PPM et sa scission RDM on est légitimement en droit de craindre pour les rapports entre nouvelle majorité élue et personnel administratif. Et sans forcer le trait, cette sanction appliquée avec une hâte plus que suspecte – à l’opposé du discours tenu quelque temps après son élection par Mme MANIN elle-même concernant précisément la directrice, Mme F. Fanon-Alexandre –nous renvoie aux périodes les plus sombres du déni de démocratie de la première moitié du 20ème siècle qu’on avait peut être rangé à tort aux oubliettes, avec les progrès du droit du travail et un relatif assainissement des mœurs politiques. Hélas, Il est navrant de constater que ces mauvaises manières sont bien en phase avec les procédés ayant cours en Sarkosie, même au plus haut niveau.
Aujourd’hui, avec la crise mondiale du capitalisme et la volonté du capital de tout régenter, la période ainsi que l’ensemble des rapports humains que nous vivons tendent à n’être que violences. Les licenciements massifs et cyniques auxquels on assiste dans cette période en sont l’une des formes les plus fracassantes pour la vie personnelle des victimes. Mais quand, en faisant fi du principe élémentaire de la présomption d’innocence, on y ajoute avec force publicité le motif de la faute professionnelle, il y a circonstance aggravante, volonté de nuire et atteinte sans raison avérée à l’honorabilité.
C’est de façon générale que nous combattons les licenciements au profit des seuls exploiteurs capitalistes et de leurs larbins, mais malheureusement, force est de constater que, pour servir des intérêts non moins égoïstes, une autre espèces de licencieurs se manifeste : celle des dépositaires d’une autorité confiée par le peuple, et qui s’en servent pour se livrer à des excès de pouvoir dans le cadre d’une logique partisane, sans rapport avec l’intérêt général. Sourds aux droits de la défense, et laxistes par rapport à la démocratie, ces apparatchiks doivent être sans délais remis dans le droit chemin !
FDF le 18/07/2011
Max DORLEANS
Max RUSTAL